Match point
Match point
Sortie:
26/10/2005
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h05 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Match point

par: Sebastien Keromen



Comme chaque année, le nouveau Woody Allen sort. Mais pas comme chaque année, le cru 2005 ne ressemble pas aux autres et ressemble enfin à ce que le réalisateur peut faire de mieux…

Match point
Titre original : Match point
USA, 2005
Réalisateur
 : Woody Allen
Acteurs : Jonathan Rhys-Meyers, Scarlett Johansson, Brian Cox
Durée : 2h05

L’histoire
Chris est un ancien joueur de tennis, reconverti en professeur de tennis dans un club huppé, et rempli d’ambition. Il y rencontre Tom, avec qui il sympathise, et sa sœur Chloe, avec qui il fait plus que sympathiser. Mais lorsqu’il rencontre la charmante fiancée de Tom, Nola, la situation va devenir inextricable.


La critique


Woody Allen, c’est comme Claude Lelouch (non, attendez que j’ai fini ma phrase avant de me jeter des pierres) : il y a ceux qui aiment et ceux qui n’accrochent pas. Faisant partie de la deuxième catégorie, je vais pouvoir vous faire part de l’avis d’un non-fan, mais comment faire pour les inconditionnels de Woody Allen, qui sont pourtant nombreux ? Je vais donc tenter devant vous un exercice de schizophrénie sans filet, avec une tentative de point de vue d’un fan, et mon point de vue de non-fan. Et si vous voulez savoir ce qu’un vrai fan en pense, vous n’avez qu’à en dégotter un et à lui demander.


J’adore Woody Allen, sa délicatesse, son intelligence, sa finesse, sa culture.
Chacun de ses films parle à mon cerveau et à mon cœur. Et quel talent de mise en scène, et de direction d’acteurs. Il parle de la vraie vie et des sentiments comme personne, et ses personnages sont si attachants. Même si ses dernières comédies ne touchaient plus au grandiose, j’avais confiance en lui : il referait un grand film. Pourtant, au début, Match point m’a un peu surpris : Woody ne joue pas dedans, et personne même ne joue le rôle de Woody. Mais heureusement, les personnages évoluent dans ce monde aisé et intellectuel qui m’est si cher, s’aiment et se déchirent, font de grands discours et pleurent ou crient. Je vais pouvoir parler de toutes leurs actions avec mes amis qui aiment bien sûr aussi Woody Allen. En bref, je suis ressorti complètement bouleversé de son dernier film. Tant de tension, tant de drame, tant d’émotion. Un film rare.
Voilà. Si vous avez cru à ma personnalité qui aime Woody Allen, vous êtes bien le seul, mais en ramenant mon goût habituel pour le réalisateur et mon avis sur le film, ça pourrait donner ça pour ceux qui aiment. Ou pas du tout. Vous verrez bien.

A voir : parce que c’est Woody Allen
Le score pas objectif pour ceux qui aiment Woody Allen : 8,5/10


Je n’ai jamais compris ce que les gens trouvaient à Woody Allen.
Si le mec même peut être irrésistiblement drôle, ses films m’ont toujours laissé une grande impression de vide. S’ils ne sont en général pas désagréables à regarder, je suis incapable de me rappeler le moindre passage deux jours après. Et je vous parle de ses " réussites ", comme Meurtre mystérieux à Manhattan, ou Tout le monde dit I love you. Parce que certains de ses derniers films (Escrocs mais pas trop ou Hollywood ending, pour ceux que j’ai vus) confinent au néant et à l’anecdotique absolu. C’est bien simple, je connais des blagues Carambar avec plus de substance. Mais bon, la rumeur aidant, je me suis dirigé vers les salles obscures pour le dernier Woody Allen. Voir ses films en salle, c’est en général pour moi le risque de me trouver dans une salle hilare alors qu’il n’y a rien de drôle à l’écran, ce qui m’a toujours plongé dans le désarroi. Puisque Match point est largement plus dramatique, pas de rires incompréhensibles cette fois, mais beaucoup de gens qui font Oh, ou Ah, ou Oh la la selon ce qui se passe à l’écran, et qui en discutent avec leurs voisins toutes les 10 minutes. C’est vraiment un public à part, les Woody Allen.


Passons donc au film, qui est loin d’être dénué de qualités.
Tout d’abord, place aux jeunes. Woody Allen nous livre un film sans Woody Allen, et sans quelqu’un qui joue comme Woody Allen. Et place au charme, puisque, que vous soyez un gars ou une fille, vous allez pouvoir vous rincer la pupille de charmants minois (juste les minois, hein, c’est extrêmement prude les images, pas de nudité excessive). C’est joliment filmé, agréablement mis en scène, mais bon, quand c’est calme, je remarque rarement la mise en scène. Les acteurs sont attachants et jouent bien, mais le milieu bobo intello propre à Woody Allen (pas au point de Manhattan, où chaque phrase incluait une citation d’écrivain mort et deux citations de philosophe, mais tout de même) met un peu de distance entre le spectateur et les protagonistes (à moins que vous ne soyez un bobo intello, et c’est peut-être pour ça que vous parlez au cinéma). Cela dit, l’histoire avance assez vite, avance à quatre voix, avec pas mal de charme. Et si on fait abstraction d’un peu de longueur au milieu, on profitera de la fin du film où la tension est à son comble, et l’émotion à son apogée. Même si finalement le scénario laisse le temps de voir venir ce qui va se passer et ne surprend pas, l’histoire reste honnête et bien racontée.
S’il ne révolutionne pas le cinéma, le dernier Woody Allen est d’un niveau tout à fait correct, bien loin de ses dernières inutilités cinématographiques. Si vous ne vous êtes pas endormi au milieu, je vous mets au défi de ne pas avoir le sang qui pulse sous la tension de la fin du film. Toujours un peu bavard, toujours sans action notable, uniquement autour des personnages, le dernier Woody Allen nous rassure sur son envie de cinéma. Ça ne suffira sans doute pas à rallier tous les sceptiques, mais au moins ça ne leur donnera pas d’arguments supplémentaires. Et un message aux fans de Woody Allen : la prochaine fois, si vous parlez encore pendant le film, je me lève et je vous frappe. Tous. Fort. Et plusieurs fois.

A voir : pour sa qualité, et si un risque d’ennui ne vous fait pas peur
Le score pas objectif pour ceux qui ne sont pas fans : 7/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +1, c’est quand même pas le chef d’œuvre du siècle

Sébastien Keromen