L'exorcisme d'Emily Rose
The Exorcism of Emily Rose
Sortie:
07/12/2005
Pays:
USA
Genre:
Durée:
1H59 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

L'exorcisme d'Emily Rose

par: Geoffrey Morlet



Inspiré d’une histoire vraie et traitée comme un fait divers, c’est le meilleur résumé qu’on puisse faire de L’exorcisme d’Emily Rose. Tellement frustrant que ça en deviendrait gênant.

L’histoire
Le père Moore est accusé d’homicide suite au décès d’Emily Rose survenu lors de son exorcisme…


La critique

Un propos didactique

L’idée de départ de L’exorcisme d’Emily Rose était pourtant intéressante. A la base, une histoire vraie et pour le moins étrange, au fort capital cinématographique, forcément. Emily Rose, fille de bonne famille (comprendre famille catho comme il faut) et sans histoire, morte dans d’atroces souffrances après un exorcisme raté. Etait-elle …possédée par une puissante force mystérieuse (le diable en fait) ? …atteinte d’une  schizophrénie extrême rarissime ? …Ou tout simplement hystérique ? Beaucoup de questions demeurées sans réponses, des phénomènes qui auront même interpellés les plus hautes instances de l’Eglise. Bref, une bien belle histoire s’il en est, déjà mythique pour beaucoup, au fort relans de mysticisme pour certains.
Le réalisateur Scott Derrickson fait parti de cette seconde catégorie. Pour étayer sa théorie sur le mystère Emily Rose, quoi de mieux qu’un bon petit (tout petit même) film de procès. « La parole est à la défense », « Objection, votre honneur », là c’est sûr nous sommes dans un tribunal. Premier problème, Scott Derickson n’est ni Coppola ni Scorsese alors forcément ça limite un peu. Un film de procès, pour qu’il retienne un tant soit peu l’attention, demande un minimum de savoir faire dans la réalisation (Le parrain 2) et un maximum de précision dans le découpage (Les affranchis ou The aviator par exemple). Là on est plutôt très loin du compte. Le fond n’est guère plus flatteur. Le film fait se succéder flashbacks sur le Mal(-in) qui ronge Emily Rose et débats scientifiquo-spirituelo-judicaires lénifiants. Un méli-mélo guère convaincant.


Diable, es-tu là ?

Scott Derrickson voulait privilégier une approche réaliste plutôt que fantastique. C’est tout à son honneur de nous proposer une telle alternative. Mais, c’est aussi un risque. Deuxième problème en effet, le film n’assume pas totalement son postulat de départ, perdant ainsi en cohésion, ce qu’il gagne en incohérence. Là où L’exorciste (version 1973) de William Friedkin donnait à voir du fantastique assumé jusqu’au bout des cornes (ou presque) filmé dans le plus pur style réaliste façon documentaire pris sur le vif ; L’exorcisme d’Emily Rose propose quant à lui le contrat inverse, mais en plus « mélangé ». On  navigue donc en eaux troubles en attendant que le réalisateur et le scénariste se mettent d’accord entre eux. En vain !
Et lorsque l’entreprise générale tourne à la manipulation puis à la récupération, on passe de la frustration à l’exaspération. Du prosélytisme lourdingue qui fait dans la bondieuserie bon marché si typiquement américaine achève ainsi le film,  rendant l’entreprise risible dans le meilleur des cas, ou puante au pire. Une morale qui nous dit que si l’on parvient à convaincre les gens que le diable existe ; c’est bien la preuve que Dieu existe. Absurde et pervers.
L’exorcisme d’Emily Rose possède bien un atout dans sa manche en la personne de Jennifer Carpenter, interprétant  avec force et vigueur Emily Rose. Une performance impressionnante, facilitée par un physique évocateur en diable. On oublierait difficilement ce visage anguleux et magnétique s’il n’était pas relégué à ces scènes en flashbacks. Dommage !

A voir : pour les étudiants en droit à la limite
Le score presque objectif : 4/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : -3, un film sans âme et inhabité, un comble!