Ready Player One
Sortie:
28/03/2018
Pays:
USA
Genre:
Durée:
140 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Ready Player One

Verdict: Chef D’oeuvre

par: Emmanuel Galais

2045. Le monde est au bord du chaos. Les êtres humains se réfugient dans l'OASIS, univers virtuel mis au point par le brillant et excentrique James Halliday. Avant de disparaître, celui-ci a décidé de léguer son immense fortune à quiconque découvrira l'œuf de Pâques numérique qu'il a pris soin de dissimuler dans l'OASIS. L'appât du gain provoque une compétition planétaire. Mais lorsqu'un jeune garçon, Wade Watts, qui n'a pourtant pas le profil d'un héros, décide de participer à la chasse au trésor, il est plongé dans un monde parallèle à la fois mystérieux et inquiétant…

Depuis « La Guerre des Mondes » en 2005, Steven Spielberg avait un peu délaissé le film d’aventures, à proprement parler. Et malgré une adaptation tout en rythme mais en demi-teinte, au final, des « Aventures de Tintin » en 2011 ou une nouvelle aventure d’Indiana Jones en 2008, plus plombée par George Lucas trop soucieux de capitaliser que de faire prendre de la hauteur au personnage, c’est plutôt sur des œuvres majeures mais plus cérébrales que le réalisateur s’est illustré avec une redoutable efficacité comme avec « Lincoln » (2012) ou encore dernièrement « Pentagon Papers ». Et pourtant, si l’on y regarde bien l’aventure a toujours été une partie de son œuvre de ces quinze dernières années : « Cheval de Guerre » (2011), « Le BGG » (2016),… Mais le maitre semblait avoir, toutefois perdu l’œil et l’oreille du public par des choix, peut-être trop personnels ou trop ciblés.

Du coup, c’est avec un œil intrigué, excité aussi, que nous abordons ce retour à ce qui a rendu le réalisateur aussi célèbre : La science-Fiction. Car, il ne faut pas l’oublier, Steven Spielberg est avant tout l’homme qui, avec Georges Lucas, a révolutionné la science-fiction en lui donnant une véritable crédibilité, l’associant à un regard social et parfois politique. Alors que les réalisateurs de l’époque s’amusaient avec l’immensité de l’espace, Spielberg, lui, plongeait ses personnages, américains moyens, familles dysfonctionnelles etc… face à des extra-terrestres venus pour nous étudier ou se perdre en Californie. Jamais dans la simple fantasmagorie, Spielberg s’efforce d’aborder ses thèmes chers à son œuvre tout en offrant une dose d’anticipation pour créer l’illusion, ce fut le cas avec « Minority Report » (2002) ou « AI, intelligence Artificielle » (2001) par exemple, c’est évidemment le cas avec « Ready Player One ». Et ne perdons pas notre temps dans une analyse trop poussée de l’œuvre de Spielberg, parlons plutôt de ce nouvel opus dans la carrière du réalisateur. Un nouvel opus redoutablement efficace, dans lequel le réalisateur ose tout : La nostalgie l’anticipation, l’humour et la satire sociale. Ici, nous sommes dans une société pas trop éloignée de la nôtre, dans laquelle le virtuel a pris une place centrale dans la société, poussant l’individualisme réel à son paroxysme alors que le virtuel prône l’appartenance à un clan.

Adaptation d’un roman d’Ernest Cline (2011), qui se voulait un hommage appuyé à la pop culture des années 80 et 90, « Ready Player One » est avant tout un film d’aventures et de Science-fiction dans la plus pure tradition Hollywoodienne, avec des méchants, un héros aux allures d’anti-héros et une flopée de personnages secondaires venus lui prêter main forte. Et avec une telle matière de départ, Spielberg s’en donne à cœur joie et s’offre une mise en scène virtuose tout en mouvement, moins hystérique et plus contrôlée dans sa partie Motion Capture que ne l’était « Tintin ». Là le réalisateur prend son temps et maintient pourtant un rythme effréné qui ne lâchera pas le spectateur jusqu’à la fin. Osant des plans de toutes beauté mélangeant les prises de vues Live et l’animation, il parvient, à chaque fois, à faire des clins d’œil à cette pop culture que les quarantenaires ont bien connus et qu’ils ont poussé et que les moins de quarante ont découvert pour mieux t s’en sont inspirer. Tout le monde peut y trouver sa référence : La formule magique empruntée à « Excalibur » de John Boorman (1981), la Delorean de « Retour vers le futur » et le nom de Zemekis son réalisateur dans une arme majeure, un clin d’œil appuyé au cinéma de John Hughes (Breakfast Club, La Folle Journée de Ferris Bueller) et à celui de Chris Columbus (Les Goonies, Le Secret de la Pyramide). Mais pas seulement, on y trouve aussi une foison de créatures qui naquirent dans les années 80 et continuent de hanter nos étagères de cinéphiles. Sans oublier, bien sûr, un hilarant hommage à Stanley Kubrick, le réalisateur que vénérait Spielberg.

A plus de 70 ans, Steven Spielberg s’amuse et semble toujours aimer autant la science-fiction, au point de nous offrir là, l’une des œuvres majeures de cette décennie. Car non seulement, il signe un film d’aventures captivant et à destination de toute la famille, mais il parvient sans lourdeur à distiller un message fort sur l’importance de savoir se déconnecter du virtuel pour mieux apprécier le réel.