Le Mans 66
Ford V. Ferrari
Sortie:
13/11/2019
Pays:
USA
Genre:
Durée:
153 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Le Mans 66

Verdict: Excellent

par: Emmanuel Galais

Basé sur une histoire vraie, le film suit une équipe d'excentriques ingénieurs américains menés par le visionnaire Carroll Shelby et son pilote britannique Ken Miles, qui sont envoyés par Henry Ford II pour construire à partir de rien une nouvelle automobile qui doit détrôner la Ferrari à la compétition du Mans de 1966.

Les amateurs de courses automobiles vont être content, car, enfin, un film sur leur sport préféré va sortir sur grand écran, porté par deux stars : Matt Damon (La Mémoire dans la peau) et Christian Bale (The Dark Knight). James Mangold, qui n’est autre que le réalisateur de « Logan » et de « Walk The line », et dont on attend beaucoup de son travail sur le projet « Bobba Fett », réalise, ici un film dont chaque plan vient retranscrire la tension qui naquit d’une frustration, puis d’une humiliation et enfin d’une envie de vengeance. Celle d’Henry Ford Jr, qui, voyant sa marque perdre de son éclat, et donc de ses ventes, mit tous ses collaborateurs au défi de trouver une idée qui puisse sortir Ford de son déclin. C’est à ce moment que l'un d'entre eux va lui proposer de racheter Ferrari, sàn propriétaire : Enzo Ferrari, en pleine tourmente financière. Seulement, les choses vont prendre une toute autre tournure. Ford va se déplacer en Italie, faire une offre à Ferrari, mais ce dernier va le doubler en faisant monter les enchères par Fiat et en profiter au passage par insulter l’Américain. A partir de ce moment-là une guerre sans limite va opposer les deux hommes sur le terrain du sport automobile.

Ce qui est intéressant, pour ne pas dire passionnant, avec le film de James Mangold, c’est qu’en utilisant la bataille entres les deux constructeurs automobiles, les scénariste Jez Butterworth (Spectre), John-Henry Butterworth (Edge Of Tomorrow) et Jason Keller (Die Hard : Belle Journée pour mourir) vont discrètement, mais surement, fait dériver leur scénario vers une trame qui suit surtout la rédemption et la dévotion, dont font preuve, les deux hommes chargés de faire gagner Ford sur les différents circuits et particulièrement celui du Mans. Deux hommes, amis dans la vie, mais que tout oppose : Un ancien pilote privé de l’adrénaline de la course pour des raisons de santé, mais véritable médiateur commercial et son mécanicien, expert des voitures, qui les ressent comme si elles étaient de son propre sang, mais d’un caractère difficile à gérer, qui ne rêve que d’une chose : Piloter. En parallèle de la guerre que se livrent les deux firmes, les deux hommes vont s’unir, défendre leurs idées, leur passion et s’opposer à la sacro-sainte, mais tellement handicapante, communication.

Et c’est d’ailleurs grâce à cela que la réalisation de Mangold, va prendre tout son sens. Le réalisateur se laisse porter par ses personnages, il sonde leur psyché pour mieux utiliser toute la pression qu’ils subissent de l’extérieur évidemment, mais de l’intérieur aussi, car au-delà de répondre aux exigences de leur patron, ils veulent surtout prendre leur revanche sur la vie et montrer que leurs idées sont les clés de la réussite de l’entreprise. Que l’on soit amateur ou non de sport automobile, le réalisateur nous emmène dans un film tendu d’un bout à l’autre des 2h32 que durent l’intrigue. Nous vibrons dans la voiture avec Ken Miles (Christian Bale), nous tremblons pour Caroll Shelby (Matt Damon) lorsqu’il doit défendre ses idées et son ami. Et lorsque le réalisateur nous embarque au cœur de la course, sa mise en scène est tellement organique, sensorielle qu’elle nous met au cœur de l’action et provoque, chez le spectateur, une idée de l’adrénaline qu’ont dû ressentir les pilotes et technicien.

Et puis il y a évidemment les prestations remarquablement inspirées des deux acteurs principaux : Matt Damon et Christian Bale. Les deux hommes forment un duo cohérent et d’une justesse rare. Comme d’habitude, Bale offre une prestation toujours aussi déchirée, toujours aussi sensitive pour mieux coller à ce caractère hors norme et souvent incontrôlable qui fit la réputation de Ken Miles. Quant à Matt Damon, il reste plus en retenue et utilise son charme et son charisme pour donner à son personnage une dimension plus rassurante, sans pour autant se mettre en retrait face à son partenaire de jeu. Le duo se complète parfaitement et porte le film sans trop de difficulté sur ses épaules.

En conclusion « Le Mans 66 » est un excellent film qui vous emmène dans un monde que l’on croit connaitre, mais qui nous semble vite étranger. En revanche il lève le voile sur l’une des histoires les plus passionnantes du sport automobile : La guerre que se livrèrent sur les circuits : Ford et Ferrari. La mise en scène est sensible et percutante et l’interprétation impeccable.