Je ne suis pas là pour être aimé
Je ne suis pas là pour être aimé
Sortie:
12/10/2005
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h33 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Je ne suis pas là pour être aimé

par: Arnaud Weil-Lancry

Et si votre vie vous révelait encore de belles surprises ? En posant cette simple question, Stéphane Brize met en scène un individu blasé de tout, Jean-Claude, incarné par le flegmatique Patrick Chesnais. Je ne suis pas là pour être aimé... Mais en êtes vous bien sûr, cher Jean-Claude ?

L'histoire
Jean-Claude Delsart, 50 ans, Huissier de justice sans coeur et sans sourire, a depuis longtemps abandonnée l'idée d'une vie pleine de surprise. Mais un jour, sur les conseils de son médecin, il pousse la porte d'un cours de Tango...
La critique

Je suis là pour être haï
C'est un postulat simple et sans ambiguïté comme celui-ci qui pourrai remplacer le titre de Je ne suis pas là pour être aimé. En effet, le dernier film de Stéphane Brize met en scène Jean-Claude, individu déprimant et morne, dont la vie professionnelle est l'infect reflet de sa vie sentimentale, c'est à dire un désert complet. Patrick Chesnais incarne ce personnage fade en couleur, intriguant miroir français de Bill Murray: les deux acteurs cultivent cette image d'individu blasé et desespéré, avec l'humour en prime pour l'acteur américain. Car il est flagrant que le faciès de Patrick Chesnais ne prête pas au sourire, sarcastique, comme compatissant. Car il est encore plus flagrant que sa vie n'a rien d'un fleuve tranquille... Mettons nous à sa place: un métier de huissier de justice, un fils qui vous craint, un père qui vous méprise, une santé défaillante à la petite cinquantaine... Jusqu'au jour où Jean-Claude va pousser la porte du cours de Tango d'en face de son étude, et croiser le regard de Françoise...
Comme une leçon de Tango...
Contrairement aux apparences, Je ne suis pas là pour être aimé ne tend pas à faire l'apologie du Tango. Il est clair que cette discipline est agréablement retranscrite à l'écran mais Stéphane Brize ne perd jamais de vue son sujet et son objectif: Jean-Claude. Cet individu à qui la vie n'a plus rien à apporter et qui pourtant va se sentir une nouvelle existence du moment où son regard croisera celui de Françoise. Ainsi, tout peut arriver: un revirement, un accident, mais surtout, une surprise... Surprise véhiculée par le tango, ce dernier n'étant qu'un prétexte pour quelques messages simples mais clairs affichés tout au long du film et ne tenant finalement que sur un seul mot: l'Amour. Un sentiment violent, comme éprouvant, qui adoptera de multiples formes tout au long du film pour prendre entre autre celui de la culpabilité et de la responsabilité parent-enfant. Inévitablement, certains poncifs jonchement le film, tout comme un esprit cinématographique typiquement français, mais jamais aux dépens de l'oeuvre.
C'est avec respect et pudeur que Stéphane Brize filme ses acteurs, s'octroyant le luxe de laisser passer quelques plans fixes mais subtils ne ralentissant en rien le film, mais en lui apportant au contraire en émotion. Celle-ci, toujours discrète, est pourtant présente à chaque plan, à chaque instant, atteignant son (prévisible) climax lors de la magnifique séquence du placard que je vous laisse le soin de découvrir.

Des acteurs pleins de tendresse
Si les principaux protagonistes du film sont admirablement campés par Anne Consigny et Patrick Chesnais, une dimension marquante est totalement incarnée par le père de Jean-Claude, impressionnant Georges Wilson. Ce vieil homme est particulièrement touchant dans son rôle de père brutal et insensible, dont la violence des reflexions et des attitudes n'est que le reflet de l'amour et de l'admiration ressenti pour son fils. Mais fidèles à leur lien filal, les deux hommes auront eu une vie remplie d'intransigeance et de froideur admirablement mise en scène par Stéphane Brize. Cette chaîne sera finalement brisée par Jean-Claude, permettant ainsi à son fils de sortir de ce cercle si oppressant.

Oeuvre sur la vie et l'amour, Je ne suis pas là pour être aimé est un film réussi, d'une mise en scène à l'image de ses acteurs: subtile, et discrète. Dans ce film difficile, on retiendra surtout une analyse touchante de la relation filiale, dont les plus belles séquences resteront celles de Jean-Claude et son père, "chacun à sa fenêtre".

A voir: pour un beau film et de beaux sentiments
Score presque objectif: 8/10
Avis perso (de -3 à +3): +2, un drame français bien de chez nous...