« Wicked » suit le parcours des sorcières légendaires du monde d’Oz. Elphaba, une jeune femme incomprise à cause de la couleur inhabituelle de sa peau verte ne soupçonne même pas l’étendue de ses pouvoirs. À ses côtés, Glinda qui, aussi populaire que privilégiée, ne connaît pas encore la vraie nature de son cœur. Leur rencontre à l'Université de Shiz, dans le fantastique monde d'Oz, marque le début d’une amitié improbable mais profonde. Cependant, leur rapport avec Le Magicien d'Oz va mettre à mal cette amitié et voir leurs chemins s’éloigner. Tandis que Glinda, assoiffée de popularité, se laisse séduire par le pouvoir, la détermination d'Elphaba à rester fidèle à elle-même et à son entourage aura des conséquences aussi malheureuses qu’inattendues. Leurs aventures extraordinaires au pays d’Oz les mèneront finalement à accomplir leur destinée en devenant respectivement la Bonne et la Méchante Sorcière de l'Ouest.
Première grosse sortie de fin d’année destinée à un public familial : « Wicked » de Jon M. Chu (Insaisissables 2), que nous pourrions traduire pas Malicieuse ou, dans le cas présent, « Méchante » est une nouvelle adaptation d’un roman inspiré du « Magicien d’Oz » de L. Frank Baum publié en 1900. Le roman de Grégory Maguire publié en 1995, a prit le parti de raconter l’histoire de la méchante Sorcière de l’Ouest. Et comme dans « Maléfique » (2014) de Robert Stromberg, ladite sorcière n’est pas née méchante mais ce sont les persécutions et les mensonges qui l’ont rendu comme cela. Adaptée déjà dès 2003 en comédie musicale par Stephen Schwartz à Broadway puis dans le West End de Londres, « Wicked » a suscité l’intérêt du cinéma dès 2004, mais le projet ne commença à se concrétiser qu’en 2012, pour une sortie prévue en 2016. La production ayant prit du retard, la sortie du film fut repoussée et remplacée par le « Cats » (209) de Tom Hooper (Pas sûr que ce fut une bonne idée du coup !). Finalement « Wicked » fut reprogrammé pour 2021, mais crise du Covid oblige, la production ne démarrera qu’en 2022, pour enfin voir le film sortir en cette fin d’année 2024.
Et le premier constat de cette comédie musicale à gros budget (145 Millions) dont la promotion fut lancée par Universal dès le début d’année 2024, avec un marathon promo de quasiment 9 mois pour les actrices principales : Ariana Grande (La Belle et la Bête (2019)) et Cynthia Erivo (Harriet (2019)), c’est que le studio joue gros et doit absolument assurer le triomphe de cette transposition de Comédie Musicale célébrée à Broadway et à Londres. Et pour commencer par le négatif, histoire de ne se concentrer que sur le positif par la suite, c’est, qu’encore une fois, les auteurs ne peuvent s’empêcher de sombrer dans les caricatures maintes fois resucées, comme la Blonde qui doit obligatoirement s’habiller en rose et voir sa vie de la couleur de panthère, être odieuse, égocentrique et superficielle. Le syndrome « Barbie » que Disney nous a servi par paquet de mille pendant des décennies de productions télévisées, semble avoir contaminé également Universal qui, ici, n’échappe pas à la règle. Ajoutez à cela une scène d’ouverture qui commence par : « Youpi elle est morte ! » et vous aurez déjà une sensation de malaise, puisque le film démarre après l’aventure de Dorothy dans le roman d’Origine.
Mais fort heureusement, les scénaristes Winnie Holzman (Roswell) et Dana Fox (Cruella) qui sont charger d’adapter le roman de Gregory Maguire, vont revenir à de meilleures inspirations en racontant l’histoire d’Elphaba, une enfant née d’un adultère, différente et rejetée par son père et par les autres en général. Et c’est là que le scénario commence à prendre de la substance en mettant au centre du débat l’acceptation de la différence et de tout ce qui fait que chacun est unique. Et pour mieux appuyer le trait, le personnage de Glinda, est volontairement dessiné comme superficielle, opportuniste et égocentrique (Le fameux syndrome Barbie). Car dans les premières minutes du film cette dernière apparaît comme quelqu’un de sympathique, mais le vernis va rapidement finir par craquer. Et avec une certaine maitrise, le scénario va doucement s’écarter du chemin habituel, de la jeune fille rejetée qui, par la cause de moqueries et de dépits amoureux, va devenir mauvaises, pour la transformer en un personnage idéaliste qui veut épouser la cause de ceux qui sont persécutés et se refuse à laisser la souffrance et le mensonge gagner la guerre de l’idéo. Pas sûr que le scénario ait été écrit dans ce sens, mais il semble étrangement résonner avec l’actualité du moment où le mensonge et l’oppression prennent le pas sur l’empathie et le respect des autres.
Et c’est la mise en scène de Jon M.Chu qui va tout changer, en amplifiant la gestuelle de Glinda par exemple dont il va jouer de son image caricaturale pour, encore plus, la rendre superficiellement drôle et source de méfiance, même lorsqu’elle décide de devenir l’amie d’Elphada. Visuellement le film est très beau et tout le budget apparaît à l’image avec des décors magnifiques et des effets visuels qui ne dégoulinent pas trop à l’écran. La CGI est certainement présente, mais ne vient pas, pour autant, prendre le pas de la mise en scène et de la dynamique du film. Bien sûr qui dit Comédie Musicale, dit Musique. Ici elle est signée par Stephen Schwartz, l’homme derrière les chansons de « Pocahontas » (1995) et « Le Bossu de Notre-Dame » (1996). Les paroles ont été écrites par John Powell, immense compositeur qui travailla sur « Shrek » (2001) ou encore « Happy Feet » (2006). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les nombreuses chansons du film permettent aux artistes de pouvoir faire preuve de leur technicité, mais qu’elles ne sont pas les plus renversantes ou les plus inoubliables que l’on ait peu entendre. Seules une ou deux sortent du lot, comme celle qui vient clore le film. Maintenant, la musique étant une affaire de goût chacun se fera une idée, mais l’ensemble brille par une certaine cohérence, tout de même, et les chorégraphies créées par Christopher Scott (Sexy Dance 2), offrent de bons moments de divertissement.
Pour Conclure « Wicked » est une comédie musicale de fin d’année honnête qui s’amuse des caricatures et aborde le sujet de la différence et du mensonge, en évitant les écueils habituels. Si nous pouvons regretter tout de même un syndrome Barbie toujours présent dans ce type de production, le metteur et en scène et les scénaristes parviennent à inverser la vapeur, en prenant tout à contre-pied. Ne reste que les musiques qui sont un peu pompeuses et pas forcément très entrainantes, mais l’association musiques et chorégraphies offrent un grand moment de divertissement. Et c’est comme cela que l’on peut résumer « Wicked », un très bon divertissement de fin d’année. Attention tout de même, il s’agit de la première partie de l’histoire, la suite est prévue pour la fin d’année 2025.