Les Goûts et les Couleurs
Sortie:
22/06/2022
Pays:
FR
Genre:
Durée:
110 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Les Goûts et les Couleurs

Verdict: Très Bon

par: Emmanuel Galais



Marcia, jeune chanteuse passionnée, enregistre un album avec son idole Daredjane, icône rock des années 1970, qui disparait soudainement.?Pour sortir leur album, elle doit convaincre l’ayant-droit de Daredjane, Anthony, placier sur le marché d’une petite ville, qui n’a jamais aimé sa lointaine parente et encore moins sa musique. Entre le bon et le mauvais goût, le populaire et le chic, la sincérité et le mensonge, leurs deux mondes s’affrontent. À moins que l’amour, bien sûr...


Michel Leclerc est un réalisateur un peu atypique dans l’univers du cinéma français, notamment parce qu’il ne peut s’empêcher de mélanger les genres pour mieux développer ses thèmes de prédilections comme : L’Amour, la Succession et surtout la Lutte des Classes. Ce dernier étant celui qu’il préfère et à qui il a consacré un film en 2019, ou encore « Télé Gaucho » en 2012. Toujours basé sur un scénario qu’il a lui-même écrit, Michel Leclerc va, cette fois-ci, inclure un élément supplémentaire : Sa passion pour la musique. Lui qui ambitionnait, plus jeune, de se lancer dans la musique plutôt que dans le cinéma, conjugue dans « Les Goûts et les Couleurs », tout ce qui a fait sa personnalité et son style.


Pour développer ses thèmes, le réalisateur a décidé de développer cette rencontre, d’abord entre une jeun e chanteuse dont la carrière commence à se lancer, et une autre dont la carrière est elle au point mort depuis plus de dix ans et qui s’est enfermée dans une spirale où la solitude et les blessures des temps anciens viennent lui torturer l’esprit. Un personnage que le réalisateur va créer en s’inspirant d’icones du rock telles que Catherine Ringer, Patti Smith ou encore Marianne Faithfull. Ce qui surprend dans le scénario c’est un d’abord un certain classicisme dans sa construction ou dans sa peinture de personnage, mais également une véritable empathie pour chacun que ce soit dans ses failles comme dans ses qualités. Jamais totalement dans l’irrévérence en ce qui concerne ses inspirations, on sent que le personnage de Daredjane fut construit comme l’image que l’on se fait d’une star vieillissante, mais le réalisateur y montre tout de suite les faiblesses et les blessures qui ont construit ce personnage.


C’est ensuite à la rencontre que s’attèle le réalisateur, et là encore, il ne va pas apporter de jugement, il va, au contraire dessiner ses deux héros venus tous les deux de deux mondes radicalement opposés, pour mieux les faire se télescoper et s’apprivoiser. Nous sommes dans une comédie romantique, une attirance va évidemment se faire, mais comme nous sommes chez Michel Leclerc, les choses ne sont pas facilitées par cette différence de classe sociale qui fait que les priorités de l’un ne sont jamais celle de l’autre et encore moins les goûts musicaux ou artistiques en général. Tout est soigné dans la mise en scène comme dans l’écriture et « Les Goûts et les Couleurs » ne se limite pas à une simple histoire assez commune ou une femme rencontre un homme, c’est beaucoup complexe, beaucoup plus subtile et c’est ce qui rend l’ensemble particulièrement captivant.


Pour donner corps à ses personnages, le réalisateur a su s’entourer de trois acteurs au jeu maitrisé et sensible : Felix Moati qui avait déjà été dirigé par Michel Leclerc dans « Télé Gaucho » et qui sait donner à son héros une véritable profondeur. Judith Chemla (Les Choses Humaines) qui, non seulement interprète une Daredjane charismatique et touchante, mais en plus découvre un talent de chanteuse particulièrement maitrisé. Et puis bien sur l’héroïne du film interprété par Rebecca Marder (La Daronne) qui se love dans son personnage de jeune chanteuse sensible et touchante et nous hypnotise de son charme durant tout le film.