Lord of war
Lord of war
Sortie:
04/01/2006
Pays:
Etats-Unis
Genre:
Durée:
2h2 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Lord of war

par: Arnaud Weil-Lancry

Produit grâce à des subventions européennes, Lord of war a été littéralement boudé par les Etats-Unis. Après le visionnage du dernier film du réalisateur de Gattaca, on comprend pourquoi… Avec un Nicolas Cage aussi sobre que dénué de toute morale…

L’histoire
Né en Ukraine, Yuri Orlov arrive aux Etats-Unis avec ses parents. Talentueux négociateur, rusé et ambitieux, il ne tarde pas à se faire une place importante dans le milieu des marchands d’armes…

La critique
 
Lord of war…
On peut l’affirmer sans ambages, Lord of war est une œuvre dérangeante au plus haut point. Son réalisateur, Andrew Niccol, y aborde un sujet difficile, le trafic d’armes, ou plutôt, le business des armes. Les ingénieuses affiches crées pour le film ne laissent la place à aucune surprise, si ce n’est de savoir si le réalisateur de Gattaca va nous livrer un documentaire à la Bowling for Columbine, ou un film à part entière… La seconde alternative est de mise, mais dotée d’une absence complète de morale, d’une liberté totale de couleur, d’une inhumanité intégrale de la part du si exubérant Nicolas Cage.

Une œuvre Entière…
Les premières images de Lord of War, d’un style effarant renvoyant au générique de Fight Club, nous rappellent à quel point ce réalisateur ingénieux est doué… Doué au point de servir un film presque parfait artistiquement parlant. Des images soignées, un style visuel à toute épreuve, des acteurs impeccablement dirigés… Nicolas Cage détonnant de maîtrise en comparaison de son registre habituel, incarné au paroxysme lors des premières minutes massacrantes de Snake’s Eyes. L’acteur américain nous incarne Yuri Orlov, un émigrant ukrainien se rendant rapidement compte que la fortune l’attend de manière bien plus évidente derrière un kalashnikov que derrière les fourneaux du restaurant de Papa. Et son business de marchand de mort devient en effet fructueux, calquant son évolution de la gloire à la déchéance de manière plus que prévisible.


La morale… Quelle morale ?
Ce n’est toutefois pas d’un scénario convenu que Lord of war tire toute sa force, mais dans son absence complète de moralité. Bien que la politique mondiale liée aux armes soit clairement condamnée, les remords et la conscience du Mal ne paraissent jamais habiter le cœur, comme le visage de Yuri Orlov. Les armes sont un business comme les autres… Mais jusqu’à quel point ? Comment donner une arme à feu à un enfant et se laver de la responsabilité qui en découle ? Sans vraiment répondre à ces questions, Andrew Niccol apporte des éléments de réflexion et de réponse volontairement parcellaires qui ne donnent qu’envie de hurler. Dans ce film réalisé d’une main de maître, la morale est à l’image du comportement de Yuri, si bien décrit par celui-ci au début du film : noir, blanc… gris. Pas étonnant d’avoir envie de vomir face au dénouement du film, mais aussi en réalisant que nous contribuons tous un peu à appuyer sur la gâchette. Pas étonnant que les Etats-Unis se soient à ce point braqués vis-à-vis de Lord of war. Toutefois, la conclusion dérangeante du film était-elle réellement la meilleure à adopter ? Je vous laisserai en juger par vous-même pour ne pas la dévoiler…

Le dernier film de Andrew Niccol est une œuvre réussie, mais n’atteignant pas la dimension bouleversante de Gattaca. De plus, Lord of war aurait pu être encore plus réussi doté d’une demi-heure supplémentaire.
Une réflexion de Yuri demeure ancrée dans mon esprit, et étrangement, cette ligne de dialogue est présente dans The Constant Gardener : « this is not our war ». Ce n’est pas notre guerre… Mais c’est de cette manière qu’on a laissé accomplir les plus grands massacres de l’Histoire.

Le score presque objectif : 8/10
Mon score perso (de -3 à +3): +1, Une œuvre à ne pas rater, ne serait-ce que pour Nicolas Cage