Amityville
The Amityville Horror
Sortie:
22/06/2005
Pays:
Etats-Unis
Genre:
Durée:
1h29 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Amityville

par: Arnaud Weil-Lancry



Il ne manquait plus que celui-là remixé : Amityville… Autant dire qu’ils y seront tous passés ! Après divers succès comme L’Armée des Morts ou 28 jours plus tard, Hollywood continue son pillage de son illustre passé horrifique. Amityville est donc le remake de Amityville, la maison du diable, réalisé à l’origine par Stuart Rosenberg en 1979. Mis en scène par un illustre inconnu, Andrew Douglas et servi par des acteurs eux aussi inconnus, nous voilà dans une équation qui offre bien des solutions… mais voilà, la solution n’est pas déplaisante, loin de là…

Amityville
The Amityville Horror,
Etats-Unis, 2005 (Année de production : 2004)
Réalisateur : Andrew Douglas
Acteurs : Ryan Reynolds, Melissa George, Jesse James
Compositeur : Steve Yablonski
Durée : 1h29 min, Genre : Horreur, Date de sortie : 22 juin 2005
Lien vers le site officiel Amityville

L’histoire
Dans une nuit de l’année 1974, la petite ville d’Amityville fut le témoin d’un massacre abominable, celui d’une famille de 6 personnes. Le meurtrier n’était autre que le fils aîné, poussé par des voix mystérieuses…
Un an plus tard, la famille Lutz emménage dans la maison au triste passé. Bientôt, des phénomènes étranges viennent troubler leur tranquillité.


La critique

Finalement, faire ses courses dans le vieux, ce n’est pas si mauvais…
A condition bien évidemment d’avoir un bon cuistot aux commandes afin de vous éviter de gâcher un bon repas. Andrew Douglas est peut-être un nouveau venu dans le registre aussi bien horrifique que cinématographique, mais le bonhomme connaît bien son affaire, tout comme ses classiques. Tout en jouant la carte de la sécurité, son Amityville évite peut-être les coups de théâtre et les coups de surprise mais pas les coups de sang. En effet, ce sera pendant 90 minutes que vous sursauterez et que votre cœur frémira, au grand dam de votre voisin, qui n’aura de cesse de vous demander de vous tenir un peu tranquille…

Bon d’accord, c’est pas mal, mais ça reste un remake…
Je vous l’accorde, mais le genre horrifique a déjà été tellement exploité et pillé qu’il est devenu rare de tomber sur une oeuvre qui sente le neuf sans vous donner un je-ne-sais-quoi de déjà vu. Amityville fait partie de cette catégorie, mais ce n’est pas ce qui l’empêche d’être particulièrement efficace, grâce à une recette équilibrée, accordant autant d’importance à la réalisation, au rythme, et aux acteurs.
Dès les premières images, Andrew Douglas prend le parti de maintenir le spectateur dans l’histoire maléfique de la maison, tout comme dans une atmosphère proche de l’Amityville de 1979. De quelle manière ? Par un style vestimentaire des années 70 qui renvoi en permanence aux vieux films fantastiques-horreur de cette période. L’allure complète des principaux protagonistes du film (Ryan Reynolds et Melissa George) suit cette tendance qui apporte un certain cachet désuet à cette production. Ce registre se verra porté à son climax par l’arrivée de la baby-sitter, parfaite victime potentielle à la poitrine exubérante.
Ce style seventies se voit très vite soutenu par un rythme non pas endiablé mais pesant au possible : la maison démoniaque ne l’est pas finalement tant que cela, mais chacune de ses pièces paraît cacher un secret ou une histoire horrible. Ce lourd passé se matérialisera fréquemment avec Jodie Defeo (Isabelle Conner), parfaite en zombie putréfiée, mais à laquelle on reprochera tout de même un genre un peu trop inspirée de The Ring et autres Dark Water. Les apparitions terrifiantes de la petite sœur du précédent meurtrier de la maison se font d’ailleurs de la manière la plus efficace possible, par des séquences de flippe d’un genre clippé (entendez par-là le type de séquence où un individu se douche et en essuyant la buée sur un miroir, il découvre un cadavre). Il y en a beaucoup et leur effet est garanti, tout comme le seront vos sursauts d’effroi.


… qui cède ponctuellement à la facilité…
Facilité qu’on mettra sur le dos d’une petite inexpérience et d’un souhait de miser sur des coups qui ont déjà fait leur preuve. Par exemple à travers une dimension enfantine importante, vecteur utilisé désormais avec abus pour transmettre la terreur au spectateur… ou bien par la présence prévisible de Dieu par le vecteur d’un prêtre. Cette facilité est aussi présente par un rythme efficace et martelant, soit, mais trop ponctuel, les séquences effrayantes survenant dans Amityville presque avec abus, atteignant donc une dimension exagérée et décousue. Cet impression de décousu finit par partiellement desservir le film car la dérive maléfique de George Lutz en devient moins crédible et moins palpable… et logiquement moins efficace. On reconnaît dans ce style visuel les origines d’Andrew Douglas dans le milieu du spot publitaire.
On lui reprochera aussi de céder au voyeurisme en exhibant les tablettes de chocolat de son héros aux moments les plus inopportuns. Ce type de séquences est obligatoire pour une production horrifique, mais dans le cas présent, elles desservent le film en atténuant son côté sale, crade, et malsain, aspect si cultivé dans la première heure.

Malgré de petits écarts, Amityville est une surprise fort agréable, et surtout, flippante à souhait. Choix heureux de la part du producteur Michael Bay, qui eu encore une fois la main heureuse en choisissant un débutant aux commandes d’une telle production (ce comportement ne lui est pas étranger car le producteur américain avait déjà fait un tel choix avec Marcus Nispel pour Massacre à la Tronçonneuse). L’exploit proviendra sûrement de la capacité dont aura fait preuve Andrew Douglas à distiller une impressionnante terreur en évitant d’accumuler les cadavres pendant 1h30. D’ailleurs, il n’y en a presque aucun… et un film d’horreur réussi sans charcutage en série, reconnaissez que c’est rare…

A voir : je me risquerais à vous le déconseiller si vous êtes du genre cardiaque…
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, inégal, mais sacrément flippant…

Arnaud Weil-Lancry