The Fabelmans
Sortie:
22/02/2023
Pays:
USA
Genre:
Durée:
151 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

The Fabelmans

Verdict: Chef D’oeuvre

par: Emmanuel Galais





Portrait profondément intime d’une enfance américaine au XXème siècle, The Fabelmans de Steven Spielberg nous plonge dans l’histoire familiale du cinéaste qui a façonné sa vie personnelle et professionnelle. À partir du récit initiatique d’un jeune homme solitaire qui aspire à réaliser ses rêves, le film explore les relations amoureuses, l’ambition artistique, le sacrifice et les moments de lucidité qui nous permettent d’avoir un regard sincère et tendre sur nous-mêmes et nos parents. Passionné de cinéma, Sammy Fabelman passe son temps à filmer sa famille. S’il est encouragé dans cette voie par sa mère Mitzi, dotée d’un tempérament artistique, son père Burt, scientifique accompli, considère que sa passion est surtout un passe-temps. Au fil des années, Sammy, à force de pointer sa caméra sur ses parents et ses sœurs, est devenu le documentariste de l’histoire familiale ! Il réalise même de petits films amateurs de plus en plus sophistiqués, interprétés par ses amis et ses sœurs. Mais lorsque ses parents décident de déménager dans l’ouest du pays, il découvre une réalité bouleversante sur sa mère qui bouscule ses rapports avec elle et fait basculer son avenir et celui de ses proches.


Comme toujours chez Steven Spielberg, il y a de l’humanisme, une envie de poser un regard optimiste sur le monde en devenir. Mais surtout le réalisateur a su s’inspirer de ses propres valeurs pour distiller de ci de là des messages, ou sa vision des choses à travers son parcours personnel. Avec « The Fabelmans », Steven Spielberg, se livre, parle de lui, de son enfance, de ses parents, de sa famille dysfonctionnelle, de sa religion et surtout de sa passion pour le cinéma. Car « The Fabelmans », même si, de l’aveu même du réalisateur, ne parle pas que de lui, est un film qui s’inspire énormément de sa jeunesse, au point que le réalisateur en fut touché pendant le tournage. Lui qui n’avait plus écrit de scénario depuis « AI Intelligence Artificielle » en 2001, et qui le fit assez peu durant sa carrière (Sugarland Express en 1974 et Rencontre du 3ème type en 1977) préférant laisser le autres le faire à sa place, s’est investi avec son complice depuis « Munich » en 2005 : Tony Kushner. Les deux hommes ont travaillé ensemble et ont permis à ce projet de longue date dans l’esprit de Spielberg, de voir le jour.


Et autant dire qu’il est bon d’attendre, car le film « The Fabelmans » est une excellente œuvre du réalisateur qui y met une multitude de souvenirs, mais pas seulement. Il pose un regard conscient sur ces femmes qui ont du renoncer à leur carrière, pour s’occuper de la maison, des enfants et éventuellement du mari. Des femmes victimes d’un système patriarcal qui ne leur a pas laissé beaucoup de place. Il s’interroge également sur cette opposition entre l’esprit insouciant de l’artiste et celui plus cartésien du scientifique. Mais contrairement à beaucoup de réalisateur qui aurait tendance à chercher le mélo à tout prix en appuyant sur les blessures, le réalisateur, lui, n’enfonce pas le clou, au risque de paraître un peu trop léger sur son sujet, mais construit au contraire, une œuvre qui de devient une grande leçon d’humilité et d’amour qu’il nous donne dans la peinture de cette famille. Car il y a du bonheur, il y a de la joie, des tensions, mais aussi une envie de toujours vouloir aller plus loin de réaliser ses propres rêves, de ne jamais confondre Passion et Hobby.


Steven Spielberg se livre, mais n’en n’oublie pas non plus de peindre une Amérique, telle qu’il l’a vit et telle qu’il l’a vue, avec ses beautés et ses défauts, ses valeurs et ses démons. De la même manière que dans tous les films de sa carrière, « The Fabelman » peint une Amérique toute en nuance, mais sans jamais sombrer dans l’obscurantisme en ayant toujours cette confiance en l’humain qui finit toujours pas trouver le bon chemin et sait se jouer des obstacles pour peu qu’il ait envie d’aller au bout de ses ambitions. Et lorsqu’il parle de la cellule familiale, sa plus grande blessure et son thème le plus récurrent, il ne cherche pas à être incisif, ni à pointer du doigt une faute de l’un ou de l’autre, il montre simplement deux êtres qui se sont aimés et s’aiment encore, mais d’une autre manière, qui fait que leur route se sépare, sans pour autant sombrer dans la guerre des tranchées. Ici, la mère souffre d’avoir abandonné sa carrière et du manque de folie de son mari. Ce dernier est obsédé par son travail et son devoir de subvenir à sa famille pour qu’elle ne manque de rien. Deux visions, une même souffrance intérieure.


Et au milieu les enfants qui doivent se construire et apprendre à surmonter les changements, les obstacles et parfois la vérité qui effraye. D’ailleurs, dans sa mise en scène, Steven Spielberg multiplie les clins d’œil à sa carrière à certaines de ses œuvres iconiques : « E.T. », « Indiana Jones » et « Rencontre du 3ème type ». des films dans lesquels le réalisateur a mis le plus de lui. « The Fabelmans » est un film touchant, drôle, et qui donne envie, quelque soit son âge, d’avancer dans ses rêves et pourquoi pas, de reprendre ceux que nous avions laissé de côté, par découragement ou par dépit.