Le Sens de la Fête

Verdict: Excellent

par: Emmanuel Galais

Max est traiteur depuis trente ans. Des fêtes il en a organisé des centaines, il est même un peu au bout du parcours. Aujourd'hui c'est un sublime mariage dans un château du 17ème siècle, un de plus, celui de Pierre et Héléna. Comme d'habitude, Max a tout coordonné : il a recruté sa brigade de serveurs, de cuisiniers, de plongeurs, il a conseillé un photographe, réservé l'orchestre, arrangé la décoration florale, bref tous les ingrédients sont réunis pour que cette fête soit réussie... Mais la loi des séries va venir bouleverser un planning sur le fil où chaque moment de bonheur et d'émotion risque de se transformer en désastre ou en chaos. Des préparatifs jusqu'à l'aube, nous allons vivre les coulisses de cette soirée à travers le regard de ceux qui travaillent et qui devront compter sur leur unique qualité commune : Le sens de la fête.

Le duo Nakache/Toledano devenu en quelques films les rois du box-office français, et particulièrement de la comédie, revient à leurs premiers amours : La comédie Chorale, comme « Nos Jours Heureux », avec l'histoire d'un chef d'entreprise spécialisé dans l'organisation de fêtes qui se retrouve face a un mariage dont chaque étape va devenir quasiment un enfer pour ce roi de l'organisation. Avec un style inimitable, et notamment une capacité à écrire un scénario toujours aussi bien ciselé qui tient compte de chaque élément, qui fait la qualité d'un film chorale, le duo parvient à nous entraîner dans une histoire dont chaque étape fait monter la pression de la même manière que celle subit par le héros tout au long de sa journée.

Comme à chaque fois, le duo travail d'abord ses personnages avant de les intégrer dans une histoire finalement assez simple, celle de l'organisation d'un mariage qui vire au cauchemar à cause d'un  marié un peu trop exigeant, de plusieurs extras un peu trop « bras cassés », et des égos de certains de ses collaborateurs qui ont tendance à mettre le feu dès lors qu'il se rencontre. Pour « Le Sens de la Fête », le duo s'éloigne des histoires plus sociétales ou politiques qui firent leurs succès : « Intouchable » et « Samba », pour revenir à de la comédie plus classique avec une flopée de personnages à la fois tendre et en même temps décalés, pour créer un grand n'importe quoi autour d'un personnage central dont le rôle semble avoir été écrit pour son acteur principal.

Car effectivement, comme ils l’ont fait dans le précédent film, Oliver Nakache et Eric Tolédano semblent avoir toujours cette envie de travailler avec un acteur particulièrement et de faire tourner autour de lui d'autres acteurs tout aussi attachant que ce soient des nouvelles têtes,  ou d’autres plus confirmées. Ici c'est Jean-Pierre Bacri (Le Goût des Autres), qui joue le maître de cérémonie, il s'oppose ou s'accommode des frasques de différents acteurs venus d’horizons bien différents dans lesquelles on peut croiser Gilles Lellouche (Rock’n Roll), William Lebghil (Les nouvelles aventures d’Aladin), Kevin Azais (Les Combattants) ou encore , et bien sûr Vincent Macaigne (Des nouvelles de la planète Mars), Eye Haidara (La Taularde) et Benjamin Lavernhe (Radiostars)  et comme pour rappeler le premier film qui les a rendu célèbres dans le monde de la comédie : Jean-Paul Rouve (Dalida) qui était déjà au générique de « Nos Jours Heureux ».

Côté mise en scène, les réalisateurs s'amusent toujours autant à virevolter d'une pièce à l'autre et d'un coin du Parc à un autre pour mieux suivre leurs personnages et ainsi mettre le spectateur au cœur de l'action du film. Un choix payant puisque le public sent lui-même la pression monter à mesure que le film progresse et que le mariage approche. Comme à leur habitude, Nakache Et Tolédano aiment leurs personnages, y compris les secondaires et chacun trouve sa place dans une intrigue parfaitement maîtrisée qui offre de grands moments de rires et de comédies.

En conclusion « Le Sens de la Fête » signe le retour à la comédie chorale du couple Toledano Nakache. Si le scénario ne peut empêcher une petite longueur dans le milieu du film, il n'en demeure pas moins une belle réussite. Jean Pierre Bacri est truculent et sait toujours avec autant d'aisance passer de l'humour à l'émotion. Le film tient également par des dialogues parfaitement ciselés et une mise en scène qui sait mettre en lumière chacun des personnages, même Le plus secondaire.