Star Wars : L'ascension de Skylwalker (Sans Spoiler)
Star Wars : Rise of Skywalker
Sortie:
18/12/2019
Pays:
USA
Genre:
Durée:
142 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Star Wars : L'ascension de Skylwalker (Sans Spoiler)

Verdict: Excellent

par: Emmanuel Galais

La conclusion de la saga Skywalker. De nouvelles légendes vont naître dans cette bataille épique pour la liberté.

Ca y est c’est l’heure de faire le bilan ! L’heure de tourner une page ! Celle d’une saga qui, à l’origine, était un film dont le réalisateur, lui-même pensait qu’il n’avait pas d’avenir. Au bout du compte, « Star Wars » a, non seulement révolutionné la science-fiction, en créant de toute part un mythe, puis en rendant si palpable et parfois si crédible une histoire qui se passe : « Dans une galaxie lointaine… » et dont la religion se révèle être autant métaphysique que dogmatique. A travers le destin d’un jeune homme fougueux, George Lucas, va créer le méchant ultime, celui qui, dès les premières secondes, s’impose comme le personnage sombre de l’histoire de la science-fiction, celui qui rebute autant qu’il fascine (Il suffit pour cela de voir l’effet que fait sa respiration lorsque le public l’entend même sans le voir !) : Dark Vador et imposer une œuvre magistrale qui prendra de l’ampleur dès lors qu’il la confira, contre son grès, à un autre réalisateur : Irvin Kerschner (L’empire Contre-Attaque) et perdra de sa noirceur dès lors qu’il imposera sa volonté de créer des personnages qui auront pour but de parler aux plus petits : Les Ewoks. Dès lors, la trilogie originelle, va échapper au réalisateur et les fans vont se l’approprier et faire évoluer dans tous les sens cette galaxie. Ils vont écrire la suite, imaginer des connexions et des origines, jusqu’à ce que 16 années plus tard, Georges Lucas lance une nouvelle trilogie, qui aura pour destinée de raconter les origines de Dark Vador.

Et c’est là, que le réalisateur va comprendre à quel point son œuvre lui a échappé, d’autant plus qu’il se laisse une nouvelle fois aveugler par sa vision trop mercantile et à destination des plus petits, et son obsession pour l’évolution technologique. « La menace fantôme » est une douche froide pour les fans qui voient un film en décalage complet avec ce qui les avait fait vibrer, sur cette ambiance si proche et en même temps si mystique, simple et complexe. La colère se cristallisera notamment sur Jar Jar Binks, personnage raté, irritant et inutile. Le réalisateur va alors modifier son récit, tenter d’effacer les erreurs, et rendre plus mature son récit, pour arriver à un épisode 3 plus sombre, plus dantesque, sans pour autant satisfaire totalement les fans de la première trilogie, qui ne s’y retrouvent pas !

Et puis Disney est passé par là et à racheter la société de George Lucas et s’est donné pour mission de ramener les fans dans le giron de « Star Wars ». Pour cela la firme a fait appel au maître du revival : J.J. Abrams (Star Trek), qui a bien compris ce que voulait les fans. Et c’est une réussite, le public est là, au rendez-vous et applaudit ce retour aux sources, même si, il manque encore quelque chose aux fans. Et le problème est là ! D’abord parce que les fans ont pris une telle importance dans l’univers de la saga qu’il semble que ce soit une citadelle imprenable, impossible à toucher, ni de près, ni de loin. Et ensuite, Disney est une société qui aime capitaliser. Et son investissement de plusieurs milliards se doit d’être rentabilisé Alors, Bob Iger, le grand manitou installe Kathleen Kennedy à la tête de LucasFilm et la productrice aura pour charge de faire fructifier la licence. Elle annoncera alors une flopée de projets : Trois nouveaux épisodes, des spin-offs et des séries. Chaque année verra son « Star Wars ». Mais voilà, ce qui faisait l'événement de la saga, se logeait dans sa rareté, son attente provoquée auprès du public. Disney va se casser les dents après avoir créé un coup d’éclat magistral avec « Rogue One » , il va accoucher d’un désastre : « Solo : A Star Wars Story ».

Du coup rétropédalage, Disney freine des quatre fers et, suite aux retours mitigés d’un épisode VIII, qui montrent à quel point les fans peuvent aussi participer à un désastre, annonce une série, à la place d’un Spin-off sur Boba Fett (Heureusement, je ne comprends toujours pas la popularité de ce personnage !!!) : « The Mandalorian » (qui pour le moment est une réussite en demi-teinte, justement par un esprit un peu trop Disney et une intrigue en dent de scie, même si l’univers Star Wars est exploité au mieux), et impose à J.J. Abrams de revenir sur la direction qu’a voulu prendre Ryan Johnson avec l’épisode VIII. Un film certes imparfait, mais qui avait le mérite (enfin !) de vouloir emmener la saga dans une nouvelle direction, comprenant que les Skywalkers ne pourraient pas toujours être au cœur de l’intrigue, qu’il fallait s’en émanciper. Mais voilà, les fans les plus « Hardcore » auront eu raison des bonnes idées de Johnson, et le réalisateur sera débarqué, et laissera un scénario qui sera remodelé pour mieux répondre aux attentes de ces fans qui ne cessent d’imposer une pression, souvent injuste, sur ceux qui oseraient toucher à la saga.

