Les Noces funèbres
Tim Burton's Corpse bride
Sortie:
19/10/2005
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1h15 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Les Noces funèbres

par: Sebastien Keromen



Un deuxième Tim Burton cette année ! Ça se fête ! Comment ? En allant voir le film, bien sûr. Johnny Depp et Helena Bonham Carter en marionnettes, pour un film comme vous n’en avez jamais vu.

Les Noces funèbres
Titre original : Tim Burton’s Corpse bride
USA, 2005
Réalisateur
 : Tim Burton & Mike Johnson
Acteurs : Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Emily Watson, Tracey Ullman, Paul Whitehouse, Joanna Lumley, Albert Finney, Richard E. Grant, Christopher Lee, Michael Gough en VO, et personne de connu en VF
Musique de : Danny Elfman
Durée : 1h15

L’histoire
Victor va se marier, avec Victoria, qu’il n’a jamais rencontrée. Leurs parents ont arrangé ce mariage, pour obtenir ce qu’il leur manque : noblesse pour les uns, argent pour les autres. Mais lors de la répétition du mariage, Victor s’embrouille dans les vœux. Alors qu’il s’entraîne à les répéter dans la forêt, il épouse par mégarde le cadavre d’une mariée, qui s’anime…


La critique


Deux Tim Burton dans la même année ! C’est encore mieux que Noël tous les jours ! Étant un fan absolu du Tim, je devrais, là, juste au moment où vous me lisez (ou plus exactement au moment où j’écris), être totalement extatique. Sauf que je suis vachement embêté. Oh oui. Non pas que je n’aie pas aimé les Noces funèbres. C’est plutôt que j’ai beaucoup de mal à savoir exactement ce que j’en ai pensé, et là faut que je vous l’explique. Allez, on va commencer facile, par des trucs dont je suis sûr. On va commencer par la technique.
C’est incroyable ce qu’on peut faire avec des poupées. Bon, c’est vrai que l’Étrange Noël de Monsieur Jack date de plus de 10 ans, et que c’était déjà impressionnant, et qu’on supposait que ça serait au moins aussi bien. Mais quand on voit les palettes d’expression, la fluidité de l’animation, les mouvements de caméras incroyables, on ne peut que rester muet d’admiration. Quand en plus c’est entre les mains d’un gars franchement doué, le résultat vaut toutes les ovations. L’aspect esthétique est aussi irréprochable, avec certaines images (la plupart en fait) totalement superbes, lumineuses, poétiques, surprenantes. La dernière scène est à ce titre un moment d’extase esthétique.


Passons à l’ambiance, elle aussi sans égale.
On a du mal à croire que Tim Burton est le même gars qui nous a éblouis de chocolat il y a quelques mois. Si Charlie et la chocolaterie était à croquer, les Noces funèbres est à déposer au fond d’un cercueil, où le film se sentira à son aise, de préférence enroulé dans une toile d’araignée et caché sous un tibia rigolard. Le glauque, le macabre et le squelettique le disputent au fantomatique et à l’humour d’outre-tombe. Les cadavres mal conservés et squelettes décharnés sont légion, ce qui, selon la sensibilité, peut mettre mal à l’aise certains. Le personnage de la mariée défunte, par exemple, laisse apparaître un maxillaire, quelques côtes sous sa peau, et un bras totalement décharné (encore une fois, bravo aux créateurs de cette marionnette, plus vraie que nature). Pas tout à fait le canon en vigueur à Hollywood ! C’est d’ailleurs bien une marque de la reconnaissance dont bénéficie Tim Burton, qu’un studio ait accepté de produire un film qui ne ressemble à rien d’autre, rien de connu, rien sur cette terre (peut-être au-dessous).
Si les voix françaises sont tellement inconnues qu’elles ne figurent pas dans la fiche technique du film, les voix originales alignent les stars. À commencer bien sûr par Johnny Depp, acteur fétiche du réalisateur, et Helena Bonham Carter, égérie du réalisateur. Mais n’oublions pas Emily Watson en tendre fiancée (vivante), Albert Finney en père arriviste et strict, Richard E. Grant en coureur de dots, et Christopher Lee en prêtre à la voix caverneuse. Tous donnent à leur personnage et au film une émotion palpable, relayée par les marionnettes d’une façon troublante. À nouveau écrite par Danny Elfman, la musique participe encore à l’ambiance, mêlant harmonium et xylophone pour la musique d’outre-tombe, et passages de jazz complètement déjantés. Les quelques passages chantés, même s’ils sont inférieurs à ceux de l’Étrange Noël de M. Jack (qui touchaient au génie pur), restent extrêmement distrayants, quoique parfois un peu confus.


J’arrive au moment critique : vous dire si c’est bien ou pas.
Je me donne encore quelques instants en vous parlant du scénario, qui justement commence à me plonger dans l’embarras. L’histoire est totalement inédite au cinéma (tirée d’une légende russe), et typiquement Burtonnienne. Elle pêche un peu par un méchant anecdotique (et trop vite repérable), mais garantit le suspense : difficile de choisir entre les deux fiancées, puisque chacune est sincère. Ça paraît bête, mais ne pas savoir à l’avance comment un film va finir, c’est pas si commun. Maintenant, le problème est que cette histoire l’emporte un peu sur le plaisir des images. Ou qu’à cause de leur aspect bizarre (les grands très maigres et les petits gros, ça va bien deux minutes, mais ça fait bizarre quand tout le monde est comme ça), on ne prend pas fait et cause pour les héros. Ou qu’on est tellement étonné qu’on ne sait pas quoi penser. Ou l’asticot à tête d’Edward G. Robinson qui fait un peu tâche. Ou que le temps qu’on s’habitue à l’ambiance, à l’histoire, à la musique, c’est déjà fini (ça dure 1h15). Je ne saurais vous dire. Alors je vais conclure par une pirouette : faites-moi confiance quand je vous assure que vous n’avez jamais vu un tel film, faites confiance à Tim pour avoir réalisé un nouveau joyau, et allez vous faire une idée par vous-même. Vous pourrez me dire comment finir ma critique, alors.

A voir : parce que vous n’avez jamais rien vu de tel
Le score presque objectif : 8/10, sans doute, peut-être plus, mais peut-être pas
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, de toute façon, il faut toujours aller voir les films de Tim Burton. Ah, oui, et si vous n’avez pas vu l’Étrange Noël de M. Jack, il est plus que temps de combler cette lacune, par tous les moyens possibles.

Sébastien Keromen