Wind River, le polar glacial autant surprenant qu’inattendu…
L’histoire
Près de la réserve indienne de Wind
River, une jeune femme est retrouvée morte. Une enquêtrice du FBI est envoyée
pour mener l’enquête…
La critique
FBI… So what… ?
Les films se déroulant dans la neige sont finalement assez rares pour être
relevés…
Fargo il y a bien longtemps,
ou l’excellent et méconnu
Frozen de
Adam Green. Et autrement… rien, nada... Le calme blanc. La thématique de la neige est complexe.
Délicate, mortelle, glaciale, rêveuse… On y est peu souvent confronté car l’espèce
de néant, d’infini en rapport avec la neige a quelque chose d’angoissant. D’égarant.
Bien plus que simplement contemplative, la neige apporte un sentiment de
déperdition étrange, comme une noyade solitaire dans un désert glacial. C’est
justement la force du thriller de Taylor Sheridan. Son personnage principal n’est
pas Cory le chasseur ou Jane la jeune enquêtrice du FBI. Non : c’est la
neige et son infinie solitude.
Meurtre en neige trouble…
Lorsque la belle Natalie est assassinée, Cory Lambert se voit
replongé dans son passé et décide de prêter main forte à Jane Banner, jolie
blonde fraîchement débarquée du FBI (parfaite Elizabeth Olsen). Jeremy Renner
excelle en sobriété dans un rôle surprenant. Tour à tour chasseur, guide, cow
boy, vengeur... Il cherche le meurtrier de Natalie, retrouvée morte près de la
réserve indienne de Wind River. Si Jane a tout d’un rookie, la jeune femme se
révèle tenace, ne se débrouille pas si mal et en quelques minutes, affirme sa
présence dans un milieu très masculin. Taylor Sheridan évite alors l’écueil
grand comme un fossé de limiter
Wind
River à une simple confrontation de cultures basiques : flic des villes/flic
des montagnes, blancs/indiens… Non, il évite même de nous embarquer dans un
thriller banal et classique, car
Wind River
est bien plus qu’un polar ou qu’un énième film de confrontation des cultures.
Le réalisateur de
Sicario assome
littéralement le spectateur de neige. De la neige dans la montage, de la neige
dans le sol, de la neige à perte de vue, à l’infini… Jusqu’à en devenir
étouffante d’une manière terrifiante. Et au point de rendre l’intrigue presque
secondaire.
Lonesome River…
Qu’est ce qui peut décider ces hommes et ces femmes à s’enfermer dans de tels
endroits… ? Dans de tels enfers de solitude et de froid… ? Bien sûr,
la majorité des personnages du film
semble faire avec, vivre avec. L’absence d’espoir de ces Indiens confinés
dans leur réserve sans avenir côtoie le révoltant… Mais au-delà de la
résolution d’une énigme policière finalement assez banale,
Wind River n’est rien d’autre qu’un impressionnant témoignage sur
la condition humaine et sur l’isolement de ces hommes et femmes reclus, à l’écart
du monde, par obligation, par choix, ou peut-être par nécessité… Et dans tous
les cas, emmurés dans leur infinie solitude.
Verdict : 8/10
Wind River est une excellente surprise, servie par des
acteurs exemplaires et une ambiance indescriptible.