King Kong
King Kong
Sortie:
14/12/2005
Pays:
USA, Nouve
Genre:
Durée:
3h Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

King Kong

par: Sebastien Keromen



Deux ans après le dernier épisode du Seigneur des anneaux, Peter Jackson concrétise son rêve : King Kong revient à l’écran, avec toutes les technologies modernes. Nos attentes sont-elles comblées ?

King Kong
Titre original : King Kong
USA, Nouvelle-Zélande, 2005
Réalisateur
 : Peter Jackson
Acteurs : Noami Watts, Adrien Brody, Jack Black, Andy Serkis, Thomas Kretschmann, Jamie Bell
Musique de : James Newton Howard
Adapté du film de 1933
Durée : 3h

L’histoire
Pendant la dépression des années 1930, l’équipe de tournage de Carl Denham arrive sur une île mystérieuse pour y mettre en boîte un film. Mais peu de temps après leur arrivée, l’héroïne du film est enlevée par des indigènes et laissée en sacrifice à Kong, la créature qui vit de l’autre côté du grand mur…


La critique


En voilà un film qu’on attendait. Après son énorme trilogie, Peter Jackson a enfin pu assécher sa soif d’hommage au film qui lui a donné envie de faire du cinéma : King Kong. C’est également pratique, car si vous avez vu le vieux film (1933, quand même), et il y a de bonnes chances que ce soit le cas, vous avez déjà une idée si vous allez aimer la nouvelle version. Car, la technique à part, c’est tout de même assez semblable, et il faut être réceptif à une histoire assez simplette, qui ne délivre pas beaucoup de message (peut-être l’acceptation de la différence ? pas évident). Il vous faut donc être prêt à voir 3 heures de film dont l’histoire principale est un gros gorille qui se prend d’attachement pour une jolie blonde. Si, comme moi, vous trouvez que ça fait un peu court comme histoire, même en rajoutant quelques scènes d’action et courses poursuites, vous ne serez sans doute pas vraiment convaincu par le film. Si, par contre, l’histoire vous émeut au plus haut point, nul doute que ce nouveau King Kong vous comblera. Mais passons au détail.


S’il est un point où King Kong éclate (à part la tête de ses ennemis), c’est la technique.
S’il n’est pas parfaitement irréprochable, Kong est vraiment crédible à l’écran. Cette impression d’un objet intangible qui accompagnait parfois les images de synthèse d’autrefois est totalement absente : King Kong, c’est du solide. Et à part un plan où la Naomi Watts en image de synthèse qu’il secoue dans sa main ne fait pas réel, et quelques expressions faciales qui font trop humain imitant un singe (ce qui a été le vrai mode de création de ses expressions), on croirait presque que Kong est réel. Et les dinosaures, aussi. Et, cerise sur le gâteau, ces superbes effets ne sont pas réservés à quelques plans, et le film est particulièrement généreux en scènes à effets spéciaux, de quelques scènes tranquilles à de grandes scènes d’action. Aaah, les scènes d’action, parlons-en. Si elles ne sont finalement pas si nombreuses sur les 3 heures du film, elles contiennent des passages d’anthologie. À commencer par la baston entre Kong et des tyrannosaures, d’une falaise jusqu’aux lianes pendant dans un ravin, mandales et morsures non-stop, avec un rythme et une inventivité réjouissants. Ajoutez le troupeau de brontosaures emballés, et les aventures de Kong à New York, et vous aurez votre comptant d’action. On passera pudiquement sous silence la scène avec des tas d’insectes énormes et bizarres qui, si elle accentue le côté agressif de l’île, fait un peu tache, et est à la toute limite du ridicule (et du gore, on ne se refait pas).
Là où le bât blesse un peu, surtout si vous n’étiez pas dans de bonnes dispositions concernant l’histoire, ce sont les personnages. À part le cinéaste allumé et opportuniste joué avec bonheur par Jack Black, et le capitaine du bateau, interprété en finesse et charisme par Thomas Kretschmann (vu en militaire allemand dans Le Pianiste et en Nikopol dans Immortel (ad vitam)), les autres personnages sont assez transparents. Y compris le trio de tête, à savoir la jolie blonde transparente, le jeune écrivain timide transparent, et même le grand singe qui n’arrive pas vraiment à être attachant (d’un autre côté, j’aime pas vraiment les singes, peut-être que si vous les aimez, vous le trouverez attachant ?). Au final, on se passionne difficilement pour leur sort, ce qui rend cette histoire générale déjà mince tout à fait anecdotique. Si vous ajoutez la longueur du film, vous comprendrez qu’une demi-heure de moins n’aurait pas été de refus, même si, disons-le, on ne s’ennuie pas.


Un dernier mot sur le style du film et sa mise en scène.
Déplorons d’abord une musique que l’on qualifiera au mieux de quelconque. Howard Shore, débarqué sur le tard (ça fait bizarre parce qu’en plus on l’aperçoit dans le film), a laissé place à James Newton Howard qui n’a pas eu apparemment le temps de composer des mélodies dignes de ce nom. La mise en scène marche sur le fil qui sépare la virtuosité du tape-à-l’œil, en mordant régulièrement d’un côté ou de l’autre. A singe énorme, mise en scène excessive, difficile de critiquer. Peter Jackson a voulu tout y mettre, des scènes d’action, des scènes fleur bleue, un peu d’humour… Ça explique à la fois qu’on ne s’ennuie pas et que le film a du mal à trouver le ton juste. La luminosité appliquée au film lui donne un ton un peu vieillot, sans aucun doute voulu pour accentuer le lien avec son modèle muet. Ainsi, les couleurs semblent un peu délavées ou grisâtres, baignant le tout d’un sentiment d’irréalité et de nostalgie. Même les dinosaures reprennent une anatomie telle qu’on l’imaginait il y a quelques décennies plutôt que selon les dernières études (corps plus massifs, plus courts). Tout ça donne au film un beau cachet, épaulé par une reconstitution du début du siècle dernier (et oui, dernier) très crédible (non pas que j’y étais, mais ça ressemble bien aux autres films qui se passent à cette époque…). Au final, un film beau et bien fait, avec des scènes d’action haletantes et des effets spéciaux à la pointe, mais qui, selon les sensibilités, peut manquer d’émotion, et rester ainsi beau mais vide. À vous de voir selon vos goûts. Et n’oubliez pas : l’effet spécial le plus incroyable n’est pas à l’écran, il est dans les images du tournage, si on les compare à celles du Seigneur des anneaux : grâce à quelle technique informatique révolutionnaire Peter Jackson a-t-il perdu plus de 30 kilos ? Ça fait presque peur à voir.

A voir : pour les effets spéciaux, parce que c’est un film réussi
Le score presque objectif : 7,5/10, mais peut-être plus si vous aimez les singes en général et l’histoire de King Kong en particulier
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +2, mais ajoutez +1 si ça vous tente pour son histoire

Sébastien Keromen