Harry Potter et la coupe de feu

par: Sebastien Keromen



Est-ce vraiment la peine de vous présenter Harry Potter ? Non, bien sûr. Après 3 films réussis même si perfectibles, le 4ème opus réussira-t-il à perpétuer cette réussite ?

Harry Potter et la coupe de feu
Titre original : Harry Potter and the goblet of fire
USA, 2005
Réalisateur
 : Mike Newell
Acteurs : Daniel Radcliffe, Emma Watson, Rupert Grint, Ralph Fiennes, Michael Gambon, Brendan Gleeson, Robbie Coltrane, Maggie Smith, Alan Rickman, Warwick Davis, Miranda Richardson, Gary Oldman, Jason Isaacs
Musique de : Patrick Doyle
Adapté du livre de J.K. Rowling
Durée : 2h35

L’histoire
Quatrième année à Poudlard pour Harry Potter et ses amis. Cette année, l’école est le terrain d’une prestigieuse mais dangereuse compétition entre écoles de sorciers. Harry, inscrit à son insu, participe à cette compétition. Mais peut-il gagner, ou au moins survivre ? Et qui a pu l’y inscrire, et pourquoi ?


La critique


Encore un Harry Potter ! Mais bon, ce n’est pas moi qui vais me plaindre. C’est juste que la critique va ressembler étrangement à celle des 3 autres. Re-situons d’abord l’épisode. Quatrième année, celle qui bascule sérieusement dans la noirceur (le film est d’ailleurs déconseillé aux moins de 12 ans en Angleterre, mais finalement moins traumatisant que le livre). Mon épisode préféré en livre (comme pour beaucoup de personnes), du moins jusqu’à la sortie du Prince de sang mêlé qui l’a facilement supplanté (comme, je suppose, beaucoup de personnes également). Mais La Coupe de feu est aussi l’épisode où il se passe le plus de choses, avec deux histoires principales qui tournent autour du héros. Vu la perte d’histoire (et surtout d’histoires, notez le S) dans les films précédents, celui-ci provoquait les plus vives inquiétudes. Alors, comment Steve Kloves s’en est-il tiré pour sa quatrième adaptation ?
Pareil, mieux, et moins bien. Si, le scénario est tout ça à la fois par rapport aux autres. Pareil, parce qu’il est obligé de faire l’impasse sur des morceaux importants ou non de l’histoire, assez nombreux, dont sans doute certains des éléments qui vous avaient bien plu à la lecture du livre. Mieux, notamment comparé au troisième, parce que l’histoire restante tient mieux debout (pas de trou béant comme l’évasion de Black escamotée dans le Prisonnier d’Azkaban). Et moins bien, parce que moins cohérent que les autres, avec un rythme trop variable. Si le début donne l’impression d’un sprint pour narrer tous les événements qu’il faut raconter, le film prend au contraire trop de temps pour certaines scènes ou événements, telles les épreuves (la première surtout), et le bal de Noël (même si cette longue scène est réussie). Je sais pas vous, mais moi j’aurais bien rogné un peu de poursuite par un dragon pour quelques scènes de classe supplémentaires (on n’a droit ici qu’à un cours de Maugrey Fol Œil, un point c’est tout).


