Au soir de la veillée de Noël, en 1914, les Allemands, les Français et les Anglais sortent de leurs tranchées pour passer Noël ensemble, loin de la guerre… Une histoire si belle qu’un film la racontant ne pouvait pas être raté.
Joyeux Noël
France et autres pays européens, 2005
Réalisateur : Christian Carion
Acteurs : Diane Kruger, Benno Fürmann, Guillaume Canet, Dany Boon, Daniel Brühl (celui de Goodbye Lenin), Bernard Le Coq, et deux caméos que je vous laisse découvrir
Musique de : Philippe Rombi
Adapté d’une histoire vraie
Durée : 1h55
L’histoire
1914. 24 décembre. Chacun dans leurs tranchées, des soldats français, anglais et allemands réveillonnent pauvrement pendant que l’état major organise des concerts. Mais l’un des soldats allemands, ténor dans le civil, va transformer cette nuit en un événement aussi inattendu que mémorable.
La critique
Ce film partait avec un avantage infini : raconter une histoire vraie tellement belle qu’on a du mal à y croire. Raconter une histoire optimiste dans un monde voué au cynisme et à la morosité. Raconter une histoire que tout le monde (sauf peut-être quelques-uns qui se complaisent dans le pessimisme) voudront voir. Difficile de rater un film avec ce point de départ. Et Joyeux Noël n’est effectivement pas raté. Cependant, si on réfléchit juste un peu, avant d’aller voir le film, on se demande comment ça peut prendre presque 2h de raconter cette histoire simple. Sur ce point, le film est encore irréprochable. Il prend le temps de camper ses personnages, mais pas trop longtemps, prend le temps de développer cette nuit de Noël, juste ce qu’il faut, et n’oublie pas ses conséquences autant intérieures (comment tirer sur l’ennemi après avoir festoyé et joué au foot avec lui) qu’extérieures (cette fraternisation est évidemment très mal vue par l’autorité, dans quelque camp que ce soit).
Mais avec tant de qualités déjà acquises, on ne peut qu’être un peu déçu du résultat. D’abord pour ce phénomène assez classique de " film qui n’apporte rien à l’histoire qu’on n’aurait pu imaginer ", c’est-à-dire dont on pourrait parler sans même l’avoir vu, en faisant presque illusion. Ce n’est pas que le film manque de détails, mais l’histoire générale avance en ligne droite, sans surprise majeure. À vrai dire, c’était un défaut auquel on s’attendait un peu. Par contre, l’autre défaut auquel on s’attendait moins, c’est le relatif manque d’émotion. Le film est assez émouvant. C’est le qualificatif le plus fort que je puisse employer. Pour une histoire si belle, avec tellement d’implications et de résonance, c’est seulement assez émouvant. Bien sûr, ça dépend de la sensibilité de chacun, et certains seront peut-être bouleversés, mais j’étais vraiment acquis d’avance à cette histoire, et ça ne m’a pas ému plus que ça. Quelques jolies scènes, quelques belles idées, mais ça reste ponctuel, et juste assez émouvant.
Rien à reprocher aux acteurs ou à la réalisation. Tout le monde est bien dans son rôle et incarne avec conviction ces personnages. On déplorera juste un lip-sync (ce sont les voix de Nathalie Dessay et Rolando Villazon) pas très au point pour les deux chanteurs d’opéra (Diane Kruger et Benno Fürmann). La reconstitution de la grande guerre est crédible, même si un peu trop propre. On appréciera aussi le fait que chacun parle sa langue, du moins entre eux (et encore une fois les Allemands sont les plus polyglottes !). La musique est également agréable, et colle à l’histoire. Mais pour un film qui aurait pu et aurait dû enthousiasmer, je me retrouve à vous expliquer pourquoi c’est pas trop mal. Dommage.
A voir : pour l’histoire
Le score presque objectif : 7,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, ça reste un beau film, mais on est passé à côté de quelque chose de cent fois plus émouvant
Sébastien Keromen