Gladiator II
Sortie:
11/11/2024
Pays:
USA
Genre:
Durée:
150 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Gladiator II

Verdict: Excellent

par: Emmanuel Galais



Des années après avoir assisté à la mort du héros vénéré Maximus aux mains de son oncle, Lucius est forcé d'entrer dans le Colisée lorsque son pays est conquis par les empereurs tyranniques qui gouvernent désormais Rome d'une main de fer. La rage au cœur et l'avenir de l'Empire en jeu, Lucius doit se tourner vers son passé pour trouver la force et l'honneur de rendre la gloire de Rome à son peuple.


24 ans, c’est plus que ce qui sépare « Star Wars Episode IV » (1977) de « Star Episode I » (1999), pour un Georges Lucas très en dessous de ce qu’il avait créé 22 années plus tôt. 24, ans, donc, c’est le temps qu’il aura fallu à Ridley Scott pour donner naissance à « Gladiator II ». Et dire, que cette suite était attendue est bien évidement un euphémisme, tant le premier opus avait marqué, les esprits. Seulement avec un rythme de production de 1 à 2 films par an, sans parler des séries TV et des documentaires, et j’en passe et des meilleurs, nous pouvions, logiquement croire que le réalisateur d’« Alien le Huitième Passager » avait vu son aura et sa créativité émoussées, d’autant que ces derniers films n’avaient pas forcément fait l’unanimité. « Napoléon » (2023), amputé de plus d’une heure et demie de sa version originale donnait une fresque bâclée, « Le Dernier Duel » (2021), malgré toutes ses qualités n’avait pas trouvé son public, tout comme « House of Gucci » (2021).


Mais avec « Gladiator II », Ridley Scott remet les compteurs à zéro et nous prouve qu’il a encore beaucoup de choses à dire et que sa créativité autant que son audace, est toujours intact. Comme pour le premier opus, il a fait reproduire avec un soucis remarquable le célèbre colisée de Rome. Mais c’est avant tout, le scénario, qui met tout le monde d’accord ! C’est à David Scarpa, qui a travaillé avec le Réalisateur sur « Tout L’argent du Monde » en 2017 et sur « Napoléon » en 2023, qu’est revenue la lourde tâche de créer une suite à un film majeur de l’histoire du cinéma américain et dont la fin ne laissait pas beaucoup de place à une suite. Et le piège était, bien évidemment, d’aller chercher des connexions obscures pour faire une redite du premier. Et il n’en n’est rien, car le scénario est solide, particulièrement bien documenté, et même si l’auteur a pris un certain nombre de libertés, par rapport au contexte historique et notamment sur l’histoire des deux empereurs Geta et Caracalla (Nous sommes chez Ridley Scott, l’esthétisme et le spectacle priment sur l’histoire avec un grand H), force est de constater que l’intrigue est captivante et s’inscrit dans une cohérence redoutablement efficace.


Et Ridley Scott ne lésine pas sur les effets de mise en scène comme la scène d’ouverture ou encore le reconstitution (un Brin exagérée !) d’une bataille navale dans le colisée, tout est fait pour nous captiver et nous faire passer les 2h30 de film sans que nous nous en rendions compte. On peut, bien évidemment, faire un parallèle avec la fin d’une ère et notre situation socio-politique actuelle, avec ces guerres de pouvoirs, ces besoins de revanche, ces peuples qui assistent à la fin d’un empire, mais ne se font plus entendre et la colère qui gronde inlassablement. Ridley Scott, nous livre, ici, un film parfaitement maitrisé qui nous plonge dans une reconstitution soignée d’une Rome Antique, avec une multitude de référence au premier opus, suffisamment légère pour qu’elles ne viennent pas alourdir le propos, fort heureusement.


Alors bien sûr, il y a l’ombre de Russel Crowe, ou plutôt de son personnage : « Maximus », qui plane en permanence sur l’intrigue, mais le casting est au meilleur de sa forme avec des prestations maitrisées et puissantes, à l’instar de Paul Mescal (Sans Jamais Nous Connaître), qui passe, ici, un cap et campe un personnage, dont je me garderais bien d’en dire trop, pour ne pas gâcher les surprises qui vous attendent tout au long du film. L’acteur impose un personnage physique, puissant et tout en subtilité. Face à lui on retrouve Denzel Washington (Fences) qui sort enfin de sa zone de confort et interprète, ici, Macrinus, un propriétaire de Gladiateurs, tout en complexité et en noirceur.  Le comédien est magistral et saisissant de précision dans un rôle difficile. Même chose pour Pedro Pascal (Madalorian) qui laisse le costume du chasseur de prime d’une Galaxie Lointaine, pour endosser celui du Général Acacius, un personnage en deux temps, dont l’acteur s’empare avec justesse et sans aucun faux-pas.



Pour conclure, il aura fallu attendre 24 années pour que Ridley Scott nous offre une nouvelle suite de son « Gladiator » sorti en 2000. « Gladiator II » met fin à une série d’échecs du réalisateur de 86 ans qui montre que ce dernier n’a strictement rien perdu de sa créativité et de son aura. Le scénario est solide, la mise en scène inventive et puissante (Ridley Scott reste le grand maitre des scènes de batailles et de combats) et la distribution est touchante et remarquable de précision.  Finalement ça valait le coup d’attendre 24 ans !