Côté réalisation, c’est comme d’habitude très réussi.
On a droit à quelques belles scènes, quelques beaux plans, et si c’est un peu moins stylé que le précédent et son feuillage changeant, c’est tout de même d’un bon niveau. Les effets spéciaux sont comme d’habitude irréprochables, mais semblent bizarrement peu nombreux, surtout avec la suppression de certaines créatures du livre, notamment les regrettés scroutts à pétard. Par contre, les vues sur l’école et ses bâtiments sont superbes, et la musique de Patrick Doyle (avec tout de même des relents des thèmes de John Williams) souligne très bien ces scènes, comme les autres, d’ailleurs. Les acteurs sont toujours à l’aise dans leurs rôles, surtout qu’on les a depuis le temps bien assimilés à leurs personnages. Michael Gambon semble plus à l’aise en Dumbledore (ou peut-être avons-nous mis un film à oublier Richard Harris), les autres professeurs sont toujours savoureux, surtout qu’on a droit à quelques scènes entre eux, ce qui compense l’absence de scènes de cours. Brendan Gleeson, le nouveau professeur de l’année, nous livre une performance réussie, même si un poil exagérée. Les autres élèves sont par contre encore plus en retrait que d’habitude, et à part Neville, on les voit à peine, même Malefoy. Quant aux concurrents de Harry dans le tournoi, ils ne sont pas tout à fait convainquants. La faute d’abord au scénario qui les laisse pas mal en retrait, mais aussi à leurs interprètes qui manquent de charisme (les deux gars, surtout). Finissons par Voldemort, interprété par un Ralph Fiennes méconnaissable. Là maintenant, j’ai encore du mal à dire s’il est réussi ou non. Il est sûr qu’il ne ressemble pas à l’idée que je m’en faisais (surtout avec une voix douce et doucereuse plutôt que sépulcrale), et qu’il faut un peu de temps pour s’y habituer. On va dire plutôt réussi, mais le jury délibère encore.
Bon, alors, au final, c’est bien ou pas ? Même si le film dégage un peu moins de personnalité que le précédent, et traite de façon plus commune le thème de l’adolescence (avec tout de même une belle digression pour le bal de Noël), il bénéficie du scénario du livre qu’il a su garder intact, malgré l’élagage. La fin a presque la même force que dans le livre, ce qui n’est pas un mince exploit quand on se rappelle la claque que le livre nous a mis (surtout quand il était 4h du matin). Donc, à nouveau, les fans du livre pleureront aux manques (même si le scénario reste cohérent, c’est-à-dire n’aborde pas une partie d’une histoire pour laisser choir l’autre partie, comme le faisait le troisième film) mais ne pourront qu’apprécier de retrouver la majeure partie en images qui bougent. Ceux qui n’ont pas lu le livre ne devraient pas en être gênés (à part peut-être l’ellipse du match de coupe du monde de Quidditch), et apprécier pleinement le film. Car, oui, comme les autres, le voyage est passionnant, dépaysant, les personnages attachants, l’histoire prenante, et le ton de plus en plus adulte. Et si on regrette qu’une version plus longue n’ait pas été prévue, on se contentera bien de celle-là, et on attend déjà le prochain opus, dans 1 an et demi à partir de maintenant, top chrono.

A voir : après avoir vu les 3 autres, mais allez-y
Le score presque objectif : 8,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, malgré les coupures faites par rapport au livre, on a échappé au pire

Sébastien Keromen


Le Jeu des plein d’erreurs.

Pour ceux qui ont lu le livre et veulent savoir avant d’aller voir le film ce qui a été coupé au montage. Pour ceux qui ont lu le livre et vu le film et qui veulent se rendre compte sans avoir à tout relire. Pour ceux qui n’ont pas lu le livre ou vu le film mais qui, par masochisme exacerbé, veulent se gâcher toutes les surprises. Voici ce qui a disparu dans le film (d’après les notes prises à ma dernière lecture du livre, ce qui inclut donc les grandes scènes et les petits détails qui m’ont plu, mais ne saurait en aucun cas être exhaustif).

Si le tout début est identique (mais expédié en vitesse), avec le meurtre du jardinier par Voldemort, le traditionnel début chez les Dursley, qui cette année incluait le régime de Dudley, a disparu. Harry se réveille directement au Terrier, ce qui nous prive aussi de la scène où les Weasley venait le chercher avec de la poudre de cheminette… dans une cheminée murée. Le portoloin conduisant à la coupe du monde de Quidditch ressemble bien à une vieille chaussure, et l’effet est saisissant.
Si vous attendiez avec impatience la coupe du monde de Quidditch, vous allez être déçu… Pas de multiplettes, pas de farfadets ni de vélanes, pas de ministre bulgare qui se paye la tête de Croupton en parlant finalement anglais… et surtout pas de match ! Fin de la scène au coup de sifflet de début de match. Oui, de début, pas final, c’est quand même vachement frustrant. Ça fait quand même deux épisodes quasiment sans Quidditch. On a aussi perdu toute l’histoire avec l’elfe de Croupton, l’accusation contre Harry Potter d’avoir fait apparaître la marque des ténèbres…
Une fois arrivés à l’école, pas le temps de souffler que les invités sont déjà là. Les belles arrivées en carrosse volant et en bateau plongeant sont réussies mais manquent un peu d’être mises en valeur en ayant distillé une attente. Côté cours, à part l’indispensable cours de Maugrey sur les sortilèges impardonnables, pas une seule autre leçon, que ce soit de potion, de soin aux créatures magiques (pas de scroutts à pétard !), de divination (pas de devoir de divination où Harry et Ron passent leur temps à s’imaginer les pires malheurs), ni même un autre cours de défense contre les forces du mal où Harry apprend à résister à l’Imperium.
Côté vie courante, on perd également le SALE, le mouvement d’Hermione pour la défense des elfes de maison (c’est bien un truc qui me manque pas, ça, c’était un peu relou dans le bouquin). On perd aussi beaucoup de Rita Skeeter et de l’influence de ses articles (les beuglantes envoyées à Hermione, par exemple, ou le scandale de la révélation de l’ascendance géant d’Hagrid). En fait, pour ce qu’il en reste, ils auraient aussi bien zapper complètement le personnage, surtout que la révélation finale de ses sources et le chantage que lui fait Hermione sont également passés à la trappe.
Le bal de Noël est largement développé par rapport au livre, même si la partie invitation des cavalières est très fidèle. De même, les disputes entre Ron et Hermione sont bien là, et, avant, la fâcherie entre Ron et Harry. La scène de la pensine a part contre été raccourcie, et sa mise en scène manque un peu d’imagination (je m’étais toujours imaginé un jeu entre la couleur et le noir et blanc pour cette scène). Le sort des parents de Neville est bien évoqué, mais pas souligné ou repris par la suite.


