La génétique inspire de plus en plus le cinéma, phénomène largement amplifié depuis le décryptage du génome humain en 2001. Un sujet à la mode donc, qui a déjà donné lieu à d’honnêtes réussites. Animal est-il un digne successeur au Gattaca d’Andrew Niccol ?
L’histoire
Un jeune généticien a trouvé le moyen d’éradiquer les pulsions violentes en agissant directement sur l’ADN humain. Un redoutable serial killer est choisi comme cobaye…
La critique
Deux cobayes pour le prix d’un
Les scénaristes qui franchissent le pas de la réalisation donnent souvent l’impression de pêcher par excès de prudence ou manque d’ambition. Avec Animal, l’impression est précisément celle-ci. Difficile en effet de savoir où Roselyne Bosch veut exactement nous emmener. On devine assez vite que la génétique et les questions éthiques qu’elle soulève ne seront pas au centre du récit. D’emblée les manipulations génétiques nous sont présentées comme un principe admis et à admettre. C’est dans la première confrontation avec ce serial killer, interprété et plombé par un cabot de première (Diogo Infante ?), que la grande idée du film se dévoile alors. La dualité de l’homme. Le bien et le mal. Le ying et le yang. Le chaud et le froid. Le blanc et le noir. Le plus et le moins. On pourrait continuer des lignes entières comme ça. Et si mon propos est délibérément réducteur, c’est que le film se délite de lui-même en visant bas et pas très juste en plus. Grâce aux manipulations génétiques du jeune chercheur Thomas, il serait possible de canaliser voire de réprimer toute agressivité. Pour le vérifier, un tueur superstar semble le parfait cobaye. Un second cobaye est nécessaire pour affiner ces résultats, ce sera le chercheur lui-même. Le premier est méchant comme un loup, le second est doux comme un agneau. L’issue d’une telle expérience est assez facile à deviner, le film se profilant déjà comme un croisement entre le mythe du Docteur Jekyll et Mister Hyde et Orange Mécanique. Hélas, ce croisement ne sera pas à la hauteur des espérances suscitées.
Non, je n’ai pas changé
Le scénario multiplie ainsi les clichés, comme ce final où le serial killer à peine échappé de sa prison haute sécurité trouve refuge dans une fête foraine. Incroyable cette propension des tueurs en fuite à fréquenter les fêtes foraines un soir de cavale ! On ne pourra pas enlever aux acteurs d’y croire, eux. Mention spéciale à Diogo Infante, encore lui, illustre inconnu, et qui entend bien le rester, interprétant avec une conviction qui force le respect ce tueur en série improbable. Or, le sujet semblait tout trouvé pour Roselyne Bosch, l’ambivalence professionnelle de la scénariste trouvait un écho favorable avec cette idée de dualité. Aussi bien capable d’écrire 1492 : Christophe Colomb de Ridley Scott que de commettre le cuisant Bimboland d’Ariel Zeitoun qui souffrait déjà d’un excès de clichés et de stéréotypes, la scénariste persiste et signe donc avec Animal.
Des ambitions trop grandes
On nous présente Animal comme un thriller futuriste psychologique et philosophique, que certains n’hésitent pas à qualifier d’haletant. Pour le côté futuriste, Philip K Dick et Isaac Asimov sont à oublier très vite, car ici point de voitures volantes ni de robots belliqueux. Juste une hypothèse scientifique mise en application dans un avenir très proche, à peine rendu crédible par une décoration très arty et des constructions dans le plus pur style post-moderne (de vrais bâtiments en l’occurrence). Les férus d’architecture apprécieront sans doute. Pour le côté philosophique, on reste encore sur sa faim. L’homme face à la toute puissance de la science, doit-elle à tout prix changer ce que la nature a produit, le meilleur comme le pire ? Vaste question, complètement zappée dans Animal. Le film fait bien référence à la question de notre héritage commun, et de ce qu’il nous reste de nature humaine, par l’intermédiaire du loup. Comme en référence maladroite à la célèbre phrase de Hobbes devenue cliché à trop la citer « l’homme est un loup pour l’homme ».
A voir : un thriller minimaliste qui fait le minimum syndical
Le score presque objectif : 5/10, rien de transcendant, pas totalement raté, mais tout simplement très moyen, donc la moyenne quand même
Mon conseil perso (de -3 à +3) : 0, balle au centre et joker, voyez vous-même