Le Courage d'aimer

par: Sebastien Keromen



Après l’épisode des Parisiens, descendu par la critique et boudé par le public malgré une séance gratuite, Claude Lelouch révise sa copie, et nous présente… quasiment le même film, en enlevant tout ce qui était en trop, et en ajoutant tout ce qui manquait. Mérite-t-il sa deuxième chance ?

Le Courage d’aimer
France, 2005
Réalisateur
 : Claude Lelouch
Acteurs : Maïwenn, Mathilde Seigner, Alessandra Martines, Arielle Dombasle, Massimo Ranieri, Michel Leeb, Ticky Holgado, Francis Perrin, Pierre Santini, Gregori Derangère, Cristiana Reali, Line Renaud, Pierre Arditi, Michèle Bernier, Sara Forestier, Antoine Duléry, Cyrielle Claire, Charles Gérard (dans un petit clin d'oeil), Xavier Deluc, Alexandra Kazan, Salomé Lelouch, Sarah Lelouch, Olivier Minne, Dominique Besnehard, William Leymergie
Musique de : Francis Lai
Durée : 1h45

L’histoire
Un couple de chanteurs des rues cherche la gloire, sans se contenter de leur amour. Un magnat de la pizza achète un château mais préfère finalement la châtelaine, actrice sur le retour. Et deux sœurs jumelles sont en quête de l’amour. Bien sûr, tout ce petit monde va se croiser, se rencontrer, s’aimer ou non, se séparer ou non. Oui, comme dans un film de Lelouch.


La critique

Comme Claude Lelouch a fait un copier coller de son précédent film, je ne vais pas me priver, et je vais faire un copier coller de ma précédente critique. En rayant ce qui ne s’applique plus, et en soulignant ce que j’ai ajouté, de vraies marques de révision en monochrome…
Déjà que c’est jamais facile de parler d’un Lelouch, voilà qu’il s’agit du premier épisode d’une trilogie d’un film fait avec les chutes du premier épisode de la trilogie qu’il n’a jamais pu finir, montés avec ce qui aurait dû être le deuxième opus du Genre humain ! Tout ce que je vais pouvoir raconter ici doit donc être modulé selon que vous ayez vu les Parisiens ou non deux axes. Car si vous l’avez vu, un sentiment de déjà vu vous envahira, pour la bonne raison que vous avez déjà vu une bonne moitié du film ! Tout d’abord, Rappelons tout de même que je suis en général fan de Lelouch, pas inconditionnel, mais tout de même au point d’aimer Il y a des jours et des lunes, Hommes femmes mode d’emploi ou And now ladies and gentlemen. Voyez par rapport à vos goûts. Ensuite, l’intérêt du film pourra se trouver augmenté ou mis à mal par les deux autres épisodes, à suivre dans 3 et 6 mois. Si les Parisiens peut être considéré comme complet, il n’en reste pas moins avait laissé un bon nombre de personnages laissés au bord du scénario et qu’on retrouvera dans les autres opus, mais le Courage d’aimer fait son choix, en développant certains et en faisant passer les autres à la trappe (ou juste au rang d’apparition).


Tentons donc de juger le film
pour lui-même en oubliant le premier, il y a déjà assez à en dire. La première chose à dire est qu’il est nettement moins déconcertant. Parce que c’est à la fois du Lelouch pur sucre et pas du Lelouch. De là à dire que certains les fans pourront ne pas devraient à peu près aimer, et qu’au contraire que par contre certains les réfractaires n’aimeront pas, ça me semble bien possible être comme souvent le cas. D’un côté, on retrouve de Lelouch sa direction d’acteurs particulière, et une histoire éclatée entre plein plein de personnages. Mais Et cela ne concerne en fait que la première moitié maintenant tout le du film. Et cette première moitié Tout le film est déjà assez atypique typique par rapport à son style habituel. Les prises de vue sont plus normalement spontanées et moins léchées, et le rythme est surtout assez normalement soutenu. On enchaîne en 1h 1h45 la revue d’une vingtaine dizaine de personnages, passant de l’un à l’autre comme dans une course de relais au gré de l’histoire. Ce qui ne dynamise pas spécialement un peu l’histoire, au détriment d’avoir mais laisse le temps de connaître les personnages.
A cette occasion, Claude Lelouch embarque beaucoup pas mal de " nouveaux " acteurs, n’ayant pas tourné avec lui. Tant mieux pour le sang neuf, tant pis pour leur relatif manque d’inspiration lors des improvisations. Certaines de ces Les scènes qui s’étirent s’étiraient d’ailleurs un peu au-delà du raisonnable, sans nous apprendre grand chose sur les personnages, ont disparu, et on ne s’en plaint pas. D’autres Les scènes qui font faisaient un peu tache, soit par leur facilité, soit par leur vulgarité, ont également été laissées sur la table de montage, encore une fois tant mieux. Le tout baigné dans une ambiance musicale jazz/variété pas mauvaise (même si ce n’est pas un style je j’aime vraiment), mais assez envahissante. Bref, au bout d’une heure, on se dit que le dernier Lelouch, c’est comme les anciens, mais en plus vite, en moins divertissant, en moins bien joué, en moins bien tout court.
Et au milieu du film, le film ne change absolument pas. Complètement Du tout. Quand même rigolo de voir qu’en collant un film hétérogène avec un autre film, on obtient un film homogène. On laisse quasiment sur le trottoir les Comme le film s’est bien restreint à 3 histoires de 17 6 personnes sur 20, pour se concentrer sur le trio de tête, on a le temps de raconter les trois puis deux puis une histoires principales, et quelques anecdotes annexes. D’un côté, le chanteur italien doué qui a été abandonné par sa compagne et co-interprète en quête de gloire, et qui s’est consolé dans les bras d’une serveuse. De l’autre, le millionnaire en pizzas autodidacte, fasciné par une actrice sur le retour, puis par sa domestique. Et au milieu, deux jumelles très liées qui vont chacune chercher le bonheur C’est pas que l’histoire soit passionnante de prime abord, mais au moins elle est traitée en profondeur. Et puis voilà que tout rebascule pour tomber On y retrouve le dans un trompe-l’œil pas inédit mais très intéressant, où Lelouch réalise un film sur le couple qu’il décrit dans son vrai film. Je n’en dirai pas J’en ai dit plus pour ne pas gâcher parce que la surprise prend moins de place maintenant que l’histoire n’est plus seule dans le film (mais bon, c’est pas une surprise incroyable, c’est pas un Shyamalan quand même), mais et la fin de cette histoire qui ne termine plus le du film est assez passionnante.


