The Summer With Carmen
To kalokairi tis Karmen
Sortie:
19/06/2024
Pays:
Grèce
Genre:
Durée:
106 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

The Summer With Carmen

Verdict: Très Bon

par: Emmanuel Galais



Démos, un Grec ténébreux à la sexualité débordante, passe son été sur les plages d’Athènes avec son ami de longue date, Nikitas. Ensemble, ils tentent d’écrire un scénario inspiré de leur vie tumultueuse, surtout celle du beau Démos, au cœur écorché par sa dernière rupture…


S’il y a bien une chose que nous ne pouvons pas reprocher à « The Summer with Carmen », troisième long métrage du réalisateur Grec, Zacharias Mavroeidis (The Guide), c’est de mentir sur son sujet. Cet artiste au parcours incroyable : Etude d’Architecture en Thessalonique, de Théâtre à Madrid, d’écriture de Scénario à Cuba et de réalisation à Athènes. Diplômé de Berlinale et de Sarajevo Talents a su trouver son style tout en s’en écartant, également. Son premier film fut projeté dans tous les festivals LGBTQ+ du monde entier, quand le second « Defunct » remporta le prix du jeune jury et du Public au Festival International de Thessalonique et le Prix du Meilleur Film de KINENOVA IFF 2020. Autant dire que le réalisateur n’est pas réellement un jeune débutant qui fonce tête baissée. Et ce « The Summer With Carmen » en est la preuve la plus évidente. Le réalisateur, signe ici, une œuvre subtile où une grande partie de ses plans met en valeur les corps masculins comme des photos ou des peintures. La luminosité du paysage grecque n’étant qu’un apport naturel à ces peintures mouvantes que le réalisateur propose. Devant sa caméra, les personnages ressemblent à des statues de la Grèce Antique, impudiques et terriblement troublants.


Sur un scénario qu’il a signé avec son meilleur ami, Xenofon Chalatsis, le réalisateur nous plonge dans une histoire dans l’histoire, ou plus précisément un film dans le film. Avec une idée intéressante, celle de mélanger la vie personnelle des protagonistes avec celle de leurs personnages dans le scénario qu’ils écrivent. Et la manière dont le réalisateur va s’y prendre est assez surprenante, d’abord parce qu’il va mettre en scène une amitié en deux personnages Gay, sans aucune attirance cachée, ni sans compétition d’aucune sorte. Mavroeidis va alors mettre en lumière les difficultés de son héros à se remettre d’une séparation. Le film va ainsi se construire entre fiction et fiction. C'est-à-dire que les scènes des héros en pleine réflexion sur la plage vont alterner avec d’autres sur l’intrigue qu’ils sont en train d’écrire. Le film qu’ils ont en tête se matérialisant alors devant nous. Intelligemment écrit et parfaitement maitrisé, ce film vient donner un nouveau souffle au cinéma Queer, en sortant des éternels schémas préfabriqués auxquels nous sommes désormais habitués. L’amitié entre les deux héros et la rupture étant la base même de ce renouvellement. Espérons qu’un jour le cinéma Queer sorte de la comédie ou du drame sentimental pour enfin réellement se renouveler et l’on pourra considérer définitivement « The Summer With Carmen », comme le film qui ouvrit la porte à l’émancipation du cinéma LGBTQ+.


Bien sûr, mais jamais de façon gratuite, le réalisateur va mettre en scène des scènes de sexe, que ce soit sur l’île, ou que ce soit dans l’intimité des héros du scénario. Peut-être pour choquer, mais en tout cas toujours avec un sens de l’esthétique, qui puisse ne jamais mettre le spectateur en position de voyeurisme. Zacharias Mavroeidis filme le désir, le sexe et la passion en les confrontant aux doutes et aux réflexions de ses héros avec une subtilité remarquable qui rend son film captivant. Car avant tout, ce qui ressort de « The Summer with Carmen » c’est la beauté des plans et de la mise en scène soignée du réalisateur, qui ne cherche pas la complexité mais plutôt à mettre en valeur se sujets, que ce soient les corps ou les environnements. « The Summer With Carmen » est un film d’une beauté renversante qui vient donner un nouveau souffle au cinéma Queer et lui apporte une manière d’exposer ses réflexions, différentes du schéma habituel. Espérons que cela donne envie à d’autres réalisateurs de lui emboiter le pas.