Entre hédonisme et onirisme
Gratifié d’une première partie particulièrement incongrue,
Peindre ou faire l’amour démarre bizarrement, donnant la désagréable impression de planer dans un vide total. Qui dit vide, dit néant… un montage banal, des dialogues transparents comme glissants, un déroulement abyssal… Une partie de quarante minutes sous forme d’introduction géante, sorte de prologue coulant et bourbeux, ayant apparemment déplu à bien des spectateurs présents. Nombreux sont ceux qui s’en sont allés durant la projection, et j’ai failli en faire de même.
Toutefois, passé ce préambule peu euphorisant, on en arrive au point voulu par nos réalisateurs : vers un film complètement inattendu qui s’aventure dans l’intérieur même de nos personnages. A cet instant précis, la première partie perd sa carapace introductive pour faire partie intégrante du film. Nos personnages principaux prennent en consistance, devenant eux-mêmes bien plus vivants, se découvrant une nouvelle vie, tout comme de nouveaux espoirs. Il en est ainsi de Madeleine et William, retraités avant l’heure, touchant à une vie nouvelle pleine de surprises, au-delà de leurs rêves les plus surréalistes. Cette révélation leur est permise au contact de leurs voisins, le maire et sa femme, qui leur ouvriront les portes d’un monde de chair, de sensualité et surtout de liberté.
Nos acteurs (Sergi Lopez, Amira Casar, Sabine Azéma et Daniel Auteuil) livrent une prestation pleine d’une pudeur touchante. Cette pudeur empreinte de respect leur permet de se livrer totalement et de donner une dimension libre et libertine à leurs personnages. Ces derniers, exempts de toute entrave, finissent par se dévoiler complètement à leurs réalisateurs par une présence pleine de subtilité. Habituellement plus espiègles et plus caractériels pour la plupart, nos acteurs font preuve d’une remarquable tenue, permettant ainsi au spectateur de mieux appréhender leur interprétation, sans vulgarité aucune. En ce sens, malgré un rythme et une contenance fastidieuse,
Peindre ou faire l’amour est une complète réussite.
Le long-métrage des frères Larrieu est un produit étrange, déphasé et poétique. En prenant le risque de perdre une partie du public, ils délivrent le portrait de quinquagénaires s’éveillant au contact charnel et à l’amour. Cette ouverture sexuelle si dénuée de culpabilité est la force de
Peindre ou faire l’amour. Ah, non, j’oubliais : Faire l’amour ou faire l’amour encore et toujours…
A voir : pour un spectacle des plus inhabituels
Le score presque objectif : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, un film étrange, poétique et déphasant. Finalement intéressant si vous l’appréhendez du bon pied…
Site officiel:
Peindre ou faire l’amour