Les Animaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore
Sortie:
13/04/2022
Pays:
USA
Genre:
Durée:
142 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Les Animaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore

Verdict: Bon

par: Emmanuel Galais



Le professeur Albus Dumbledore sait que le puissant mage noir Gellert Grindelwald cherche à prendre le contrôle du monde des sorciers. Incapable de l’empêcher d’agir seul, il sollicite le magizoologiste Norbert Dragonneau pour qu’il réunisse des sorciers, des sorcières et un boulanger moldu au sein d’une équipe intrépide. Leur mission des plus périlleuses les amènera à affronter des animaux, anciens et nouveaux, et les disciples de plus en plus nombreux de Grindelwald. Pourtant, dès lors que  les enjeux sont aussi élevés, Dumbledore pourra-t-il encore rester longtemps dans l’ombre ?


Le succès de la saga Harry Potter ne pouvait clairement pas en rester là ! D’abord parce que tout ce qui touche le sorcier se transforme en « Cash Machine », mais en plus parce que les fans, qu’ils soient grands ou petits, ne masquaient pas leur frustration de ne pouvoir profiter à nouveau des aventures des sorciers et des Moldus. JK Rowling, l’auteur des aventures d’Harry Potter a entendu leurs plaintes incessantes et s’est donc lancé, ainsi qu’au réalisateur des derniers volets de la saga Poudlard : David Yates, un nouveau défi : créer une nouvelle aventure en lien avec le sorcier. Parler de ce dernier avec femmes et enfant eut été trop basique et certainement trop risqué, raconter la vie d’un personnage secondaire eut été aussi une mauvaise idée, par un risque de faire dans la redondance ou la surenchère. Non, l’auteure et son réalisateur ont tout simplement décidé de prendre un tout petit détail, passé quasiment inaperçu dans la saga : Le livre de Norbert Dragonneau « Les animaux fantastiques et où les trouver », pour en tisser une nouvelle saga dans laquelle les fans retrouveront leurs mondes de magies et de Moldus.


Seulement JK Rowling a vieillie, elle est devenue plus riche et ses préoccupations ne sont plus les mêmes. Du coup ses « Animaux Fantastiques », s’ils gardent toute la magie de l’univers Potter, sont, du coup, beaucoup plus sombres, plus adultes aussi. Ici, nous ne sommes plus dans une école, mais dans la vie, avec des gouvernements et des illuminés qui veulent encore la mort des sorciers. Depuis le premier opus « Des Animaux Fantastiques » sorti en 2016, l’auteure et le réalisateur des derniers Harry Potter, ont décidé de nous raconter une histoire, plus sombre, plus adulte, en revenant bien des années en arrière, bien avant Voldemort, à une époque où Poudlard est encore une école bien loin des préoccupations des sorciers. Et le premier opus nous entrainait dans un monde à la fois connu et inconnu, à suivre les pas d’un Norbert Dragonneau, à la recherche de ses animaux fantastiques et particulièrement d’une, auteur de ravages. Ce premier film se concluait avec l’apparition du méchant qui allait devenir le fil rouge de cette nouvelle saga : Gellert Grindelwald. Mais voilà, Dragonneau, personnage un peu trop lunaire, un peu trop en marge, l’absence de véritable référence à la saga Harry Potter, ont quelque peu décontenancé les spectateurs.


Du coup le deuxième volume en 2018, s’est un peu plus centré sur la lutte de pouvoir dans laquelle s’est lancé Grindelwald, avec un Johnny Depp, un peu trop appuyé dans sa prestation, mais dont le scénario avait le mérite de mettre les bases d’une société en pleine mutation et en pleine souffrance face à un mal manipulateur et violent. Un deuxième volume, qui laissait apparaitre de grandes ambitions, mais qui permettait également aux spectateurs et aux fans de retrouver un personnage iconique de la saga Harry Potter : Albus Dumbledore. Le ton reste sombre et plus adulte, mais les combats entre sorciers prennent plus de volume, à l’instar de la scène finale où les sorts ne cessent de fuser. Du coup tout le monde attendait le troisième opus de cette saga naissante, et la crise du Covid oblige c’est quatre années plus tard, que « Les Animaux Fantastiques 3 : Les Secrets de Dumbledore » débraquent sur nos écrans.


Et le ton y est tout de suite donné, avec une société qui se rapproche dangereusement de la dystopie et une histoire qui assume, enfin, le fait de s’adresser à un public, qui certes fut élevé aux aventures du jeune sorcier de Poudlard, mais a surtout grandi (Le premier volume d’Harry Potter est sorti en 2001 !). Dans ce troisième volume, le focus se concentre surtout sur Dumbledore, son adolescence comment il a rencontré Gellert Grindelwald, quelle fut la nature de leurs relations et les raisons de ce pacte de sang. J.K. Rowling semble vouloir se racheter une conduite en dessinant des personnages beaucoup stéréotypés qu’auparavant et prenant en compte l’évolution de notre société, et signe un scénario en collaboration avec Steve Kloves (The Amazing Spider-Man) qui puisse reprendre toutes les ficelles de son succès passé et entrer dans une vision plus sombre de la société au, au regard des derniers évènements dans notre monde résonnent de manière bien singulière.

Coté mise en scène, David Yates reprend certaines ficelles de la précédente saga et trouve de nouvelles idées pour lui donner un aspect plus rond, plus fluide. Mais se prend les pieds dans un rythme un peu pesant durant toute la première partie du film, où l’intrigue semble avoir bien du mal à prendre place, et du coup ne parvient pas à passionner le spectateur, peut-être par une envie trop appuyée d’expliquer avant de passer à autre chose. Les dialogues s’enchainent et manquent de véritables reliefs pour nous passionner. Il faut alors attendre la deuxième partie pour que le film, subitement se réveille et devienne enfin attractif. N’en demeure pas moins d’excellentes idées de mise en scène et de choix visuels, comme ces élections truquées qui ne sont pas sans rappeler les états totalitaires les plus sombrement connus, comme l’Allemagne Nazis ou le régime Stalinien et toutes ses dérives.


Côté distribution, Eddie Redmayne (My week with Marylin) reste empêtré sans un personnage à la fois naïf, candide et timide, qui a bien du mal à trouver sa place dans le cœur des spectateurs, et même si la scène des créatures qui ressemblent à des crabes est amusantes elle reste à la frontière du ridicule. Dan Fogler (The Walking Dead) continue de faire rire la galerie, Ezra Miller (The Flash) campe un personnage plus en nuance, plus torturé, alors que les véritables surprises restent Jude Law (Sherlock Holmes) qui signe un Dumbledore impeccable de justesse et de distance et Mads Mikkelsen (Drunk), qui remplace Johnny Depp dans le rôle de Grindelwald et le rend plus froidement inquiétant et moins caricatural.