Trois enterrements
The Three burials of Melquiades Estrada
Sortie:
23/11/2005
Pays:
Etats-Unis
Genre:
Durée:
2h Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Trois enterrements

par: Arnaud Weil-Lancry

Trois enterrements, ou une belle leçon de cinéma.
De et avec Tommy Lee Jones.

L’histoire
Melquiades Estrada, un mexicain, est assassiné. Son corps sera retrouvé, puis enterré. Son meilleur ami, Pete Perkins, va mener une enquête que personne ne souhaite pour retrouver son meurtrier. Il va forcer ce dernier à déterrer le corps pour lui donner une sépulture dans sa terre natale, à Jimenez, au Mexique.

La critique

Quoi, ma gueule, qu’est ce qu’elle a ma gueule ?
En effet, Tommy Lee Jones est une tronche. Et une sacrée. Ce vieux routard du cinéma a le chic pour faire passer toutes les pilules, même les plus indigestes. A la manière d’un Clint Eastwood, tous ses films, mêmes les plus calamiteux, sont supportables ou regardables. C’est un peu normal quand la nature vous a doté d’un tel faciès. Un visage, une gueule… Une tronche émaciée, expressive, déprimée et déprimante, mélancolique et blasée au paroxysme. Avoir vu un film avec Tommy Le Jones, c‘est un peu avoir vu tous ses films : son jeu reste immuable et stoïque, mais sa qualité fait de lui un Grand. Visionner son premier film, Trois enterrements, était donc une éventualité aussi bien réjouissante qu’évitable. Son interprétation serait fidèle à l’individu décrit ci-dessus : blasée et mélancolique. Et en effet, Trois enterrements reste en conformité complète avec son créateur, qui par ailleurs interprète le rôle principal. Mais grands dieux, quel film !
I'm a poor lonesome cow-boy...
Forçant l’admiration, Tommy Lee Jones ne choisit pas la facilité, inscrivant son film au Texas, dans un désert aride et sec. Ce genre de décors est peu favorable en ce sens qu’il est très facile de se sentir poussé par l’ennui au milieu de ces décors blancs et désolés. Il est tellement aisé de se sentir éloignés de ces cow-boys, individus fiers et conservateurs, étranges garants d’une époque rattachée au Far West. Mais on ne ressent jamais le moindre ennui, la mélancolie du réalisateur américain nous taraudant pendant deux heures. Une telle ambiance fait inévitablement penser à l’excellent Lone Star de John Sayles, mais la comparaison s’arrête là, Tommy Lee Jones s’orientant dans un registre tout aussi humain, mais radicalement différent.
Parce que finalement, qu’est ce que Trois enterrements ? Une œuvre magnifique sur l’amitié entre deux hommes, dont le survivant bravera tout pour respecter la parole donnée à son défunt compagnon. Tout comme son personnage, Pete Perkins, Tommy Lee Jones le réalisateur ne s’encombre d’aucun superflu dans sa réalisation : pas de réelle recherche technique, pas de bande originale marquante. Un style simple et expurgé de tout artifice à travers l’unique souci de dépeindre une belle histoire humaine, mais aussi un vigoureux plaidoyer en faveur des immigrants mexicains à qui on retire même la dignité.

Des hommes et des femmes...
Si Tommy Lee Jones explose littéralement l’écran, les rôles secondaires ne sont nullement lésés pour autant. Dans son choix, uniquement des acteurs peu au pas connus : Julio Cedillo, Dwight Yoakam et Barry Pepper. Ce dernier, injuste habitué des éternels seconds rôles, incarne le meurtrier de Melquiades Estrada, un garde-frontières haineux et écoeurant auquel Pete Perkins va tenter d’ouvrir les yeux. Et même dans l’éventuelle rédemption de ce salopard accompli, le réalisateur ne commet pas l’erreur de nous le rendre attendrissant ou attachant. Si elles sont discrètes, les femmes sont pourtant présentes, éternelles béquilles pour ces hommes bourrus et brutaux.

Kevin, Tommy, même combat ?
Un peu à la manière de Kevin Costner avec Danse avec les Loups, Tommy Lee Jones pénètre par la porte des grands, dans l’univers si cloîtré des grands réalisateurs. D’ailleurs, les deux hommes partagent bien plus que cette réussite, car Open Range et Trois enterrements sont finalement très proches : des histoires d’hommes et de femmes attachés aux valeurs simples mais fondamentales que sont l’honneur, l’amour, et l’amitié.
Et à travers ces magnifiques œuvres humaines, du Cinéma. Du vrai.

A voir : vous commettriez le pire des crimes en le ratant …
Le score presque objectif : 8/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, coup d’essai, coup de maître…