Close
Sortie:
01/11/2022
Pays:
Belgique
Genre:
Durée:
105 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Close

Verdict: Chef D’oeuvre

par: Emmanuel Galais



Léo et Rémi, 13 ans, sont amis depuis toujours. Jusqu'à ce qu'un événement impensable les sépare. Léo se rapproche alors de Sophie, la mère de Rémi, pour essayer de comprendre…


Parler de l'amitié entre garçons n'est pas chose aisée. Soit on se lance dans de la comédie testostéronée, soit on se lance dans une sorte de satire sur le thème du harcèlement et de l'homosexualité. Dans « Close » de Lukas Dhont, il n'y a rien de tout cela, il y a simplement deux garçons Léo et Rémi, inséparables, qui vivent dans leur bulle, mais que le regard des autres va séparer. Car le réalisateur, qui avait déjà fait sensation avec « Girl » en 2018, fait preuve, une nouvelle fois, d'une très grande sensibilité pour aborder son sujet. Car, ici les garçons ont créé un lien d'amitié fusionnelle qui les fait tout partager à cet âge où le regard des autres n'est pas encore une tannée et où les jeux rythment le quotidien. 


Mais c'est également l'âge charnière où l'on commence à se chercher une identité, une case où se placer et où l'on doit apprendre à apprivoiser les autres. Léo et Remi l'apprennent au détour d'une seule question qui va faire chavirer leur navire d'innocence et d'insouciance. Avec une subtilité évidente, le réalisateur, qui a également signé le scénario avec son comparse Angelo Tijssens (Girl), ne va pas chercher à choquer ou à poser des questions que seuls les adultes se poseraient, il va se mettre à hauteur des enfants et ne jamais chercher à en sortir, pour que toute question inappropriée ne vienne pas court-circuiter les pensées ou les questionnements des deux garçons. Efficace et touchant, le film interroge, mais émeut surtout lorsque l'on suit la déchirure et la détresse de ces enfants. En tant que parent on ne peut être indifférent à leur détresse et même sans être parent, la finesse d'écriture et la subtilité avec laquelle le réalisateur amène chaque étape de son récit ne peuvent empêcher l'émotion de nous submerger.


Et c'est dans sa mise en scène également que le réalisateur nous cueille. Car là aussi, il reste à hauteur d'enfants, il ne lâche jamais leurs regards et laisse souvent les silences de quelque nature s'installer. On y voit toutes les fêlures, toutes les émotions s'y engouffrer et surtout, le réalisateur parvient à capter ce subtil changement de l'enfance à l'adolescence et ces « a prioris » venus des adultes qui viennent pervertir les beautés de cette innocence et de cette pureté. Lukas Dhont maintient un rythme permanent pour ne pas nuire à son propos et n'hésite pas à prendre sa caméra à l'épaule pour mieux illustrer ce chamboulement violent qui vient secouer les deux héros.


Pour donner corps à ses personnages, Lukas Dhont à choisi deux jeunes acteurs débutants : Gustav De Waele dans le rôle de Remi et Eden Dambrine dans celui de Léo. Et si le premier nous touche par sa sensibilité et sa présence solaire qui garde une touche de tristesse, c'est évidemment le deuxième qui catalyse toutes nos émotions, puisque l'intrigue s'articule, principalement autour de lui et l'enroule comme une corde pour arriver à un final déchirant. Le gamin est percutant dans son jeu, son regard est profond et puissant et son émotion est palpable comme rarement chez un acteur de cet âge. Le jeune acteur ne se laisse pas impressionner par les adultes et se hisse au-delà des acteurs de son âge qui partage un bout de l'intrigue.


Après avoir reçu la Caméra d'or à Cannes en 2018 pour son film « Girl », Lukas Dhont est reparti avec le Grand Prix du Festival de Cannes en 2022, pour « Close ». Rarement un prix n'aura autant été mérité, tant le scénario, la mise en scène et surtout la distribution font preuve d'une sensibilité et d'une justesse. Ce film est une sensation dans tous les sens du terme, et nous propose de poser un regard différent sur l'amitié entre garçons. Un regard plein d'amour et d'innocence qu'il faudrait défendre à tous les prix.