The Fall Guy

Verdict: Très Bon

par: Emmanuel Galais



C'est l’histoire d’un cascadeur, et comme tous les cascadeurs, il se fait tirer dessus, exploser, écraser, jeter par les fenêtres et tombe toujours de plus en plus haut… pour le plus grand plaisir du public. Après un accident qui a failli mettre fin à sa carrière, ce héros anonyme du cinéma va devoir retrouver une star portée disparue, déjouer un complot et tenter de reconquérir la femme de sa vie tout en bravant la mort tous les jours sur les plateaux. Que pourrait-il lui arriver de pire ?


Dans les années 80, Lee Majors était une star de la Télévision avec des séries comme « L'homme qui valait 3 milliards » dans lequel il jouait un homme Bionique, dont tous les gamins rêvaient d'égaler les capacités physiques en imitant la sonorité si reconnaissable dans les cours de récréations. Pendant 5 saisons, l'acteur va sauter, courir et battre des méchants. Après l'arrêt de la série de science-fiction, Lee Majors va revenir après quelques passages dans d'oubliables films cinés, au haut de l'affiche avec « L'homme qui tombe à pic », une série dans laquelle il interprète Colt Seavers, un cascadeur qui, pour arrondir ses fins de mois, va proposer ses services comme chasseur de prime et rattraper des fugitifs avec des méthodes toutes droits venus de ses talents artistiques. Sur 5 saisons, comprenant 23 épisodes, chacune, l’acteur va ravir son public et le tenir en haleine, avec un sens de la mise en scène comprenant humour et action. 
Alors, en attendant le serpent de mer qu'est l'adaptation cinéma de « L'homme qui valait trois milliards », c'est donc « L'homme qui tombe à pic » qui se voit honorer de sa version cinéma, sous la direction de David Leitch, le réalisateur du très remarqué « Bullett Train » en 2022. Et autant le dire tout de suite, l'entreprise est particulièrement bien réussie. Le réalisateur profite d'un scénario signé Drew Pearce (Godzilla), qui reprend les bases de la série créée par le showrunner de génie que fut Glenn A. Larson, créateur de « Magnum », « K2000 » ou encore « Manimal ». Mais Pearce va décider de raconter une histoire qui serait à l'origine de la série. Si l'histoire en elle-même n'est pas révolutionnaire, elle a le mérite de s'inscrire dans la droite lignée de son modèle et d'être, par la même occasion, un formidable hommage au métier de cascadeur.


Il faut dire que David Leitch, avant, d’être réalisateur fut, tout d’abord Cascadeur sur de nombreuses productions comme « La Vengeance dans la peau » de Paul Greengrass en 2007, ou encore « Tron L’Héritage » de Joseph Kosinski en 2010, le nombre de films auxquels le réalisateur a prêté ses talents de cascadeur est longue et, il est d’ailleurs amusant de chercher tous les « Easter eggs » (Hommages ou références Cachées) qui fourmillent dans le film, que ce soit en rapport avec le réalisateur ou avec l’acteur Lee Majors, comme le son de Steve Austin utilisant ses pouvoirs bioniques qui se déclenche dans une scène du film, ou encore une prise d’un des personnages qui porte le nom d’un héros auquel le réalisateur a prêté ses talents. Mais au-delà de la corde nostalgique, c’est surtout l’ambition du film qui surprend. Car toute la mise en scène va tourner autour du métier de Cascadeur et mettre en scène, ce qui n’est pas si évident, tous les styles de cascades que sont amenés à faire les professionnels sur les tournages : La Torche Humaine, les sauts dans le vide, les passages à travers les fenêtres, etc….


Ici tout est exagéré, évidemment, mais au-delà de cela c’est bien l’osmose qui règne dans ce film et l’énergie qui le porte qui font mouche. On se laisse aller à ces moments de bravoures que l’on dévore avec délectation, on aime rire de l’humour qui est le maître mot de l’intrigue, un film qui rend hommage à une profession capitale, particulièrement à Hollywood, et qui sait la mettre en valeur parfaitement maitrisée où les plus grands noms ont participé au tournage et où tout est fait pour que le public en redemande et en ressorte avec « La Banane ». Et c’est le cas ! D’autant que le couple formé par Ryan Gosling (Drive) et Emily Blunt (Oppenheimer), fonctionne merveilleusement bien. Le premier, particulièrement impliqué dans son rôle, au point d’en assurer une bonne partie des cascades (Celle qu’il pouvait raisonnablement réaliser, lui-même !), mais aussi en qualité de producteur, a su trouver toute la force de son personnage et l’équilibre subtile entre crédibilité et auto-dérision. Quant à l’actrice, elle ne se laisse pas démonter par son partenaire et sait s’imposer dans un personnage entre la Glace et le Feu, et parvient largement à tirer son épingle du jeu et à trouver la bonne tonalité pour donner de la force et de la subtilité à son personnage. Il est également bon de préciser que Lee Majors figure également au générique, à vous de le trouver.


« The Fall Guy » est un film d’action brillant qui se veut, avant tout, un hommage réussit au métier de cascadeur, que la série « L’Homme qui tombe à pic » avait eu tendance à oublier au bout de quelques saisons. Ici, l’histoire nous entraine dans un délire d’action et d’humour subtil, où chacun trouve sa place et offre un bel écrin à ce métier de l’ombre, pourtant si important dans bons nombres de productions. On en sort avec un large sourire qui prouve le plaisir que l’on a pris à suivre les mésaventures de ce cascadeur, amené à retrouver un acteur disparu.