Conclave
Conclave
Sortie:
04/12/2024
Pays:
USA
Genre:
Durée:
121 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Conclave

Verdict: Excellent

par: Emmanuel Galais



Quand le pape décède de façon inattendue et mystérieuse, le cardinal Lawrence se retrouve en charge d’organiser la sélection de son successeur. Alors que les machinations politiques au sein du Vatican s'intensifient, il se rend compte que le défunt leur avait caché un secret qu'il doit découvrir avant qu'un nouveau Pape ne soit choisi. Ce qui va se passer derrière ces murs changera la face du monde.


Réalisateur de séries comme « The Terror » ou « Your Honor », mais aussi de longs métrages, dont une partie sont inédits en France, Edward Berger frappe fort avec « Conclave », adaptation du livre du même nom de Robert Harris. Ce dernier a d’ailleurs signé le scénario avec Peter Straughan (Le Chardonneret) et nous plonge dans les intrigues de pouvoir des cardinaux, qui, après la mort du pape, ambitionnent de prendre le poste de chef de l’Eglise Catholique. Ce qui est intéressant, d’abord, c’est cette manière dont le scénario tisse son intrigue, comme un thriller. Car des films comme cela, nous en avons déjà vu, comme « Anges et Démons » (2009) de Ron Howard, d’après le roman du même titre de Dan Brown où le Conclave n’est qu’un décor pour explorer les thèmes des sectes secrètes, ou encore « Habemus Papam » de Nanni Moretti, qui lui s’intéressait à la lourdeur de la charge que l’élu doit accepter de porter. « Conclave », quant à lui, va heurter ses personnages aux pouvoirs et à la place de la religion et de sa doctrine. Parfaitement maitrisé et redoutablement documenté, le film nous plonge au cœur de ce conseil extraordinaire, capital pour les actions de l’Eglise et pour porter les messages aux fidèles. 


Ici, et c’est peut-être, la seule chose qui peut perturber, et parce qu’il faut bien gratter un peu, cette réunion des cardinaux autour de l’élection du futur chef de l’Eglise Catholique est l’occasion pour chacun de mettre en avant sa vision de la foi et la direction qu’il veut tenir, qu’elle soit conservatrice ou rénovatrice. Et c’est au Doyen du Collège des Cardinaux de s’assurer de la bonne conduite de ce Conclave et du respect des valeurs que chacun doit porter. C’est d’ailleurs comme cela que les auteurs du scénario et le réalisateur ont fait évoluer le personnage de Doyen en sorte d’enquêteur en quête de vérité et en véritable pivot de cet édifice fragilisé par la mort de son chef. Mais parfois, à trop vouloir en dire, le discours à tendance à se diluer un peu, et le twist final, particulièrement réussit et d’une grande pudeur, vient jeter un trouble sur l’ensemble. Mais cela est anecdotique et nous laisserons les polémiques de bas étages s’en occuper. Car « Conclave » est avant tout un film réussit, dont la mise en scène est sans faux-pas et d’une inventivité folle, à l’instar de cette scène où les cardinaux arrivent dans une cour, sous la pluie, abrités par des parapluies blancs. Edward Berger, soigne ses plans, ménage ses effets et maintient une tension permanente jusqu’au bout du générique.


Et puis, bien sûr, il y a la distribution, Ralph Fiennes (Harry Potter) en Doyen, qui compose un Cardinal porté par sa charge et par l’envie de mener à tout prix ce conclave tout en gardant intacte l’intégrité de l’Eglise et en respectant les courant de pensées. L’acteur est puissant dans ses soupirs comme dans ses éclats contenus. Une précision de jeu toujours aussi remarquable. Face à lui on retrouve notamment Stanley Tucci (The King’s Man : Première Mission) toujours impeccable et John Lithgow (Killers of The Flowr moon) qui continue de cultiver son goût pour les personnages troubles. « Conclaves » est un choc scénaristique et visuel qui nous plonge avec beaucoup de précision et d’inventivité dans les coulisses de l’une des réunions les plus secrètes du monde. Un film à découvrir et un réalisateur dont on attend beaucoup sa prochaine adaptation des aventures de Jason Bourne. Dans tous les cas le rendez vous aux Oscars semble, d’avance, prit.