Elvis
Sortie:
22/06/2022
Pays:
USA
Genre:
Durée:
169 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Elvis

Verdict: Chef D’oeuvre

par: Emmanuel Galais



La vie et l'œuvre musicale d'Elvis Presley à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker. Le film explorera leurs relations sur une vingtaine d'années, de l'ascension du chanteur à son statut de star inégalé, sur fond de bouleversements culturels et de la découverte par l'Amérique de la fin de l'innocence.


Baz Luhrman est un réalisateur atypique, ce n'est rien de le dire. Mais le terme s'il n'est pas galvaudé, il est à prendre dans le bon sens du terme. Car ceux, et ils sont nombreux qui ont fondu devant « Roméo + Juliette » en 1996, ceux qui ont pleuré avec « Moulin Rouge » en 2001 ou encore se sont laissé embarquer par la démesure de « Gatsby le Magnifique » en 2013, n'en pouvaient plus de cette attente, et trépignaient d'impatience à l'idée de plonger à nouveau dans cet ascenseur émotionnel que provoque une œuvre de Luhrman. Du coup, la rencontre entre le King Elvis Presley et le réalisateur Australien ne pouvait que laisser espérer de grandes choses.


Et de grandes choses, il est bien question, puisque Baz Luhrman ne fait rien comme les autres et son biopic ne ressemble en rien à un biopic traditionnel. D'abord parce qu'il ne cherche pas à raconter à la virgule près l'histoire du King, il va au contraire l’utiliser pour donner un sens à son propos et détourner l'histoire pour parler également de l'histoire de cette Amérique des années 50 qui n'est pas si éloignée que ça de celle de maintenant et qui vécue bien des tourments avec les assassinats de Martin Luther King et de Bob Kennedy, par exemple. Tout y passe : Le puritanisme, le désir, la naissance d'un mythe et sa chute jusqu'à renaissance. Comme pour bien marquer sa différence, Luhrman démarre son récit à Las Vegas et non pas à Memphis comme la plupart des biopic classiques sur Elvis Presley. Ensuite, le réalisateur va centrer son propos sur la relation entre le chanteur et son mentor le Colonel Parker. Une relation qui peut ressembler à celle de Frankenstein et de sa créature. Parker voit en Elvis l'occasion de changer le monde de la musique, de l'Entertainment, il va construire le mythe, le presser le fruit jusqu'à la dernière goutte, l’utiliser pour éponger ses dettes et le manipuler lorsque ce dernier va vouloir s’émanciper.


Jamais dans la demi-mesure, Luhrman centre son propos sur une relation toxique où chacun est lié à l’autre. Le départ de l’un risquant la perte de l’autre. Comme à son habitude le réalisateur signe une mise en scène époustouflante, bouillonnante de mille feux avec un début très énergique, une sorte de puzzle en vrac, dont chaque pièce va finalement recouvrer sa place dans la narration et nous offrir une œuvre d’une puissance rare. Il suffit de voir la première apparition scénique pour confirmer que nous sommes chez le réalisateur Australien, avec ses jeunes filles hypnotisées par le déhanché de la future star. Biopic sur Elvis Presley oblige, la musique est une part importante du fim comme dans chaque œuvre de Lurhman. Ici si les chansons du King son majoritaires mais le réalisateur ose, comme toujours, les mariages divers, et parfois au détour d’un plan, le rap s’invite comme pour mieux signifier cette importance du R’n’B dans la construction de l’œuvre de Presley.


Enfin, nous ne pouvons pas clore cette chronique sans parler des deux interprètes principaux que sont d’abord Tom Hanks (Il Faut Sauver le Soldat Ryan) dans le rôle du Colonel Parker. La star est imposante dans un personnage à la fois tout en bonhomie et en manipulation. L’acteur qui a rarement joué sur ce terrain-là semble s’y trouver à l’aise et trouve la tonalité juste pour jouer sur les deux tableaux. Face à lui Austin Butler, un jeune assez peu connu, malgré une carrière déjà bien fournie dans laquelle on retrouve notamment : « Il était une fois Hollywood » de Quentin Tarantino, qui se laisse totalement imprégner par l’esprit d’Elvis Presley mais parvient à lui donner une incroyable mélancolie, particulièrement vers la fin du film et une énergie débordante pour se lancer dans un mimétisme redoutablement efficace.