Antoine, la cinquantaine, négociateur international en vin, reçoit un appel téléphonique insolite de Moscou. Aucune voix, juste une respiration. Ebranlé, il plaque tout, son travail, sa compagne, pour se rendre immédiatement en Russie à la recherche de celle qu'il a aimée passionnément et qui a mystérieusement disparu depuis 4 ans.
Tourné avec une caméra 5D qui permet d’obtenir une qualité d’image plus brut, plus précise et permet ainsi de plonger le spectateur dans cette aventure hors du commun, où un homme obnubilé par sa réussite, a fini par laisser passer la seule chose qui pouvait avoir de l’importance dans son existence : « L’Amour ». Et particulièrement celui de celle qu’il aima éperdument, mais sans en avoir conscience, au point de la laisser disparaître mystérieusement et ce, pendant 4 ans, jusqu’à ce qu’un appel étrange ne vienne réveiller cette passion et le pousse à tout plaquer, sans raison apparente.
La réalisatrice qui signe ici son premier long métrage, mais que l’on connaît pour avoir joué dans bon nombre de séries et téléfilms tels que « Jamais sans toi Louna » (2019) ou encore au cinéma dans « La tête en friche » en 2010, nous entraine dans une sorte de parcours initiatique, introspectif, où le héros va devoir s’affranchir de toute l’apparence matériel et partir au plus loin pour trouver les réponses à ses errances. Comprendre l’importance d’aimer et d’être aimé, il va apprendre à donner sans penser à un éventuel intérêt. Se donner simplement, par mansuétude ou par amour. Il va devoir chercher à travers la douleur et la solitude tout ce qu’il a perdu au profit de sa carrière.
Pour incarner son personnage principal, la réalisatrice a choisi Thierry Godard que l’on avait pu voir dernièrement dans la série « Germinal ». Un acteur qui s’est investi dans son rôle pour en rendre toute la subtilité brutale afin de le rendre intriguant, surprenant, charmant et repoussant. Toutes les facettes d’une complexité humaine qui le rendent si captivant dans sa prestation. En se laissant porter par la mise en scène intuitive et précise de la réalisatrice qui ne le ménage pas, mais qui cherche, avant tout, à noircir le personnage, pour ensuite le rendre encore plus lumineux, lors de sa renaissance programmée. Mari de la réalisatrice dans la vraie vie, il se laisse guider dans sa vision et dans sa détermination à le montrer de la manière la plus simple, la plus brut pour que son personnage soit porté par le brut de l’environnement dans lequel il évolue.
Toutefois si le film est porté par une esthétique remarquable, beaucoup de portes restent ouvertes et de questions sans réponse, avec parfois même des libertés narratives qui manquent de finesses et de surprise. Le film s’élève dés lors que la réalisatrice stylise ses plans, mais se perd dans un scénario un peu léger qui ne parvient pas toujours à tenir la barre de ses promesses ou de ses questionnements. Il n’en demeure pas moins de très bons moments particulièrement lorsque la caméra, d’une certaine manière coupe le son et se laisse porter par la beauté de l’environnement.