Côté coupe de feu, une bonne partie est restée intacte, même si on perd l’examen des baguettes par Olivander (qui déjà avait eu son rôle coupé dans le premier opus). La réalisation de l’épreuve des dragons par les autres concurrents garde la classe (ou peut-être pour des raisons de coût) d’être hors champ ; on reste avec Harry qui attend dans le vestiaire, mais la scène est un peu trop courte pour que la pression soit montée (dans le livre, on entendait les cris et bruits et commentaires des prestations des trois autres). La tâche d’Harry se trouve allongée de façon plutôt inutile, pour un résultat finalement moins éclatant. Si Dobby ne lui apporte pas les branchiflores pour la deuxième tâche (c’est Neville qui lui donne), le reste de sa réalisation est fidèle au livre. Quant au labyrinthe, c’est la déception king size. Exit tous les monstres et pièges, peut-être un peu basiques mais adaptés à l’épreuve, pour une espèce de labyrinthe tout vert et tout vide, ou des fois les haies se rapprochent entre elles de façon menaçante… Aussi excitant qu’une partie d’échecs contre une pelote de laine… Même si, monstres mis à part, les échanges entre les concurrents sont conformes à ceux du livre.
On approche de la fin, et il reste la résurrection de Voldemort et l’explication finale. Tout le retour à la vie de Voldemort est fidèle au livre, et il manque juste dans son duel avec Harry la résistance de ce dernier à l’Imperium. L’apparition des spectres de Cédric et des parents d’Harry est très réussie. Retour à Poudlard, explications sous veritaserum du faux Maugrey assez sommaires (il n’explique pas comment il est sorti d’Azkaban, c’est une manie dans les films). Explication absente aussi du Priori incantatum, Dumbledore dit juste le nom, sans expliquer le pourquoi du comment. Il manque aussi la dispute entre Fudge et Dumbledore au sujet du retour de Voldemort, ce qui aurait tout de même permis d’introduire le film suivant. La mort de Croupton Jr par baiser de détraqueur a également été zappée. Et si le banquet final avec le speech de Dumbledore est bien là, la nouvelle du retour de Voldemort a l’air de laisser de marbre l’assemblée.
On finit avec le catalogue des oubliés, qui n’apparaissent pas une seule fois dans le film. Toujours pas de professeur Binns, le professeur Chourave n’a droit qu’à avoir son nom prononcé, les services de madame Pomfresh ne sont pas requis, Peeves ne fait pas de tours pendables. Bon, on est habitué. Molly Wesley n’apparaît pas non plus, faute d’aller à la coupe du monde de Quidditch. Si Sirius est présent, c’est uniquement sous forme d’une tête de flammes, dans la cheminée, son rendez-vous à Pré-au-lard avec Harry est passé à la trappe. Plus dommage (quoique peut-être difficile à mettre en scène), le petit hibou indiscipliné de Ron, Coquecigrue, brille par son absence. Pour finir, deux disparus assez inexplicables : Percy Wesley, avec toute son arrogance et toute sa relation avec Barty Croupton, et Ludo Verpey, quand même l’organisateur des épreuves. Ben qui s’en occupe, alors ?