Les Bienfaits de la colère
The Upside of anger
Sortie:
24/08/2005
Pays:
Etats-Unis
Genre:
Durée:
1h55 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Les Bienfaits de la colère

par: Arnaud Weil-Lancry

Joan Allen et Kevin Costner se partageant l’affiche dans une comédie romantique, c’est peut-être inhabituel, mais c’est loin d’être une bavure. Avec Les Bienfaits de la colère, Mike Binder s’en sort en fait avec les honneurs du public… Comme quoi toutes les comédies américaines se suivent mais ne se ressemblent pas forcément…

L’histoire
Terry reste seule avec ses quatre filles : Grey, son mari s’est fait la malle avec sa secrétaire. Denny, ami de Grey, essaie de venir en aide à la famille abandonnée, mais il se voit bien vite dépassé par les évènements…
La critique

Deux facettes pour une seule âme
Etrange hasard de retrouver deux acteurs si différents dans un même film et de surcroît une love story purement hollywoodienne. Surprise, l’alchimie est surprenante, voir confusante, celle-ci se faisant par une mélancolie et une détresse profonde et intense. Car Joan Allen et Kevin Costner balladent avec eux cette tristese si particulière, ce mélange doux-amer de tendresse et de tristesse. De la même manière, leur visage est usé, fatigué et si mélancolique. Cette déprime devient rapidement la pierre d’achoppement des Bienfaits de la colère, son ciment et son vecteur essentiel. Car finalement, le film ne traite de rien d’autre que de cela : comment vivre face à ses doutes, face à son amertume et finalement avec son passé, celui-ci nous façonnant jour après jour pour faire de nous ce que nous serons. C’est avec cela que Terry devra se battre et découvrir comment affronter une vie ingrate avec quatre filles et un prétendant tout juste bon à être candidat aux alcooliques anonymes.

Une réalisation inutile
Là n’est point une critique, mais un fait : habituellement les comédies romantiques sont toutes les mêmes sur le plan artistique, mêmes cadrages, même photo, même déroulement. Seuls l’interprétation et la qualité des acteurs peuvent sauver ces productions usuellement pré-formatées. Mais voilà Joan Allen et Kevin Costner ne sont pas n’importe qui et portent le film d’une manière exemplaire de bout en bout pendant deux longues heures. Et malgré les poncifs et les clichés, ils s’en sortent haut la main. L’actrice de Volte-Face trouve enfin un rôle dans lequel elle peut s’exprimer avec toute son émotion. Joan Allen est parfaite en femme abandonnée, haïe par ses filles et dévorée par sa rancune. Ces maux la rendent follement aigrie et l’empêche ainsi de voir ou plutôt de regarder Denny (Kevin Costner décidément grand amateur de Base-Ball, beaucoup de ses rôles l’attestant), vedette déclinante touchante en anti-héros alcoolique.


En toute logique, les poncifs et autres banalités traversent régulièrement Les Bienfaits de la colère, mais la qualité de l’interprétation leur permet toujours de couler de source. Aux côtés des magnifiques filles Wolfmeyer, Mike Binder s’octroie aussi un rôle secondaire réussi en parfait sosie de Tim Roth. Sa présence et sa réalisation apportent toujours à son film un ton naturel et juste, alternant en permanence rires et larmes. Il est vrai qu’on rit franchement et jamais grassement face à l’accumulation de séquences réussies avec Joan Allen délicieuse en mère démoniaque et Kevin Costner hilarant en cabotin shooté à la bière. Ces nombreuses passes comiques ne font néanmoins jamais oublier la tristesse sous-jaçente du film qui se verra adopter une tournure des plus déstabilisantes dans les dernières minutes.
Parfaite béquille pour nos naufragés amoureux, la bande originale est très réussie. Son compositeur, Alexandre Desplat, nous apporte une partition en parfaite symbiose avec les images, paraissant même souvent s’être inspiré de James Horner, certains passages renvoyant à L’Homme sans visage.

Bien que convenu, Les Bienfaits de la colère dépasse largement le cadre de la love story hollywoodienne pour s’imposer comme une franche réussite. Par une mélancolie douce-amer omniprésente, Mike Binder tire le maximum de ses acteurs dans ce film qui joue avec la vie et le destin. Et puisque c’est Joan Allen et Kevin Costner, reconnaissez que ce n’est pas peu dire…

A voir : plutôt rafraichissant...
Le score presque objectif
: 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, un beau film avec Joan Allen et Kevin Costner, cela ne se refuse pas. Et vous ne m’entendrez pas dire « enfin un bon film avec Kevin Costner » car je suis un de ses fans indécrottables, na !
Site officiel: Les Bienfaits de la colère