Qu'est ce qu'on a tous fait au Bon Dieu ?

Verdict: Très Bon

par: Emmanuel Galais



Ce sont bientôt les 40 ans de mariage de Claude et Marie Verneuil. Pour cette occasion, leurs quatre filles décident d’organiser une grande fête surprise dans la maison familiale de Chinon et d’y inviter les parents de chacun des gendres, pour quelques jours. Claude et Marie vont devoir accueillir sous leur toit les parents de Rachid, David, Chao et Charles : ce séjour « familial » s'annonce mouvementé.


Après 18 Millions d'entrées, la saga « Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? » est forcément l'une des plus rentable du cinéma français.  Et ce 3ème volume « Qu'est-ce qu'on a tous fait au bon Dieu ? », était attendu comme la comédie française de l'année bankable et sans trop de surprises pleines de références au 2 premiers volumes qui ont fait la réputation de la saga. Et dès le départ, le décor est planté, on se retrouve toujours dans la superbe petite ville de Chinon en Touraine, dans laquelle Claude Verneuil ne cesse de croiser au détour de sa balade matinale, les gendres qu'il trouve un peu envahissant au quotidien. Mais cette fois-ci pas de mariage en vue, mais les 40 ans de mariage des parents Claude et Marie, et des filles qui veulent réunir toute la famille autour de cet évènement. Une idée qui ne sera pas de tout repos. Les personnages restent les mêmes : On retrouve toujours la confrontation entre Claude Verneuil et André Koffi et puis évidemment la bataille entre les différents gendres qui ne cessent de s'opposer par rapport à leur culture. C’est d'ailleurs ce qui a fait la force des deux premiers volumes que de se moquer allègrement de tous ces préjugés que l'on peut avoir sur telle ou telle religion ou telle ou telle nationalité : On parle toujours du « chinois » souriant, aimable, et parfois, comme ils le disent dans le film :  « Un peu suce boules », on a le juif et l'arabe qui ne cessent d'opposer leur propre culture et leurs propres différences, dans ce 3ème volume il sera beaucoup fait référence au conflit israélo-palestinien.  Dans ce nouveau volume on continue à utiliser les mêmes clefs que dans les précédents, il n'en demeure pas moins que les auteurs ont décidé de s'éloigner un peu de la guerre raciale ou religieuse pour s'intéresser cette fois-ci à une autre guerre qui s'avère être plus générationnelle.  En effet, Marie Verneuil va se retrouver confrontée à une nouvelle baisse de moral, notamment en prenant conscience qu'elle, et son mari, sont en train de vieillir. Et si la saga montre quelques signes d'essoufflement notamment sur cette relation conflictuelle entre les gendres comme David et Rachid, et les parents Verneuil, elle n'en demeure pas moins toujours aussi efficace et ce sont surtout les personnages d'André Koffi et de Claude Verneuil qui parviennent systématiquement a remporter le morceau en créant une espèce de dualité permanente que l’on sait à la fois respectueuse et tendue. 


Jamais avare de bon mots et de bonnes « Punch line », les auteurs ont su puiser, encore une fois, dans tous les préjugés, dans tous les aprioris et surtout dans ce que l'on pourrait appeler de façon très caricaturale : « de très provinciale », des réflexions à la fois sur le monde, sur son évolution mais également sur le regard que l'on porte sur l'âge. A travers une aventure quelque peu rocambolesque Marie va se retrouver confrontée à son image de femme, vieillissante, qui a besoin de savoir qu'elle est toujours désirée ou appréciée pour ce qu'elle est. Bien sûr les auteurs n’ont absolument pas oublier de conserver une certaine régularité dans la peinture relationnelle que peuvent avoir différentes personnes, venues de différentes cultures, mais cette fois-ci ce sont les parents des gendres qui vont venir redistribuer les cartes, à travers des conflits plus internes, mais également des situations toujours aussi drôles et aussi burlesques comme la scène de la boîte de nuit ou encore le père de Rachid, grand fan de rock, très loin de que l'on pourrait, encore une fois de manière caricaturale, imaginer. Jamais dans l'outrance ce 3ème épisode des aventures de la famille Verneuil continue de toucher au but et parvient encore une fois à nous faire rire, à nous faire beaucoup rire, même et surtout à nous faire nous interroger sur nos propres aux aprioris et nos propres préjugés.


Seul gros point noir de ce 3ème opus, la distribution, qui a bien du mal à trouver le bon rythme, et surtout à rester dans la bonne tonalité. Ce qui provoque un certain nombre de fausseté de ton notamment dans les échanges entre les différents gendres : Frédéric Chau (Les Traducteurs), Medi Sadoun (Les Kaïra) et Ary Abittan (A Bras Ouverts), sont un peu moins inspirés que dans les précédents opus, et cela fait retomber à plat, parfois, certaines situations cocasses qui auraient pu nous fait rire, comme par exemple cette guerre de voisinage que David et Rachid se livrent suite à un pommier un peu trop envahissant.  Quant à Christian Clavier (Les Bronzés) et Pascal Nzonzi (Premier de la classe), le duo fonctionne toujours et les deux acteurs s'amusent encore à jouer ces deux frères ennemis aux cultures radicalement différentes mais aux idéaux pas si éloignés que cela.


En conclusion « Qu'est-ce qu'on a tous fait au bon Dieu ? »  reste une comédie toujours aussi rafraîchissante et drôle même si la licence commence à montrer des signes de faiblesses et aurait certainement besoin de renouveler complètement l'idée et de trouver de nouvelles pistes à explorer. N’en demeure pas moins, que nous rions beaucoup et que c'est exactement ce que nous étions venus chercher en allant voir ce 3ème épisode des aventures de la famille Verneuil.