Adaptation du roman de Philippe Claudel, Les Ames Grises est le dernier film de Yves Angelo, responsable de la photographie sur bien des succès cinématographiques français… Il est regrettable de constater que son passage à la réalisation se fait dans une telle douleur, Les Ames grises étant décevant au plus haut point. Quel dommage quand on constate que Jean-Pierre Marielle et Jacques Villeret sont à la distribution…
L’histoire
Durant l’année 1917, une petite fille d’un village proche du front est retrouvée assassinée. Ce meurtre, déclenchant un réel émoi dans le village, est rapidement suivi d’une enquête…
La critique
Ces drôles de guerres du vingtième siècle qui ont fait la France d’aujourd’hui…
Depuis peu, chaque année a droit à son film de guerre à la française, et avec lui, son thème meurtri, logiquement fait de larmes et de tristesse, d’une douleur pas si lointaine et pourtant si proscrite. 2003 avec Effroyable Jardins, sa fraternité et son travail de déni de l’oubli, 2004 avec Un long dimanche de fiançailles et son thème de l’amour… Puis, Les Ames grises, avec sa tristesse ineffable. Un sentiment dur, lourd et poignant supposé supporter toute l’œuvre d’Yves Angelo. Je dis "supposé" car finalement, rien ne supporte l’œuvre du réalisateur, Les Ames grises sonnant creux pendant 106 minutes.
Un ton annonciateur des plus réussis…
Pourtant, pourtant, pourtant… L’introduction est mémorable, mettant en scène un vieux procureur campé par Jean-Pierre Marielle, parfait en vieil homme détesté et craint de tous. Sa diatribe contre un pauvre bougre accusé de meurtre est vibrante et touchante, envoyant à une humanité perdue enfouie dans chacun. A travers ses mots, ce procureur décrit en fait sa propre situation, celle d’un veuf ayant abandonné son humanité lors de la mort de sa femme.
Passé ce préambule si prometteur, d’autres protagonistes nous sont présentés : le juge Mierck, arriviste écoeurant, Lysia, la nouvelle institutrice, et le policier. Chacun tentant de survivre avec la guerre à quelques kilomètres. Malheureusement, ces personnages ne tiennent aucune de leur promesse, chacune de leur apparition sonnant complètement creux. Yves Angelo, en souhaitant en permanence recréer une atmosphère unique (en fait, son atmosphère de la guerre de 14-18), fini par cantonner son film à une simple atmosphère, nous détachant ainsi complètement de ses personnages. Leur vie nous demeure inconnue, le peu de leur sentiment qui nous est dévoilé laisse imperméable et indifférent. Un peu comme si la torpeur de tous les habitants de ce petit village avait fini par tous nous gagner. Chacun a son histoire, ses marques, ses cicatrices, mais aucun de ces potentiels n’est exploité.
De la matière, il y en a pourtant…
Fait étonnant comparé à des productions fades et vides de sens,
Les Ames grises ne manque pourtant pas de thématiques intéressantes. Il y en a beaucoup (trop) : la perte des proches, le deuil des êtres aimés, la guerre de 14-18, si horrible dans les livres d’histoire, si absente des reconstitutions historiques, vivre sous les bombes… Le thème le plus intéressant restera évidemment celui de la noirceur humaine, parfaitement incarnée par Jacques Villeret, en surprenant contre-emploi. Enfin, dans ce village si typique, une très nette distinction s’opère entre ceux qui font la guerre et ceux qui y échappent, un fossé se creusant entre deux catégories toujours plus éloignées l’une de l’autre. Toujours est-il que ce thème, comme les autres, n’est qu’effleuré et jamais abordé. Tout juste survolé.
Les
Ames grises est une coquille vide au contenu aussi laborieux que son contenant. Stupéfiant qu’un film avec Jean-Pierre Marielle et Jacques Villeret puisque être considéré comme moyen. Stupéfiant que
Les Ames grises soit raté. Il l’est. Complètement.
A voir : au prix où sont les place de cinéma aujourd’hui, non…
Le score presque objectif : 5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -2, Vous pourrez peut-être vous en contenter s’il fait mauvais temps…
Site officiel:
Les Ames Grises