Black Panther

Verdict: Excellent

par: Emmanuel Galais

Après les événements qui se sont déroulés dans Captain America : Civil War, T’Challa revient chez lui prendre sa place sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu’un vieil ennemi resurgit, le courage de T’Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu’en tant que Black Panther. Il se retrouve entraîné dans un conflit qui menace non seulement le destin du Wakanda, mais celui du monde entier…

Dans l’univers de la planète Marvel on a vu bon nombre de héros lutter contre leurs propres démons, mais le point commun de tout ces héros qu’ils soient munis d’un marteau, d’une armure, ou d’un bouclier, c’est qu’ils sont toujours blancs et représentatifs d’une certaine valeur de la société américaine qui les a vus naître. D’ailleurs souvent les représentants de la population afro-américaine ainsi que d’autres minorités composant la société américaine, sont souvent relégués au rang de second couteau et éventuellement de faire valoir des héros.

Avec « Black Panther » Marvel a su créer en 1966 un personnage, du moins dans la bande dessinée, qui puisse justement parler à cette population afro-américaine qui avait bien du mal à se reconnaître dans ces superhéros qui ne leur ressemblaient pas. Alors que notre société, qu’elle soit américaine ou Européenne, laisse le racisme et tout autre refus de la différence prendre le dessus des valeurs, une adaptation au cinéma de ce héros emblématique d’une volonté de Marvel de bousculer les pensées à travers un art souvent snobé , ne pouvait que susciter l’intérêt des spectateurs néophytes autant que des fans, sinon sur le sol américain en tout cas pour le reste du monde, puisqu’enfin Hollywood aurait décidé de nous livrer un super héros afro-américain dans une super production. 

Et finalement, si il y a bien une chose que l’on peut reconnaître à l’industrie du cinéma américain, c’est qu’elle est toujours en capacité de se faire le miroir des maux de son peuple à travers des œuvres de toutes sortes. Et un film de super -héros n’est pas forcément l’écrin le plus évident pour faire passer un message sur la montée des agressions de personnes afro-américaines par des policiers, ni de parler de la ségrégation ou des gangs qui pourrissent une population qui a déjà tant souffert. Eh bien justement tout est là ! Le scénario de Joe Robert Cole (American Crime : The People Vs OJ Simpson) et Ryan Coogler (Creed) parvient, à travers le combat de ce héros, à nous plonger à la fois dans cette Amérique des années 80 et 90 qui avait tout de même encore bien du mal à accepter sa population afro américaine pour ce qu’elle était : pleine d’espoir et en même temps pleine de souffrance, et une société actuelle qui sous l’ère Trump, renoue justement avec un passé ségrégationniste auquel elle n’a jamais vraiment tout à fait tourné le dos. Pour la première fois, depuis les adaptations de comics Marvel au cinéma, le scénario nous dessine un héros qui ne cherche pas à bafouer les valeurs de son père, ni de son peuple, mais au contraire se veut le garant d’un ordre établi, et loin de vouloir sauver le monde, il veut avant tout préserver son peuple, sa culture et ses valeurs tout en se retrouvant confronté à un méchant qui est bien plus nuancé que tout ce que l’on a pu voir dans les films de superhéros. Loin de vouloir dominer le monde, l’adversaire du roi T’Challa est un avant tout quelqu’un qui veut venger son père d’une injustice qu’il ne maitrise pas et souffre de ne pouvoir toucher les rêves dessiner par ce dernier. Rarement un méchant ne fut aussi émouvant et touchant.

Et c’est justement toutes la forces de « Black Panther » que de nous entraîner dans un film à la fois spectaculaire et profond. Car la mise en scène de Ryan Coogler, si on peut lui reprocher une partie un peu trop générée par des images de synthèse, n’en demeure pas moins redoutable d’efficacité et sait mettre parfaitement en valeur la culture africaine, ses valeurs et cet ancrage ancestral dans une terre qui, on l’oublie trop souvent, reste toujours le berceau de l’humanité. Dynamique, inventive, notamment dans des mouvements de caméras très aériens et des combats beaucoup mieux orchestrés que dans des œuvres similaires. Ici, pas de destruction massive, des cascades redoutablement efficaces et une fluidité narrative qui font de ce nouveau film Marvel une grande réussite, pour ne pas dire l’une de ses plus belles.