Pour son premier long-métrage, l’extravagante Isabelle Mergault nous livre un petit film discret et touchant. Michel Blanc y incarne Aymé, un brave paysan à la recherche de la femme parfaite… Je vous trouve très beau, ou un conte de grenouille version paysanne…
L’histoire
Aymé Pigrenet, un paysan, perd sa femme de manière aussi brutale qu’inattendue. Désespéré par le rude labeur qui l’attend à la ferme, il se met à la recherche de la conjointe parfaite…
La critique
Je ne vous trouve pas beau… Génération quinqua…
Après Je ne suis pas là pour être aimé, Je vous trouve très beau reprend le flambeau de cette génération quinquagénaire en mal de vie et d’amour… une génération lasse, fatiguée et exténuée, à l’issue d’une vie peu apte à répondre aux promesses d’une révolution post soixante huitarde dépassée et démodée. Après Patrick Chesnais, Michel Blanc nous balance sa tronche tout autant blasée et désespérée, celle de Aymé Pigrenet, un brave paysan paniqué par le décès de sa femme. Une panique non pas provoquée par la perte de l’être aimé, mais par le futur effrayant labeur qui l’attend à sa ferme. Quelle solution pour ce laboureur digne des émissions de Jean-Luc Delarue ou de Sans aucun doute ? Partir en quête de la moitié parfaite. Sauf que cette dernière sera dotée d’un délicieux accent exotique, arrivant en fait directement de cette charmante contrée qu’est la Roumanie.
Bacri, Chesnais, et Blanc…
Derrière ces trois tronches du cinéma français, trois films d’une même teneur et d’une même couleur : Le goût des autres, Je ne suis pas là pour être aimé, et Je vous trouve très beau. Le premier film d’Isabelle Mergault poursuit à sa manière cette peinture d’Hommes. Michel Blanc en est le parfait spécimen : bourru, bourrin, jaloux, angoissé, matérialiste… Face à lui, la ravissante Medeea Marinescu, stupéfiante de vérité. Là où Je vous trouve très beau nous entraîne sur une piste prévisible et banale, cette jeune révélation est toujours présente pour nous rappeler à quel point la Femme est magnifique et qu’elle est le point d’ancrage de l’Homme. Elena, son personnage, symbolise parfaitement l’antithèse de Aymé : elle communique, lui non… elle est belle, lui, laid… elle a tout pour plaire, lui rien du tout… Et c’est justement par ce couple si incroyablement (des)uni, que le film en devient si touchant. Les séquences et dialogues sont simples mais justes et touchants, prouvant bien qu’Isabelle Mergault a très judicieusement trouvé le ton adéquat. Ses personnages sont à l’image de son film : des gens quelconques, mais honnêtes, et sincères… qui finissent inévitablement par émouvoir de par leur simplicité et leur naturel.
Loin de sonner faux dans ce petit concert si harmonieux, le personnage de Michel Blanc est lui aussi criant de vérité. Ce brave paysan bouffi et hagard est extrêmement émouvant à travers sa peur d’autrui mais surtout dans son incapacité complète à communiquer. Heureusement, sa vibrante sincérité sera finalement payée en retour.
Bien sûr, tout n’est pas parfait. Si quelques longueurs et clichés persistent, c’est rarement au détriment d’un ensemble harmonieux et judicieux. Pour son premier film, Isabelle Mergault nous sert un petit film discret et modeste mais qui a le mérite de demeurer entier et sincère.
Le score presque objectif : 7/10
Mon score perso (de -3 à +3): +1, un beau petit film touchant et agréable