Dear Wendy
Dear Wendy
Sortie:
22/06/2005
Pays:
Danemark
Genre:
Durée:
1h40 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Dear Wendy

par: Justine Denis



Dear Wendy

Titre original : Dear Wendy
Danemark, 2005
Réalisateur
 : Thomas Vinterberg
Acteurs : Jamie Bell, Bill Pullman
Durée : 1h40

L’histoire
Dick, un jeune homme de dix huit ans, pacifiste convaincu, se retrouve en possession d’une arme à feu. Incapable de s’en débarrasser, il découvre qu’à son contact, il se sent fort et sûr de lui. Son collègue Stevie ne tarde pas à découvrir le secret de sa soudaine démarche assurée. A eux deux ils décident de monter une bande : les Dandys, auxquels se rallient trois autres adolescents. Ce clan prône les valeurs du pacifisme ultime : posséder une arme et ne pas s’en servir (pour tuer). Chacun baptise son nouveau compagnon, et c'est ainsi que naît Wendy dans la main de Dick. Mais les choses ne sont pas si simples, et le sombre destin de nos héros est inéluctable…


La critique

Vinterberg met en scène ici une histoire écrite par le grand chef du Dogme Lars von Trier. Mais il n’y a pas à voir par là un quelconque lien avec le fameux courant que le réalisateur avait déjà rejoint il y a quelques années, avec son étourdissant Festen.

Dear Wendy nous apparaît comme un film unique en son genre, celui qu’il faut aller voir et pour le fond et pour la forme (ce qui devient rare de nos jours). En effet, ce scénario, tout à fait inédit, servi par une mise en scène personnelle, au montage dynamique, aux cadrages anthologiques (qui rappellent parfois nos bons vieux westerns) fera votre bonheur. Le jeune Jamie Bell endosse parfaitement son rôle de chef des Dandys, quant aux autres acteurs ils sont tous plus étonnants les uns que les autres. Et la B.O !!Vive les Zombies !! Ce film est parfaitement maîtrisé du début à la fin, à aucun moment il ne perd de sa spontanéité et de sa classe.

Une histoire hors du temps
Des Dandys déguisés en cow-boy, une musique des années soixante dix, un village de mineurs où tout le monde vit sur la même place. Mais où sommes nous? Et en quelle année? Vinterberg brouille les pistes et ne laisse pas de repères spatio temporels. Mais cela est sans importance. Ces personnages, ce lieu unique tel un huis clos sont des métaphores, un exemple parmi tant d’autres. Le but étant de comprendre que cette histoire se passe partout et peut être même que ça peut arriver prés de chez vous…


Un discours simple mais efficace

Vinterberg signe ici un très bon plaidoyer contre les armes à feu. La façon dont les enfants dédramatise la portée qu’une arme peut avoir, a quelque chose d’horriblement drôle et dérangeant, d’autant plus que le réalisateur choisit de rester du côté de leur point de vue. D’où cette mise en scène faussement enjouée et amèrement drôle. La dernière partie du film est monumentale et vaut vraiment le coup d’œil. L’absurdité de la situation rend les faits presque irréels. Les dandys doivent escorter une vieille dame paranoïaque sur un trajet de 20 mètres à peine. Mais mamie, armée jusqu'aux dents, à la gâchette facile et flingue le premier flic qui passe. Tout dérape mais les gosses décident de mener à bien leur mission, même s'il faut "réveiller" Wendy et les autres. La façon dont Vinterberg filme le carnage dégage une impression d’irréalité qui peu à peu se transforme en un sentiment d’hypra réalité. Vous serez à la fois fasciné par la prouesse cinématographique et par ce que ces images engendrent.

Dear Wendy, à prendre ou à laisser
J’ai entendu que certains spectateurs étaient déçus car ils n’avaient eu aucune émotion. C’est parce que Dear Wendy n’est pas là pour ça. Il est là pour raconter une histoire comme il y en a des milliers, il est là pour poser le doigt sur le problème majeure du port d’arme, il est là comme une alerte, l’humour noir en étendard. Non, vous ne pleurerez pas car ce film a quelque chose de parodique, il met la distance qui nous sauve de toute compassion, de toute complaisance. Vinterberg a changé d’angle d’attaque, sa caméra n’est plus tenue à l’épaule, mais la force de ses plans et de son montage n’en est en rien altérée. Au contraire, à chaque discours sa façon de filmer.

A voir : absolument, surtout si vous aimez qu’on vous raconte des histoires qui finissent " mal "
Note : 7,5/10
Conseil perso : courez vite voire ce film avant qu’il ne disparaisse des salles obscures…

Justine Denis