Sur une période de 15 ans avant et après la Guerre de Sécession. L'expansion vers l'Ouest est semée d'embûches qu'il s'agisse des éléments naturels, des interactions avec les peuples indigènes qui vivaient sur ces terres et de la détermination impitoyable de ceux qui cherchaient à les coloniser...
Cela faisait 20 ans que Kevin Costner ne s'était remis derrière la caméra. Son dernier film : « Open Range », déjà un western, nous avait laissé un peu sur notre faim. Pourtant dès sa première réalisation : « Danse avec les Loups » en 1991, un coup de génie d'une telle virtuosité que le réalisateur ne parviendra jamais à reproduire, Costner montrait sa sensibilité pour l'époque fondatrice des États-Unis, celle des colons qui partirent à l'assaut du grand Ouest dans l'espoir d'y trouver une vie meilleure, mais qui ne se soucièrent pas trop de ce qu'en pensait les premiers locataires : Les Indiens. D'ailleurs Kevin Costner participa à la série documentaire « 500 Nations » de Jack Leustig, réalisée en 1995, et qui revenait sur l’histoire de ces peuples d'origines de cette terre que l'on appela l'Amérique. Il était donc cohérent que, 20 ans après sa dernière réalisation, Kevin Costner revienne à son premier amour, le western, ou pour être plus précis : L'histoire de ces colons fondateurs.
Présenté à Cannes le mois dernier, « Horizon » a un point commun avec le « Mégalopolis » de Coppola, il est quasiment entièrement financé par les propres deniers du réalisateur qui a même hypothéqué sa propriété pour pouvoir donner corps à sa vision. Mais au fait ça parle de quoi, exactement, « Horizon » ? Et bien il y a plusieurs histoires en une : Il y a celle des colons qui viennent s'installer autour d'une rivière et qui se font massacrer par des Indiens, mécontents de voir des squatters sur leurs terres. Dix ans plus tard, une nouvelle colonie vient s'installer, et se fait encore massacrer par des Indiens, ces derniers divisés cette fois ci. Mais cette fois-ci les survivants vont faire appel à la cavalerie, pendant que d'autres, plus assoiffés de vengeance et de sang, vont pourchasser les auteurs de ce massacre. Plus loin, ailleurs dans un territoire enneigé, une femme tue son mari violent et s'enfuit pour tenter d'échapper à la famille qui veut se venger, et puis il y a la prostituée qui garde un secret et rencontre Kevin Costner, dont on ne sait pas trop ce qu'il vient faite dans tout ça, mais qui va prendre sous sa protection la jeune femme. Cela fait beaucoup de choses à digérer, mais Costner prend son temps (3 heures de film, une deuxième partie à venir en décembre), et offre des moments d'anthologie, à commencer par l'attaque de nuit de la colonie, dont on sent la virtuosité du réalisateur à m'être en scène le mouvement. Seulement, sur trois heures de film, on espérait un scénario plus solide, avec plus de matière et moins de longueur. Car le film a tendance à beaucoup alterner moments de bravoure et dialogues inutiles qui viennent alourdir le rythme du film. Comme si Kevin Costner avait voulu tout dire et en même temps garder de la matière pour la suite. Un choix difficile qui se ressent sur la mise en scène.
Car si le réalisateur prouve, une nouvelle fois sa capacité à réaliser un film épique qui soit, à la fois un western et une sorte de film hybride avec de l'histoire et de la romance, nous nous perdons tout de même dans un manque de placement de point de vue, car sa mise en scène alterne, un peu trop rapidement les séquences, un peu comme dans une série télé, et empêche, de ce fait, le spectateur de souffler et de digérer ce qu'il vient de voir pour mieux en assimiler le point de vue. Veut-il parler des Colons en se mettant de leur point de vue ? Faire un film sur la force des femmes, les premières victimes de la colonisation du Far-West ? Ou encore veut-il parler de ces rapports compliqués et violents entre les colons et les Indiens ? Comme le projet est d'ores et déjà annoncé comme étant une saga de trois ou quatre films, nous nous disons que le réalisateur seme ses indices pour mieux ensuite les développer dans la deuxième partie.
Il n'en demeure pas moins que Kevin Costner, revient à un niveau très élevé de mise en scène et « Horizon » s'il peut paraître inégale n'en demeure pas moins une œuvre épique, romanesque, qui met en valeur les paysages grandioses de l'ouest Américains., et dont le sujet est parfaitement maîtrisée par Costner qui est un véritable passionné de cette période trouble et ambiguë où des hommes et des femmes pleins d'espoirs se sont installés sur les terres de ceux qui y habitaient avant eux, sans se soucier réellement de comment pouvait se passer une parfaite cohabitation. Un premier film qui laisse beaucoup de questions, mais que la surcharge d'images des films à venir, qui sert de conclusion, laisse entrevoir que le réalisateur a bien l'intention d'y répondre. A suivre donc !