Entre ses mains
Sortie:
21/09/2005
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h30 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Entre ses mains

par: Arnaud Weil-Lancry



Entre ses mains, ou l’histoire d’un thème maintes fois visité. A mi chemin entre des acteurs irréprochables tels que Benoît Poelvoorde et Isabelle Carré et un scénario convenu, le dernier film d’Anne Fontaine se laisse regarder, intrigante mixture de dédale amoureux et thriller psychologique…

L’histoire
Claire mène une vie sans histoire avec son mari et sa fille. Un jour, elle rencontre Laurent, un vétérinaire plutôt étrange. Dès lors, tout va basculer...
La critique

Retour au sources (du mal)
Un rôle de psychopathe en herbe est-il réellement un contre-emploi pour l’acteur belge Benoît Poelvoorde ? Pas si sûr, au contraire. En y réfléchissant mieux, les premières traces de cet acharné du cinéma ne sont-elles pas C’est arrivé près de chez vous ? Dans son rôle de Ben le tueur en série, Benoît Poelvoorde s’était révélé au public comme un acteur majeur, fait que sa filmographie a fini par confirmer au fil des années. C’est un peu son faciès si particulier, malsain mélange de sourire et de rictus qui contribua fortement à lui apporter sa notoriété. Sorte de croisement entre Louis de Funés et Dingo, il peut vous faire rire aux éclats tout comme vous inquiéter au plus haut point. C’est justement cette ambivalence si pesante que Benoît Poelvoorde met en exergue dans Entre ses mains, dernier film de l’inégale Anne Fontaine. Ce drame aux allures de thriller met ainsi en scène un vétérinaire expansif dont le lunatisme effrayant n’empêchera pas de découvrir sous les vannes et les rires un comportement ô combien inquiétant…


Un peu plus de bruit, je vous prie...
Sans surprise, Entre tes mains entre sans ambages dans le vis du sujet : la vie on ne peut plus normale de Claire, ravissante mère de trente ans, travaillant dans les assurances. Le jour où elle rencontre Laurent, tout bascule, ce dernier se révélant un prince d’un charme aussi bien magnétique que relatif. Ce dernier prend possession de sa vie, amenant la jeune femme à jouer un jeu dangereux auquel elle se prête, souhaitant sans doute apporter un peu de piquant à une vie morne et sans excitation. Bien évidemment, toute ressemblance avec le cinéma de Dominik Moll serait fortuit tout comme avec Qui a tué Bambi. La thématique de Entre ses mains reprend donc un genre surexploité dans le cinéma français de ces dernières années, le thriller, avec pour thème un allumé du ciboulot qui s’incruste dans la vie parfaite d’un individu sans histoire. C’est d’une logique implacable : l’individu sans histoire se laisse berner par un être séduisant et mystérieux et détruit (ou presque) sa vie.

Néanmoins, Benoît Poelvoorde s’en sort avec les honneurs, distillant remarquablement ce malaise dont certains acteurs comme Laurent Lucas ont le secret. Même si son personnage est d’une facile réussite, il a le mérite de porter le film à bout de bras pendant une courte heure et demie. Isabelle Carré lui oppose une face angélique idéale, touchante fresque d’une jeune femme sans histoire, qui ne souhaite finalement rien d’autre que de sortir de sa morne vie. Les deux acteurs offrent un duo efficace admirablement dirigé par une réalisatrice sachant tirer parti de sa réalisation avec brio. Celle-ci, feutrée et tendue, dresse efficacement le portrait de ce couple inhabituel au sein du décor d’une ville froide, telle que Lille.

Bien que d’une très convenable qualité, Entre ses mains souffre d’une trame convenue et attendue, heureusement contrebalancée par des acteurs dépourvus de la nécessité de faire leur preuve. Benoît Poelvoorde reste marquant dans son interprétation émouvante et tragique d’un homme désespéré d’être ce qu’il est et tentant d’échapper à sa fatalité.

A voir : plutôt oui, mais uniquement pour notre cher acteur belge...
Le score presque objectif : 6/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, une bonne interprétation pour un scénario conventionnel, à vous de peser le pour et le contre…