Durant leurs études, Patrick et Art, tombent amoureux de Tashi. À la fois amis, amants et rivaux, ils voient tous les trois leurs chemins se recroiser des années plus tard. Leur passé et leur présent s’entrechoquent et des tensions jusque-là inavouées refont surface.
Depuis « Call me by your name », le réalisateur Luca Guadagnino, nous a habitué à un cinéma varié dans lequel, il dissèque les sentiments dans de nombreux styles, on se souvient de « Bones and All » dans lequel il retrouvait Timothée Chalamet (Wonka). Chaque fois, le réalisateur nous entraine dans un univers bien spécifique et y plonge ses personnages, comme pour mieux les pousser dans leurs retranchements les plus ultimes, pour en faire ensuite sortir ce qu’il en attend. Ce fut la danse et les corps de ballet dans « Suspiria » en 2018, l’écriture et la fin de vie dans « The Staggering Girl » en 2023, ou encore l’isolement vécue par deux adolescents sur une base militaire dans sa série « We Are who we are » en 2020. Cette fois-ci dans « Challengers », c’est le monde du tennis, et son besoin de se dépasser pour gagner qui va être le théâtre de cette nouvelle variation sur le thème du triangle amoureux.
Le dramaturge Justin Kuritzkes, qui signe ici son premier scénario, fut, au tout début, inspiré par un match entre Serena Williams et Naomi Osaka en 2018, qui avait créé la polémique, par le comportement de la tenniswoman qui avait accusé l’arbitre de racisme. Parti de là, l’auteur s’est donc penché sur les règles du Tennis et en a tiré son scénario de « Challengers », dans lequel, deux joueurs, anciennement amis proches et accessoirement amoureux de la même fille, se retrouvent pour la final d’un match, dont chacun a quelque chose de plus à gagner qu’une coupe. Si le scénario peut paraître assez simple, comme cela, sa structure en flash-back permanent, peut vite apparaître comme un véritable supplice pour le spectateur, qui, souvent, se perd dans les époques.
Ajoutez à cela la mise en scène de Luca Guadagnino, qui ne cesse d’accélérer, le tempo et de multiplier les effets pour donner un rythme à son film. En fait, le réalisateur, à trop vouloir utiliser les ralentis ou les effets de caméras, parfois intéressants comme celui de se mettre à la place de la balle, finit par perdre le principal argument de son propos : Le triangle amoureux, dont le pivot est cette jeune fille, Tashi, autour de laquelle vont tourner et s’opposer les deux garçons : Patrick et Art. Le problème dans tout cela, c’est que par un défaut d’inspiration ou d’inventivité, deux sujets qui pouvaient se compléter à merveille, viennent, au contraire, se cannibaliser. Car lorsque le réalisateur appuie, par une multitude de plans aux ralentis, sur les visages, les membres, les regards ou les gestuelles des personnages, il use le spectateur qui commence petit à petit à décrocher, d’autant que la structure en flash-back, imbriqué les uns dans les autres, vient considérablement plomber l’attention du spectateur. Et surtout l'on finit par ne plus savoir de quel sujet parle le film : le Tennis ou le Triangle Amoureux ?
Même Zendaya (Euphoria) semble au minimum de son talent, et se limite à un jeu assez linéaire, qui manque cruellement de nuances, d’autant que son personnage passe de l’adolescence à la trentaine, d’un plan à un autre et que même si les maquilleurs, ont tenté d’apporter des nuances sur son visage ou sur sa peau, la différence est tellement imperceptible qu’elle ne marque pas suffisamment le changement. Face à elle, Josh O’Connor (The Crown) et Mike Faist (West Side Story), font le job, mais hormis, Mike Faist qui tente e se démarquer par un jeu plus en retenue, mais beaucoup plus en nuance, rien ne vient soulever de joie, l’audience, qui se demande bien, après une conclusion ouverte à l’interprétation, ce que ce film a bien pu apporter, que ce soit sur le Tennis et ses valeurs ou son abnégation nécessaire pour être au plus haut niveau ou au triangle amoureux qui, ne semble pas être plus original que tout ce que l’on a vu déjà dans de bien meilleures inspirations.