Madame Henderson présente
Mrs. Henderson presents
Sortie:
11/01/2006
Pays:
Angleterre
Genre:
Durée:
1H45 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Madame Henderson présente

par: Geoffrey Morlet



Un film en costumes avec pour cadre le théâtre à Londres en 1937, ça n’est pas très excitant comme ça sur le papier. En réalité, Mrs. Henderson presents est une comédie rafraîchissante intelligente au ton résolument moderne. Et c’est Stephen Frears qui présente.

L’histoire
Madame Henderson est une veuve richissime, nouvellement propriétaire d’un théâtre désaffecté. Van Damm, avocat et juif, est engagé comme directeur artistique. Le spectacle peut alors commencer.…


La critique

Une comédie rythmée et pas hystérique
Bien souvent, les comédies, américaines ou françaises, se croient obligées de niveler par le bas pour contenter le plus grand nombre. Avec Madame Henderson présente, le genre se hisse au niveau des meilleures productions d’antan, à l’époque des comédies dites « classiques du cinéma hollywoodien ». Grinçantes, rythmées, sarcastiques, en un mot inspirées. Ce film est donc une réussite éclatante. Judi Dench, excellente, septuagénaire à la vie comme à l’écran, joue ici le rôle de Mrs Henderson. Ses rapports drolatiques et houleux avec Van Damm, interprété par Bob Hoskins aussi impeccable que sa comparse, sont l’occasion d’assister à des scènes irrésistibles. Comme celle où pendant les répétitions, les techniciens ainsi que Van Damm, doivent se déshabiller, à la demande des danseuses qui ne veulent pas assumer seules leur nudité ; Mrs. Henderson débarque ensuite, voit avec étonnement toute la troupe entièrement nue et se fend alors d’une phrase …..que je ne dévoilerai pas, mais qui je vous assure est  vraiment très drôle. Pour ça, il faudra aller voir le film ! Un teaser est un teaser…

Ce sein que je ne saurais voir
Stephen Frears a très bien su faire l’amalgame de la comédie de mœurs avec le film historique. A tel point qu’on se demande encore si le véritable sujet du film n’est pas plus celui du contexte historique, lorsque Londres subissait les bombardements allemands. Ainsi, sont faites de nombreuses références à la résistance contre l’oppresseur ; Churchill à plusieurs reprises, la Marseillaise également, chantée avec une certaine ardeur, le drapeau américain encore, et même notre Marianne nationale « guidant le peuple » par son sein révolutionnaire.
Et de seins, il en est justement question. Car, il ne faut pas se leurrer, Madame Henderson présente s’intéresse avant tout au monde du spectacle et à ses coulisses. En s’inspirant de l’authentique histoire de Mrs Henderson, le film évoque la libération des mœurs dans la société anglaise de l’époque. Alors qu’en France, dès les années 20, Joséphine Baker faisait se pâmer le tout Paris en devenant un sex symbol avant l’heure ; là, la simple évocation d’un sein (ou de toute autre partie évocatrice…) indispose fortement Lord Cromer, personnage chargé de la censure, mais qui sera très vite convaincu par les nombreux « atouts » du show.
Une pruderie excessive que ne connaissent décidément ni Mrs. Henderson ni Van Damm pour qui nudité ne rime qu’avec volupté et beauté.


Réussite à tous les étages
Stephen Frears livre, là, l’un de ses meilleurs films, le plus maîtrisé en tout cas. En tant que reconstitution historique, le film n’en fait pas trop. Les costumes et décors, aussi géniaux soient-ils (la costumière a tout de même habillé Leonardo Di Caprio sur Gangs of New York et The aviator), ne sont pas l’attrait principal. Mrs. Henderson presents (le titre original est à préférer, il évite le Madame « not so british ») évite l’écueil du sentimentalisme et du patriotisme qu’un tel sujet pouvait laisser présager. En apportant son ton résolument moderne, le réalisateur de My Beautiful Laundrette réinvente à sa manière le film en costumes. Rien avoir avec le fait que les filles y soient dévêtues (en plus j’avais même pas remarqué !), mais plutôt en évitant intelligemment de faire pompeux et respectueux, c'est-à-dire chiant. Ce qui est non négligeable tout de même, faisant du même coup de Mrs. Henderson presents un film à la fois brillant et pétillant.


A voir : un ravissement pour les yeux et les oreilles
Le score presque objectif : 8,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, c’est du tout bon, et comble de l’ironie ça met un sérieux coup de vieux aux comédies actuelles