Libertate
Sortie:
21/05/2025
Pays:
Roumanie
Genre:
Durée:
109 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Libertate

Verdict: Excellent

par: Emmanuel Galais



Décembre 1989. La révolution roumaine a débuté et la ville de Sibiu devient le théâtre de terribles affrontements. Les policiers et miliciens fidèles à Ceausescu sont arrêtés et réunis dans le bassin vide d’une piscine. Mais comment savoir qui est qui dans un tel chaos ?


L’histoire de la Roumanie fut marquée par la dictature de Nicolas Ceausescu, dictateur arrivé au pour 1974 et qui imposera un régime autoritaire durant 15 années jusqu’à sa chute en 1989. Un évènement qui marqua le début de l’effondrement du bloc communiste dont la chute du mur de Berlin sera l’évènement le plus iconique. La révolution Roumaine fut effacé dans la mémoire collective tant les évènements Allemand furent un symbole marquant pour les générations suivante. Pourtant, ce soulèvement d’un peuple contre un régime paranoïaque et autoritaire ne devrait cesser de sonner dans nos mémoires tant il fut marqué par sa violence. Car si les autres dirigeant communistes des pays voisins abandonnèrent le pouvoir sans faire couler le sang, le dirigeant Roumain utilisa les armes pour faire taire la révolte, provoquant un chaos dans le pays, lorsque le pouvoir vacilla et s’effondra avec comme point culminant la mort du dictateur et de sa femme.


Pour son cinquième long métrage, le réalisateur Roumain Tudor Giurgiu (Love Sick) a décidé de nous plonger dans la ville de son enfance Sibiu l’un des symboles de la révolution dont le constat est édifiant avec 2 000 000 de balles tirées, 500 tirs de canon, 650 missiles tirés depuis des hélicoptères, 99 personnes décédées, 272 personnes blessées et 522 personnes détenues dans une piscine et jugées de manière expéditive. Ce qui est tout de suite intéressant dans la réalisation de Giurgiu c’est son aspect documentaire. En effet, même si le réalisateur s’est basé sur ses souvenirs et ses recherches sur ce qui s’était passé à Sibiu, Tudor Giurgiu a décidé de nous plonger comme si nous étions témoins autant qu’impliqué dans cette paranoïa et ce sursaut communiste où chacun dénonce l’autre et où les coupables sont autant enfermés que les innocents. Puissante et précise, sa mise en scène donne, dans sa première partie, une atmosphère étouffante, presqu’angoissante qui ne nous lâche jusqu’à ce que les personnages se retrouvent pris au piège de cette piscine gardée par des soldats en arme.


Dans la deuxième partie, le film passe d’un seul coup en œuvre chorale où chacun se découvre et où certains se livrent à un jeu de dupes tentant par tous les moyens de faire entendre son innocence ou se rassurant sur la portée de leurs actes. Ce qui ressort surtout, c’est la douleur d’un peuple qui, dans ce lieu étrange, va ressortir, les bourreaux étant mélangés à leurs victimes dans une sorte de cohue où il est bien difficile pour le spectateur de savoir qui est le bon et qui est le mauvais. Une volonté assumée par le réalisateur de placer le public dans le position de ces hommes et ces femmes jetées dans ce chaos où chacun doit savoir où se placer et prouver à quel point il est nécessaire et fidèle à la patrie. Et c’est d’ailleurs l’utilisation de la chanson « Libertate » de Verdi dans l’opéra « Nabucco » qui vient alors illustrer tout ce qu’est cette révolution, en quoi consiste cette souffrance et comment on parvient, à la fin a différencier le faux du vrai. Tudor Giurgiu livre avec « Libertate » une œuvre puissante et parfaitement maitrisée qui raisonne soudainement d’actualité face à un Poutine nostalgique de ce bloc communiste et son emprise sur le peuple.