La Guerre des mondes
War of the worlds
Sortie:
06/07/2005
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1h55 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

La Guerre des mondes

par: Sebastien Keromen



Le nouveau Spielberg. C’est déjà un bon argument pour aller au cinéma. Quand en plus il abandonne la guimauve et plonge Tom Cruise dans un monde qui s’écroule, c’est encore un bon point. Et puis, a-t-il déjà fait un mauvais film ?

La Guerre des mondes
Titre original : War of the worlds
USA, 2005
Réalisateur
 : Steven Spielberg
Acteurs : Tom Cruise, Dakota Fanning, Justin Chatwin, Mirando Otto, Tim Robbins, et la voix de Morgan Freeman
Musique de : John Williams
Adapté du roman de H.G. Wells
Durée : 1h55

L’histoire
Ray Ferrier, divorcé, vient de récupérer ses enfants pour le week-end. C’est le moment que choisit une race extra-terrestre pour lancer son attaque sur la Terre. Une seule chance de survie : la fuite.


La critique


Après le film de 1953, voici une nouvelle adaptation du roman de HG Wells. Si je n’ai jamais lu le livre, j’ai vu le film il y a quelques années, et les seuls souvenirs qu’il m’ait laissés est une fin plaquée à l’extrême et une histoire simpliste. Pas de bol, la nouvelle adaptation de Steven Spielberg reprend ces défauts. Mais je vais un peu vite, reprenons la critique par le début. Le début du film, justement, a l’avantage de nous plonger rapidement dans le vif du sujet (c’est vrai que j’ai raté les quelques premières minutes, mais ça commence vite). Après une rapide présentation des personnages, on attaque tout de suite, ou plutôt ils attaquent tout de suite. Avec la grosse machinerie d’effets spéciaux réussis. C’est une des réussites du film : tous les effets spéciaux sont impeccables, à tel point que ce n’est plus leur qualité qui importe, mais leur mise en scène et leur puissance dramatique. Et de ce côté-là, on a ici quelques scènes mémorables (le passage du train, l’attaque du premier robot…). Et aussi quelques scènes bien stressantes et tendues, et pas seulement pour les gens dans l’écran.
Le film est également réussi par ses personnages et leur interprétation. Sans livrer une performance incroyable, Tom Cruise arrive à peu près à nous faire oublier qu’il est Tom Cruise, ce qui n’est jamais facile. La petite Dakota Fanning continue de mériter tout le bien qu’on dit d’elle. Et les autres rôles sont également bien campés, avec notamment un Tim Robbins mi-raisonnable mi-allumé. On appréciera aussi que Spielberg nous gratifie d’un film sans mièvrerie, sans excès de bons sentiments. Au contraire, devant la menace, un chacun-pour-soi aussi dur que crédible prévaut. Certains optimistes trouveront le film pessimiste, certains cyniques le trouveront cynique (mais si, relisez bien cette phrase), mais tous s’accorderont sur la gravité du sujet et de son traitement. D’autant que tout est traité à hauteur humaine, du point de vue du personnage de Tom Cruise, du point de vue d’un homme comme les autres. Mais là s’arrêtent les compliments pour faire place à quelques reproches. Tout d’abord, l’histoire est diablement vide, et pourrait être résumée en une phrase. Quasiment pas de sous-intrigues, uniquement des scènes ou des péripéties indépendantes qui, même si elles forment un film cohérent, laisse à regretter un peu de détours dans l’histoire.


Car sa simplicité repose aussi sur son déroulement en ligne droite, sans quasiment aucune surprise.
À part peut-être quelques bizarreries dans l’histoire. Par exemple : vous venez de vous enfuir, à bord d’une voiture volée, d’une ville attaquée par des robots ostensiblement extra-terrestres, et vous arrivez dans une maison avec l’électricité qui marche. Ne seriez-vous tenter d’allumer la télé ou la radio pour savoir what the hell happened, et si les aliens arrivent là où vous êtes réfugiés ? Ben pas Tom Cruise. Il préfère dormir à la cave sans rien savoir. Ça fait un peu bizarre. On appréciera (ou pas, justement) aussi que malgré tous les véhicules arrêtés et accidentés de partout, ou les débris de bâtiments, le 4x4 de Tom Cruise trouve toujours la place de passer. Dernier (et pour cause) problème du scénario, la fin. Non seulement Spielberg a repris la fin du premier film (bon, sans doute c’est aussi celle du livre, ne l’accablons pas), aussi soudaine que sans intérêt, mais il a réussi à y insérer en plus la seule faute de goût du film qui dénote avec toute l’ambiance sombre et réaliste.
Pour le reste, c’est tout de même un film de Spielberg, c’est-à-dire d’un mec qui sait se servir d’une caméra et diriger des acteurs. Avec une musique de John Williams en petite forme, et étonnamment discrète (même absente sur certaines scènes tendues). Le tout nous donne finalement un film assez réussi, mais qui déroule en ligne droite une histoire devinée d’avance. Vous pourrez tenter de chercher des métaphores ou une réflexion sur les rapports humains si vous le souhaitez, mais pour moi ça ne peut que compléter, et non se substituer à une bonne histoire. Quelques scènes marquantes, un bon niveau général, et l’absence de ce je-ne-sais-quoi qui permet à un film d’enthousiasmer les foules. Du bon boulot, sans génie, pour un film tout de même assez dur et noir.

A voir : pour voir un film noir et non rose de Spielberg
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, si le sujet ne vous tente pas à l’avance, vous risquez quelques moments d’ennui

Sébastien Keromen