Résultat, cet ultime épisode, revient sur des points avancés dans l’opus précédent (notamment les déclarations de Kylo Ren sur les origines de Rey) et le scénario de vouloir trop brosser les fans dans le sens du poil. Ce qui laisse finalement le spectateur assez dubitatif. Car si le spectacle est là (Et il est là !), que le réalisateur joue clairement la carte de la nostalgie, en imposant des rappels permanent à la trilogie initiale. Le résultat est mitigé. Car le réalisateur et son scénariste Chris Terrio qui avait déjà œuvré pour Warner sur « Batman vs Superman » et « Justice League », livre une œuvre sombre, dans laquelle toutes les certitudes sont remises à plat et où tout doit se conclure. Et comme la pression des fans est forte, ils se sont donnés pour mission d’effacer ce qui n’avait pas plus dans le précédent et d’aller plutôt clairement dans les clins d’œil.

Alors sur le papier ce n’est pas si mal que cela, à l’écran non plus, car nous sommes clairement dans l’univers « Star Wars », même si l’on pourra reprocher quelques points de détails qui font sauter sur le siège (Des incohérences, la présence un peu trop anecdotique de Billy Dee Wallace l'inoubliable Lando Calrissian,...), en disant que tout cela n’est pas bien crédible, mais qu’importe, nous sommes dans « La Guerre des Etoiles », tout est donc possible. Mais le sentiment qui prédomine, c’est justement ce manque de prise de risque, presqu’un manque de signature, d’émancipation qui faisait de l’épisode précédent une réussite. Ici tout semble venu de loin, à commencer par Palpatine dont l’ombre plane, comme dans la bande annonce, ou encore des décors qui viennent constamment rappeler l’œuvre originale, alors que d’autres nouveaux n’arrivent pas à s’imposer, comme cela fut le cas chez Ryan Johnson. JJ Abrams signe à nouveau une mise en scène remarquable, qui fait preuve, si besoin en était de son savoir-faire indéniable pour tenir les manettes d'un vaisseau tel que celui-là, mais il ne parvient pas à effacer ce sentiment frustrant de n'avoir pas voulu nous surprendre.

C’est toujours très étrange avec « Star Wars » car, il est souvent difficile de dire réellement ce que l’on ressent, à plus forte raison lorsque l’on y accorde un intérêt certain. Autant, il fut facile de faire un rejet de l’« épisode 1 » ou de « Solo », que, depuis l’épisode 7, la tâche devient ardue. Car le spectacle est au rendez-vous, les films sont de plus en plus longs, mais le temps passe très vite et l'on ne s'ennuie pas, notamment parce que JJ Abrams impose un rythme soutenu au film, à l'image de l'introduction stupéfiante qui nous plonge sans délai dans le vif du sujet et les bases sur lesquelles reposera l'intrigue. Le réalisateur s'amuse et veut nous en mettre plein la vue. Et çà marche ! Jusqu'au moment où l'on se dit que finalement nous déjà vu tout ça ! En fait, nous en ressortons forcément mitigés, car les auteurs, certainement poussés par la présidente de LucasFilm, ne cessent de naviguer à vue, de modeler au fur et à mesure que les fans s’immiscent dans l’œuvre. La cohérence qui liait les épisodes de la première trilogie n’est plus aussi franche que dans le passé. Ici, Rey cherche à comprendre ses origines (une technique qui permet d’émoustiller la fanzone) notamment parce qu’elle maîtrise la force, et qu’elle semble être liée de manière directe ou indirecte à Luke Skylwalker, ensuite il y a Kylo Ren, petit fils de Vador qui tente de lui ressembler mais dont le combat entre les deux côté de la force, n’est pas achevé. Tout est fait pour revenir, à l’esprit d’origine, et dans ce nouvel épisode, JJ Abrams reprend une ficelle que George Lucas avait utilisé suite aux hurlements des fans concernant Jar Jar Binks. Et sa conclusion, marque forcément la fin d'un cycle, provoquant même chez les fans les plus endurcis, un trop plein du système lacrymal. Comme annoncé dans la bande annonce, « Star Wars : L'Ascension de Skylwalker » est la conclusion d'une saga, elle pose également les bases d'une nouvelle aventure à développer. Mais, surtout, elle devait ramener les fans dans l'univers de la licence, et de ce côté là, c'est une franche réussite, tant le réalisateur maîtrise à la perfection l'univers de la trilogie originelle.

En conclusion, « Star Wars : L’ascension des Skylwalkers » confirme tout le bien que l’on pensait de J.J. Abrams, en grand connaisseur de la franchise. Il livre, ici, une œuvre sombre, en forme de conclusion, qui utilise toutes les ficelles de la franchise. Le film est spectaculaire, l’émotion et l’humour y sont très présent, tout autant que la nostalgie qui est palpable quasiment dans tous les plans. On se laisse émouvoir par le destin de chacun de ses personnages et l’on vibre de la mise en scène des batailles spatiales absolument époustouflantes. Toutefois, il nous reste quand même un brin d’amertume, face à une œuvre qui semble avoir été écrite à vue, en suivant les désirs des fans, plus que celui de la création. La Mort de Carrie Fisher est peut-être aussi venue également réécrire une partie de l’intrigue et il est toujours bluffant et émouvant de la revoir à l’écran, dans un rôle majeur. Disney a annoncé vouloir arrêter le principe des trilogies « Star Wars », et c’est une très bonne idée (Même si un nouveau film est attendu pour 2022 !), mais Laisser du temps aux fans de digérer cette ultime trilogie, reprendre en main l’aspect exceptionnel de cette œuvre majeure de la science-fiction serait le plus grand service à lui rendre.