The Constant gardener
The Constant gardener
Sortie:
28/12/2005
Pays:
USA
Genre:
Durée:
2h10 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

The Constant gardener

par: Sebastien Keromen



Après La cité de Dieu, incroyable film sur les favelas de Rio, Fernando Meirelles nous surprend en adaptant un roman de John Le Carré. Bonne surprise ?

The Constant gardener
Titre original : The Constant gardener
USA, 2005
Réalisateur
 : Fernando Meirelles
Acteurs : Ralph Fiennes, Rachel Weisz, Danny Huston, Bill Nighy, Pete Postlethwaite, Hubert Koundé
Adapté du roman de John le Carré
Durée : 2h10

L’histoire
Justin et Tessa Quayle vivent au Kenya. Lui est diplomate, elle milite et s’occupe d’une affaire à laquelle elle ne veut pas mêler son mari. Mais quand elle est retrouvée morte, Justin part à la recherche de la vérité que cherchait sa femme.


La critique


Mélanger John le Carré (dont les adaptations précédentes, La Maison Russie ou The Tailor of Panama, n’avaient pas laissé un grand souvenir, si tant est qu’elles en aient laissé un) et ses espions avec le réalisateur de La Cité de Dieu, qui dépeignait avec réussite les favelas de Rio, semble a priori un pari intéressant. Sauf qu’au final, et pour couper court au suspense de cette critique, si le réalisateur a fait du bon boulot, le scénario ne vaut pas un kopeck. Mais procédons par ordre. Si Meirelles a laissé au placard ses effets d’arrêt sur image ou d’accélérations, c’est pour utiliser une mise en scène plus appropriée au sujet, avec fondu en blanc, caméra à l’épaule, et autres artifices du plus bel effet. Ajoutez une jolie photo, et vous obtiendrez une mise en scène qui se fait juste remarquer par moments pour sa qualité, et oublier le reste du temps. Impeccable. Le réalisateur n’a pas son pareil pour capturer l’émotion d’une scène, qu’il s’agisse de peur, de tristesse, d’érotisme ou d’action.
Un autre point excessivement réussi, c’est l’évocation de l’Afrique, du Kenya, plus précisément, où se passe une bonne partie du film. Meirelles arrive à trouver l’équilibre entre paysages et villages pauvres, entre nature et société, entre dépaysement et misérabilisme. On sent à la fois l’amour du réalisateur pour ce pays, et le talent pour dépeindre de façon ressemblante une société dans sa globalité et ses petits détails. On peut aussi dire un mot sur les acteurs, bien dans leurs rôles dans performance remarquable.


Arrivons donc à ce qui fâche : le scénario.
Je ne connais pas le livre, et ne pourrai donc pas vous dire si l’adaptation est fidèle. En tout cas, j’ai rarement vu un thriller avec aussi peu de suspense. Le film est divisé en deux parties, les recherches de Tessa (Rachel Weisz), en cachette de son mari, puis les recherches de Justin (Ralph Fiennes) pour retrouver ce que sa femme cherchait. Soit en gros deux fois la même recherche, pour un résultat assez semblable, avec juste pour Justin la tâche de trouver qui a fait tuer sa femme (je ne gâche aucune surprise, on apprend sa mort dès la troisième minute), ce que j’aurais pu lui dire juste en regardant la liste des personnages. Soit tout de même une deuxième heure où il ne se passe strictement rien de surprenant, alors que déjà la première heure n’était pas palpitante. La toute fin relève un peu le niveau, mais ça fait longtemps que c’est trop tard. L’histoire d’amour entre les époux, bien démarrée au début du film, est tout de même plombée par l’inconsistance du personnage du mari (dont on se demande bien en quoi le métier de diplomate l’occupait, puisqu’on ne le voit que jardiner…). Sa recherche de sa femme, à travers ce qu’elle cherchait et qu’elle lui avait caché, pendant la deuxième moitié du film, ne change pas grand chose, à part donner un peu d’action à jouer à Ralph Fiennes. Même s’il prend petit à petit fait et cause pour ce que sa femme défendait, ça fait tellement cliché que ça ne nous touche pas.
Un dernier mot, sur le sujet " dénoncé " par le film : les méthodes des sociétés pharmaceutiques et leur pouvoir. S’il semble très probable que de telles pratiques aient malheureusement lieu, le film n’appuie son propos sur rien d’avéré. Pas de petit texte explicatif au début ou à la fin, qui indiquerait que les événements s’appuieraient sur je-ne-sais quelle étude, ou que telle association assure qu’il se passe tel truc… Le film nous laisse dans le flou le plus complet sur le côté réel ou fictif de toute cette histoire, ce qui est bien dommage, tant on aurait bien besoin de séparer le réel de l’invention… Au final, une très belle carte postale (dépaysante mais réaliste, pas idyllique) du Kenya, avec une histoire poussive et ennuyeuse, à la portée impossible à mesurer. Copie à revoir…

A voir : pour l’Afrique
Le score presque objectif : 6,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +/- 0, si vous n’êtes pas trop difficile sur le scénario, ça peut aller, sinon…

Sébastien Keromen