L’histoire
Dans
les années 60 aux Etats-Unis, Tony Lip est embauché pour conduire un pianiste
noir, Don Shirley, à travers les routes du Sud…
Dignité
Si un mot devait demeurer de ce Green Book : Sur les routes du Sud (nous
raccourcirons à Green Book), c'est
dignité, dignité et encore dignité. On a l'habitude de voir des buddy movies
(union de deux personnages que tout oppose) mais il est vrai que ce genre est
plus fréquemment réservé aux films de flics qu'aux œuvres dramatiques réunissant
deux individus de nature, de style ou de couleur opposée. Le premier quart d'heure
a beau mettre en place le décor de manière presque trop ostentatoire (un gars
bourru mais pas tant que ça / un gars distant mais pas tant que ça / les
problématiques raciales des années 60), la mayonnaise prend et bien évidemment
grâce à un duo d'acteurs éblouissant. Ce tableau est toutefois terni par le
fameux Green Book, ouvrage recensant les lieux où les gens de couleur sont
acceptés à l’époque en Amérique du Nord. A vous faire froid dans le dos. L’auteur de ce
livre, Victor Hugo Green, n’a jamais connu la fin de la ségrégation.
Casting et
révélation
Inutile de revenir sur Viggo
Mortensen, bouffi, grossi, méconnaissable dans un rôle plus proche de celui de
Nikolai Luzhin dans les Promesses de l'Ombre
que Aragorn dans le Seigneur des Anneaux.
Et évidemment parfait. La véritable révélation viendra plutôt de Mahershala Ali,
découvert dans la série Luke par les plus courageux d’entre nous. Acteur
incroyable, il explose littéralement l'écran au point que le film semble avoir
été réalisé uniquement pour mettre ce fabuleux acteur en lumière. Mais s'en
plaindra-t-on... ? Chacune de ses apparitions est impressionnante de majesté et
d'une dimension qui en impressionnera plus d’un. C'est peut-être le seul
reproche qu'on pourrait faire à Green
Book et c'est aussi son intrinsèque qualité : au lieu de nous livrer un xième
film sur la discrimination raciale aux Etats-Unis dans cette période (cette
dimension reste toutefois très présente), Peter Ferrelly nous raconte avant
tout une magnifique histoire d'amitié entre deux hommes qui ne sont pas tant
opposés que cela. Dans la vie réelle, Don Shirley et Tony Lip restèrent amis
durant 50 ans. Cette amitié se construit doucement, sans douleur (un peu plus
de heurts auraient peut être apporté plus de crédibilité à l'histoire) et avec
une dimension émotionnelle très présente. Son climax restera la séquence sous
la pluie nous révélant un don Shirley déchirant et déchiré par son appartenance
à deux mondes inconciliables et qui le rejettent. Tous les thèmes du film, toutes
ses problématiques, toutes ses douleurs sous-jacentes se retrouvent concentrés
dans cette séquence unique. Les seconds rôles sont inexistants et disons-le, inutiles,
concentrés dans une Linda Cardellini, en épouse parfaite, à la fois belle,
discrète, exigeante et pourtant si présente et si « juste ».
Green Book est donc
un film admirable, porté par d'incroyables acteurs et un Mahershala Ali qu’il
sera désormais impossible d'oublier, d’ailleurs récompensé par l’Oscar du
meilleur acteur dans un second rôle. Bravo... !
Verdict : 8/10
Un grand film qui dépasse tous les
clichés du genre.