Basta Capital
Sortie:
26/11/2020
Pays:
France
Genre:
Durée:
95 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Basta Capital

Verdict: Très Bon

par: Emmanuel Galais



En 2020, dans un contexte social plus tendu que jamais, une communauté d’activistes perd l’un des leurs lors d’une manifestation, sous les coups des forces de l’ordre. Suite à ce drame, ils vont enlever des patrons du CAC 40 pour forcer Emmanuel Macron à appliquer une réelle politique anti-capitaliste.


Pour son premier long-métrage, le réalisateur Pierre Zellner (La Belle Epoque) a décidé de signer une œuvre militante, qui a pourtant le bon goût de ne pas appuyer trop lourdement son propos et d’interroger en cherchant une idée alternative tout en dénonçant un pays qui ne se retrouve plus dans un pouvoir qui lui-même se perd entre faux socialisme et véritable tangence Ultra libéraliste. Que l’on partage ou non ses idées, « Basta Capital » ne laisse pas indifférent, d’abord, parce que si le ton est grave, qu’il tend vers la gauche, plutôt extrême avec ses personnages toujours en colère et n’hésitant pas à utiliser une certaine violence en l’excusant au nom de la cause, il parvient à trouver un certain rythme et une certaine dynamique pour ne pas oublier de divertir.


Mais avant tout, comme je le disais plus haut, le film est militant, il interroge le spectateur et pas seulement, puisqu’il souhaite, avant tout interroger également le pouvoir en place, et son accroche est sans ambiguïté : « 2020 : Manu a retourné sa veste ». A travers son film, Pierre Zellner tisse une intrigue qui cherche avant tout à alimenter le débat des militants et par la même occasion sur les solutions alternatives à ce que le pouvoir, à grand renfort de communications bien léchées, nous assènent chaque jour dans les interviews journalistiques. En signant un scénario dans lequel, il se dit « qu’un changement de logiciel est le seul choix lucide pour construire une société durable ».


On pourra toujours reprocher au film une alternance parfois trop marquée entre une mise en scène cinématographique soignée et une autre tirant sur le faux documentaire, mais c’est un choix assumé qui permet avec subtilité, au réalisateur d’aborder ses thèmes et ses interrogations, comme celle de l’utilité de la violence, quel que soit le camp. C’est d’ailleurs à travers les réflexions d’un des personnages que le réalisateur va s’interroger sur l’utilisation de la violence pour soumettre les peuples ou les patrons. D’ailleurs, les militants et leurs victimes vont alterner des scènes cocasses et d’autres plus tendues, c’est là que se trouve toute la force de ce film.


En conclusion, « Basta Capital » est un film de Pierre Zellner, qui nos interroge sur la société de 2020, sous le pouvoir de la « Macronie », comme il est commun de l’appeler maintenant. Mais pas seulement, le réalisateur pousse le débat en apportant une alternative et n’hésite pas à interroger le spectateur sur la violence, sur la communication orchestrée. Et l’on pourra peut-être lui trouver une certaine démagogie, notamment lorsqu’il met en scène des patrons à la place de leurs ouvriers pour leur faire prendre conscience de leur quotidien, mais le scénario est suffisamment bien écrit pour se sortir par un discours subtil et cohérent.