Dans un Paris aux allures de science-fiction où la loi impose de rester chez soi, deux amis, Magali et Eric-John, s’aventurent à travers les rues désertes pour essayer de réinventer le lien aux autres. Dans la ville endormie, les fantômes sortent aussi, du fond des rues et des conversations téléphoniques entre Eric-John et son père, hanté par ses souvenirs de la Seconde Guerre mondiale...
« Ceci n’est pas une Guerre » du duo Magali Roucaut et Eric-John Bretmel, fonctionne, à la fois, comme une comédie et comme un documentaire. On y suit le parcours de ses auteurs durant la crise de Covid, avec cette peur qui a pu toucher chacun de nous, devant ce virus inconnu, aux effets dévastateurs et à la déferlante de spécialistes bien décidés à nous embrouiller l’esprit et à nous faire encore plus paniquer dans un moment où certains vivaient l’angoisse de cette épidémie comme une fin du monde ou comme une « Guerre » comme le véhiculait si bien notre cher président.
Le style des deux auteurs n’est pas inintéressant, loin de là, même si parfois, il manque un peu de nuances. Au fil de ses déambulations journalières, « Ceci n’est pas une guerre » nous rappelle ce quotidien étrange fait de rues désertes, d’un Paris Fantôme, d’habitants qui se mettent à leurs fenêtres pour applaudir le courage de nos soignants, d’autres qui improvisent des concerts pour distraire les autres locataires d’appartements soudainement devenus cellules. Et puis l’extérieur ressemble à un film dystopique où les hommes et les femmes n’osent plus se parler, se toucher et gardent des distances pour ne pas être infectés par un mal invisible.
C’est parfois drôle, parfois touchant et surtout parfois déroutant lorsque l’on sait que cinq années plus tard notre société semble au bord de l’explosion. Dans « Ceci n’est pas une guerre », les auteurs Magali Roucaut et Eric-John Bretmel se mettent en scène, cela donne, parfois des situations cocasses, parfois burlesques, mais il s’agit surtout d’un témoignage d’une situation inédite dans le monde que certains vécurent comme un traumatisme, d’autres comme une parenthèse et beaucoup y trouvèrent l’occasion de recentrer leurs esprits sur La Famille, le couple et l’intime pour comprendre que le labeur est important mais que les liens familiaux sont les plus forts.
Alors, on peut trouver cette aventure amusante et touchante, mais il y a dans ce documentaire une volonté également de mettre cette parenthèse en scène, qui pouvait être une bonne idée sur le papier, mais qui trouve rapidement ses limites et nous laisse un peu sur le côté de la route notamment par cette personnification du sujet, qui déroute un peu au départ. Les auteurs veulent nous montrer les traumas, mais aussi tout ce que cela à apporter de moments suspendus, comme ces chanteurs qui improvisent des concerts à leurs fenêtres ou d’autres qui applaudissent les soignants et bien d’autres surprises qui avait d’ambition que de participer à divertir les autres et soi-même. Mais souvent ils se perdent dans un discours à deux qui force le jugement ou pousse le spectateur à se détourner des personnages centraux pour s’intéresser à ce qui se passe autour, comme ces gens croisés au fil de la divagation, ou encore des interdictions surprenantes, de ces peurs de s’approcher de l’autre ou celui de se parler à travers une porte comme si nous étions des prisonniers.