Green Book
Green Book
Sortie:
23/01/2019
Pays:
Etats-Unis
Genre:
Durée:
2h10 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Green Book

Verdict: Excellent

par: Arnaud Weil-Lancry



L’histoire
Dans les années 60 aux Etats-Unis, Tony Lip est embauché pour conduire un pianiste noir, Don Shirley, à travers les routes du Sud…

Dignité

Si un mot devait demeurer de ce Green Book : Sur les routes du Sud (nous raccourcirons à Green Book), c'est dignité, dignité et encore dignité. On a l'habitude de voir des buddy movies (union de deux personnages que tout oppose) mais il est vrai que ce genre est plus fréquemment réservé aux films de flics qu'aux œuvres dramatiques réunissant deux individus de nature, de style ou de couleur opposée. Le premier quart d'heure a beau mettre en place le décor de manière presque trop ostentatoire (un gars bourru mais pas tant que ça / un gars distant mais pas tant que ça / les problématiques raciales des années 60), la mayonnaise prend et bien évidemment grâce à un duo d'acteurs éblouissant. Ce tableau est toutefois terni par le fameux Green Book, ouvrage recensant les lieux où les gens de couleur sont acceptés à l’époque en Amérique du Nord.  A vous faire froid dans le dos. L’auteur de ce livre, Victor Hugo Green, n’a jamais connu la fin de la ségrégation.


Casting et révélation
Inutile de revenir sur Viggo Mortensen, bouffi, grossi, méconnaissable dans un rôle plus proche de celui de Nikolai Luzhin dans les Promesses de l'Ombre que Aragorn dans le Seigneur des Anneaux. Et évidemment parfait. La véritable révélation viendra plutôt de Mahershala Ali, découvert dans la série Luke par les plus courageux d’entre nous. Acteur incroyable, il explose littéralement l'écran au point que le film semble avoir été réalisé uniquement pour mettre ce fabuleux acteur en lumière. Mais s'en plaindra-t-on... ? Chacune de ses apparitions est impressionnante de majesté et d'une dimension qui en impressionnera plus d’un. C'est peut-être le seul reproche qu'on pourrait faire à Green Book et c'est aussi son intrinsèque qualité : au lieu de nous livrer un xième film sur la discrimination raciale aux Etats-Unis dans cette période (cette dimension reste toutefois très présente), Peter Ferrelly nous raconte avant tout une magnifique histoire d'amitié entre deux hommes qui ne sont pas tant opposés que cela. Dans la vie réelle, Don Shirley et Tony Lip restèrent amis durant 50 ans. Cette amitié se construit doucement, sans douleur (un peu plus de heurts auraient peut être apporté plus de crédibilité à l'histoire) et avec une dimension émotionnelle très présente. Son climax restera la séquence sous la pluie nous révélant un don Shirley déchirant et déchiré par son appartenance à deux mondes inconciliables et qui le rejettent. Tous les thèmes du film, toutes ses problématiques, toutes ses douleurs sous-jacentes se retrouvent concentrés dans cette séquence unique. Les seconds rôles sont inexistants et disons-le, inutiles, concentrés dans une Linda Cardellini, en épouse parfaite, à la fois belle, discrète, exigeante et pourtant si présente et si « juste ».

Green Book est donc un film admirable, porté par d'incroyables acteurs et un Mahershala Ali qu’il sera désormais impossible d'oublier, d’ailleurs récompensé par l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Bravo... !

Verdict : 8/10
Un grand film qui dépasse tous les clichés du genre.