L'Agneau

Verdict: Moyen

par: Emmanuel Galais



Le Père Paul, jeune prêtre solaire et charismatique, mène son ministère avec enthousiasme. Souvent sollicité, il ne ménage pas ses efforts pour être disponible et répondre aux multiples sollicitations des paroissiens. Jusqu’au jour où sa vie bascule ; le Père Paul est accusé d’avoir eu des gestes déplacés envers une jeune fille. Il devra se battre pour démontrer son innocence.


Après « Que Notre Joie demeure » l’année passée, la réalisatrice Cheyenne Carron continue son exploration de la foi à travers le parcours d’un prêtre investi et rigoureux qui va soudainement se retrouver accusé d’agression sexuelle et qui va alors tout faire pour laver son honneur et prouver son innocence. En restant au plus proche de son personnage, la réalisatrice qui assure une nouvelle fois les casquettes de scénariste, productrice et réalisatrice, met en parallèle deux histoires, finalement similaires, celle d’un père accusé d’inceste par sa fille et celle d’un prêtre accusé par une jeune femme d’agression sexuelle. Un sujet difficile, que Cheyenne Carron décide de filmer de façon assez austère, il faut bien le dire, et restant le plus souvent possible au plus proche de son personnage : Le prêtre. Cela lui permet, bien évidemment, de coller au plus proche des interrogations de cet homme qui doit continuellement tenter de trouver les réponses, même les plus complexes aux interrogations des paroissiens, mais également évoluer dans une société post #MeToo, dont l’effet pervers et d’utilisé ces séismes sociologiques pour des enjeux bien plus négatifs.


Bien sûr, le sujet ramène, obligatoirement à des films tels que « Doute » de John Patrick Shanley, sorti en 2009, dans lequel un prêtre était accusé d’attouchements, ou encore « Grâce à Dieu » de François Ozon qui revenait sur le scandale de l’Eglise à Lyon dans lequel un prêtre, l’abbé Preynat, avait été condamné pour agression sexuelle en 2019, alors que les faits remontaient à une période entre 1972 et 1991, et que des signalements avaient été faits sans que l’église ne réagisse. Un scandale qui éclaboussa sévèrement l’évêque Barbarin. Ces deux films traitaient du même sujet tout en laissant la foi en dehors du propos, comme par crainte du sacrilège. Et du coup, il était plus facile de s’intéresser aux personnages et rester focaliser sur le sujet plutôt que d’être influencer par tel ou tel personnage. Cheyenne Carron fait le choix de se focaliser sur le personnage du prêtre pour venir interroger plusieurs sujets : Le rapport à la foi, la place du prêtre dans une paroisse et son rapport aux gens, les scandales sexuels qui viennent ébranler les croyances et puis de manière surprenante, l’effet pervers du #Metoo, quant il est utilisé pour nuire à une personne.


Sa mise en scène se veut presque Sacerdotale, tout en douceur, des acteurs qui parlent doucement, à commencer par Johnny Amaro (La Beauté du Monde) dans le rôle du prêtre, qui, même dans la surprise, dans la colère garde une constance troublante, mais qui sait également apporter une certaine empathie et un charisme évident à son personnage. Doucement la réalisatrice va ainsi nous emporter dans son sillage et nous plonger dans cette histoire, dont le point culminant arrive assez tardivement et se résout par une pichenette dont on cernait déjà les contours dés l’affaire éclatée. En voulant trop dessiner son personnage et son environnement, la réalisatrice prend le risque de perdre l’attention des spectateurs. D’autant que le reste de la distribution est très souvent inégale et parfois hors tonalité et que la réalisatrice ne cherche pas à les diriger plus, pour pouvoir obtenir une prise réussie qui puisse garder une certaine rigueur dans sa réalisation.