Domino
Domino
Sortie:
23/11/2005
Pays:
Etats-Unis
Genre:
Durée:
2h08m Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Domino

par: Arnaud Weil-Lancry

Quand le génial réalisateur du Dernier Samaritain se planque derrière une caméra, le résultat est rarement décevant. Le dernier film de Tony Scott, Domino, raconte la vie d’un chasseur de primes, incarné par la délicieuse Keira Knightley. Délicieux, le film l’est un peu moins…

L’histoire
Domino est une belle brune issue d’une famille riche. Cherchant à tout prix à briser ce carcan bourgeois, elle devient chasseur de prime…

La critique

Shane Black et Tony Scott, même combat ?
Coïncidence ? Quel heureux hasard de circonstance nous fait donc retrouver à l’écran le réalisateur de l’incroyable True Romance peu de temps après Shane Black, son compère des années 80-90 ? Je dirais plutôt, quelle époque hollywoodienne post-mortem, dans laquelle on puise sans fin dans les succès d’antan pour retrouver une vigueur cinématographique en très nette perte de vitesse… Car Tony Scott puise en effet dans ses succès passés pour y insuffler une nouvelle force : l’ambiance eighties de Domino est extrêmement probante de cet effort de la part du réalisateur américain. De la sorte, allait-il accomplir le même retour que Shane Black avec son Kiss Kiss Bang Bang ? La question était sur toutes les lèvres. La réponse, hasardeuse, est néanmoins sans appel. A la manière d’un potage périmé, Domino se laisse avaler, mais laisse un désagréable arrière goût dans la bouche.


Domino, Doliprane, Dodo ?
En quelques instants, on est pétrifié par le sentiment d’avoir à l’écran, non pas Tony Scott, mais un croisement entre Michael Bay et Oliver Stone… La multiplication des plans pour l’un et la folie frénétique de l’autre. Mais un tel montage épileptique était-il réellement nécessaire ? Ou est-ce simplement le moyen de pallier à un scénario peu consistant et on oserait presque le dire, ennuyeux ? En effet, ce montage frénétique ne parvient jamais à cacher les insuffisances d’un scénario alambiqué et inutilement laborieux. Car si sur le papier, Domino avait tout du polar shooté à la testostérone, l’effet est très loin d’être convaincant à l’écran : les plans et la photo sont extrêmement léchés mais chaotiques au possible, la vision du seul générique suffisant à chambouler les restes de votre récent dîner encore demeurés dans votre estomac.
L’utilité d’une telle folie visuelle laisse sceptique, d’autant plus que le film, pompeusement estampillé interdit au moins de douze ans, reste assez soft et déçoit presque les soucieux d’une violence typiquement eighties. Celle-ci se fait cruellement désirer et malgré les multiples références à ce genre à succès (True Romance…), la mayonnaise ne prend pas.

Les séquences (voir plans-séquences) sont à la limite du regardable et font osciller Domino en permanence à la limite du supportable, voire du ridicule. On demeure ainsi sans cesse tiraillé entre un film visuellement soigné et divertissant, et le flagrant foutage de gueule. Ces désagréments ne sont nullement arrangés par la durée du film, trop longue de vingt bonnes minutes.  Côté interprétation, on retrouve avec plaisir un Mickey Rourke en grande forme depuis Sin City, et une Keira Knigtley, apparemment en croisade pour briser son image de brunette exquise et parfaite depuis The Jacket. Elle n’exploite malheureusement pas toute les possibilités de son personnage de Domino Harvey, se comportant bien plus comme un chat sauvage au lieu d’une tigresse. Tony Scott parvint toutefois à extirper de son film quelques morceaux de bravoure comme la présence désopilante de Ian Ziering et Brian Austin Green (Beverly Hills) dans une semi-parodie de leur propre rôle.

Plus proche de l’œuvre tapageuse d’un jeune premier que de la maturité d’un Tony Scott, Domino reste léger et superficiel. Sans être raté, il reste bien éloigné des films du genre d’il y a une dizaine d’années, et à plus forte raison, bien lointain de la réussite qu’il aurait pu et du être.

A voir : pas vraiment…
Le score presque objectif : 6/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +0, il ne tient qu’à vous de vous déchiqueter les yeux, comme le cerveaux…