La Planète des Singes : Suprématie
War for The Planet of the Apes
Sortie:
02/08/2017
Pays:
USA
Genre:
Durée:
140 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

La Planète des Singes : Suprématie

Verdict: Moyen

par: Emmanuel Galais

Dans ce volet final de la trilogie, César, à la tête des Singes, doit défendre les siens contre une armée humaine prônant leur destruction. L’issue du combat déterminera non seulement le destin de chaque espèce, mais aussi l’avenir de la planète.

Le problème des trilogies créées pour se raccorder à une autre emblématique, c’est que souvent le travail s’en retrouve bâclé ! Car si les auteurs ont une idée bien définie de la fin, il est souvent plus difficile d’y arriver, particulièrement sur trois films. Ce fut le cas avec la plus ou moins désastreuse trilogie préquel de « Star Wars », où George Lucas s’est pris les pieds dans le tapis avec une histoire à l’introduction ratée (Episode 1) et une conclusion sans contenance (Episode 3) en oubliant au passage la cohérence visuelle et artistique nécessaire pour se raccrocher à l’épisode 4. Même chose pour Peter Jackson, qui a voulu faire du « Hobbit », un point de liaison avec la trilogie du « Seigneur des anneaux », mais qui a eu les yeux plus gros que le ventre en décidant d’adapter le livre, qui fait la moitié d’un seul des trois autres, en trois films. Résultat : un « Hobbit : La bataille des cinq armées » inutile et trop étiré sur la longueur. 

Et bien avec « La planète des Singes : Suprématie », c’est la même chose ! Initiée en 2011, cette trilogie raconte comment la planète est devenue : « La Planète des singes ». Et si les deux premiers volumes laissaient espérer une trilogie bien pensée et dont le final serait à la hauteur de l’attente suscitée par une histoire qui peut être lue en filigrane comme une alerte aux ravages de l’homme sur les espèces animales et végétales de notre planète (C’est d’ailleurs, le sujet principal du roman de Pierre Boule qui reste la pierre angulaire de l’ensemble), ce troisième volume se révèle bien décevant et particulièrement déroutant par un trop plein de mise en scène étirée en longueur et une excessive mauvaise idée : Le parallèle avec L’Exode dans l’ancien testament. 

Dans son scénario, le scénariste Mark Bomback qui avait déjà signé le précédent Opus, se laisse aller à une intrigue qui suit presque dans chacune des étapes, celle de Moise et particulièrement l’Exode avec ce peuple réduit en esclavage, qui ne veut que vivre sur ses terres, cette demande de son leader de ne pas faire la guerre mais de rester dans la forêt voisine sans aucune interaction avec les humains pour que les deux espèces vivent en harmonie et puis bien sûr la lutte sanguinaire obligatoire qui résulte de l’obstination des hommes. Tout cela aurait pu être une bonne idée, mais voilà, le scénario ne va pas assez loin ou, au contraire, se perd dans les méandres d’une histoire qui a bien du mal à se raccorder à celle de Pierre Boule, sachant que ce dernier était plus inquiet de l’usage de la bombe nucléaire que de la cohabitation des espèces. Du coup, le scénario se limite maladroitement à enfiler les clichés, mais oublie le principal, se raccorder à l’œuvre originale, pour qu’elle soit cohérente avec de Franklin J. Schaffner de 1968, dont il reprend des personnages clés comme Cornelius, par exemple.

Et côté mise en scène, on n’obtiendra pas mieux, on retrouve évidemment, des références à « Apocalypse Now », que ce soit dans l’environnement dans lequel évoluent les personnages mais également dans le personnage du colonel qui n’est pas sans rappeler le colonel Kurz du film de Coppola. Le véritable problème de la réalisation de Matt Reeves, qui avait déjà signé le précédent, c’est qu’il étire sur la longueur des scènes dont on aimerait qu’elles prennent fin rapidement. Pour garder tout de même un peu de surprise je ne détaillerais pas ces scènes étirées mais le réalisateur appuie de manière pesante sur la dualité des sentiments qui font le singularité de César, une dualité intérieure pour ne pas ressembler à son ennemi précédent Koba, rongé par la haine, et pour garder une part d’humanité face à des hommes qui en manque cruellement. Mais le résultat est pesant et le spectateur se demande en permanence s’il ne s’est pas fait flouée.

On finira par la distribution complètement absente, à commencer par Woody Harrelson (True Detective) que l’on a vu en meilleur forme et qui se laisse enfermer par son inspiration du personnage de Kurz qui en font une mauvaise caricature et face à un Andy Serkis qui ne sait plus comment donner plus d’humanité à son personnage surjoue en permanence.  Et c’est effectivement tout le drame de ce troisième volume attendu que de trop vouloir en faire et de ne pas assez se donner les moyens ou tout du moins de manquer à ce point d’originalité pour en sortir un film sans âmes ni singularité. Même la démarche des singes perd en précision par rapport aux précédents.