Voilà, pas difficile de se faire une opinion
, et donc encore plus de vous en parler, quand le film cumule est sous le signe de la Lelouch touch tout du long, le manque de vision globale sans les deux autres opus, et une rupture nette de ton en plein milieu. En n’oubliant pas que mon sentiment est influencé par une fin réussie (on reste toujours sur les dernières impressions), Je dirais que Les Parisiens Le Courage d’aimer est intéressant à voir, surtout pour les fans de Lelouch même s’il ne plaira pas à tous, même s’il y a du déchet. Et même si Lelouch oublie assez complètement de filmer Paris ! En tout cas, je suis assez impatient content de voir d’avoir vu, d’une certaine façon, la suite pour comprendre et d’avoir compris où Lelouch veut vraiment en venir : faire un film comme d’habitude, il s’était juste donné trop de temps la première fois.
Un dernier mot (et vous m’excuserez de ne pas souligner tout le paragraphe) pour ceux qui avaient vu les Parisiens : si la plupart des acteurs sont encore là, beaucoup se retrouvent réduits à quelques scènes, voire à quelques plans sans dialogue. Agnès Soral ou Richard Gotainer disparaissent, Grégori Dérangère, Antoine Duléry ou Cyrielle Claire n’ont quasiment plus rien à dire, et plusieurs scènes ont totalement disparu comme, merci Claude, la scène si vulgairement inutile du dîner en ville. En plus, on a droit à beaucoup plus de Michel Leeb qui joue comme Belmondo dans Itinéraire d’un enfant gâté (sa scène avec Sara Forestier, qui là ressemble beaucoup à Marie-Sophie L., et où il raconte un bout de son enfance, fait d’ailleurs furieusement penser à Itinéraire…). En bref, à moins que vous ne souhaitiez absolument connaître la fin de l’histoire du personnage de Michel Leeb, le Courage d’aimer ne vous apportera rien que le regret de ne pas l’avoir vu directement… Maintenant, je me pose une question. Pourquoi Claude Lelouch ne ferait-il pas, juste un pour un film, une pause dans ses histoires qui se résument à " c’est plein de gens qui vivent et qui s’aiment et c’est pas facile ", pour mettre son talent de directeur d’acteurs et de metteur en scène au service d’une histoire plus centrée sur un personnage, plus tout-public, plus classique, mais qui peut-être le réconcilierait avec le public, tout en donnant peut-être une œuvre moins singulière et différente des autres films de la scène française, mais sûrement plus réussie ? En moins de mots : pourquoi pas un blockbuster réalisé par ce metteur en scène de talent ? Bon, peut-être pas un film de super-héros avec une cape qui vole au vent, mais il y a des degrés intermédiaires…

A voir
 : plutôt oui, si vous êtes fan de Lelouch mais difficile de dire si ça va vous plaire
Le score presque objectif : 7/10, à revoir à la hausse ou à la baisse selon les deuxième et troisième parties ça paraît bizarre que je ne change pas le score, mais d’une part ça reste un Lelouch moyen avec des acteurs moins bons que d’habitude, et il n’y a plus la promesse d’une dimension supérieure dans une trilogie
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, peut-être pour tenter un Lelouch pas si mal, je dirais bien +2 si vous êtes déjà acquis à la cause mais vous pouvez aussi détester et après vous m’en voudrez

Sébastien Keromen