Dunkerque
Dunkirk
Sortie:
19/07/2017
Pays:
USA
Genre:
Durée:
107 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Dunkerque

Verdict: Chef D’oeuvre

par: Emmanuel Galais

Le récit de la fameuse évacuation des troupes alliées de Dunkerque en mai 1940.

Après avoir relancé la licence « Batman », en lui insufflant une noirceur et une compréhension des méchants jamais égalée jusqu'ici, puis après avoir laissé cette licence aux mains désastreuses de Zack Snyder (Batman Vs Superman),  et puis après avoir exploré les méandres des rêves des hommes dans « Inception », Christopher Nolan s’attaque à un épisode de la seconde guerre mondiale, rarement traité au cinéma sinon dans « Week-End à Zuydcoote » d’Henry Verneuil par exemple, et pas des moindres puisqu'il s'agit de l'évacuation de centaines de milliers de soldats anglais sur les plages de Dunkerque dans le nord de la France. Ces mêmes soldats, qui furent acculés par les Allemands sur ses plages pilonnées par l’aviation et l’infanterie Allemande, et dont l'évacuation devint un objectif prioritaire dont le résultat fut au-delà des attentes de Churchill. 

Comme le fit Steven Spielberg avec « Il faut sauver le soldat Ryan », le réalisateur s'intéresse principalement à mettre en scène toute l'horreur, toute la tension mais surtout ce piège terrible qui se referme à mesure que les Allemands amplifient leurs bombardements autour de ces jeunes soldats à la fois terrifiés, perdus et en même temps habités par l'espoir de pouvoir rejoindre l'Angleterre. Un instinct de survie mise en valeur par un choix narratif minimaliste qui met un point d’honneur à ne pas alourdir le propos de dialogues trop sirupeux. 

Christopher Nolan, est un réalisateur reconnu pour son style visuel, mais également pour sa capacité à adopter des points de vue différents d’une narration conventionnelle. Comme les plus grands réalisateurs, Nolan cherche avant tout l'esthétique visuel au service de la narration. Il ne cherche pas à en mettre plein les yeux, il cherche avant tout à donner corps à son histoire pour toucher le spectateur et l'amener à être également acteur de la tragédie qui se joue devant lui. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est une réussite totale. La mise en scène est d'une beauté stupéfiante, les scènes aériennes sous vertigineuses, et la manière dont le réalisateur capte l'attention et la frayeur qui transpire de chacun de ses soldats pris au piège des embarcations censées être Des portes pour une libération est absolument ahurissante comme ce bateau militaire qui chavire et dont l’angle de caméra est tel que le spectateur se noie en même temps que les soldats.

Ce qui est le plus impressionnant dans « Dunkerque » c'est avant tout cette mise en scène qui parvient à unir les prestations de chacun des acteurs pour ne retenir qu'une seule chose : L'histoire. On ne retient pas particulièrement la prestation de Tom Hardy (Legend), même si cette dernière est particulièrement remarquable dans un minimalisme évident mais impressionnant, on ne souligne pas plus la prestation de Fyonn Whitehead ou de Harry Styles même si les deux jeunes acteurs sont à la fois touchants et d’une précision stupéfiante pour leurs débuts surtout en ce qui concerne le chanteur ! Des prestations remarquables et saisissantes de vérité, ni celle de Kenneth Branagh (Harry Potter et la chambre des secrets) qui impose toujours son style shakespearien même dans un rôle un peu statique. Non on se surprend à apprécier un tout ! Chacun des comédiens, participe à une histoire donc le personnage principal est cette plage, ces embarcations, ses avions, ces combats dans le ciel et surtout cette opération de sauvetage de très grande envergure dans laquelle la population anglaise est venue prêté main forte pour ramener ses petits au pays. Un sauvetage au goût amer pour ces soldats humilié de devoir fuir, honteux de rentrer dans leur pays sans pouvoir crier victoire alors qu’ils sont tellement porteurs d’espoirs. En ne montrant jamais l’ennemi, le réalisateur impose le point de vue des soldats et donne à son œuvre une dimension particulière qui fait dresser le poil sur les bras.

Pour conclure « Dunkerque » de Christopher Nolan est un film puissant, la narration impressionnante, dont chaque élément est une pièce d'un puzzle qui se conclut sur une œuvre manichéenne de très grand niveau, qui marquera certainement l'esprit du spectateur comme le fit Steven Spielberg avec « Il faut sauver le soldat Ryan » à son époque. Rarement un réalisateur aura réussi à capter avec autant de précision et autant d'intuition, toutes les horreurs de ce sauvetage de grande envergure, que fut Dunkerque.