Toute la beauté du monde
Sortie:
08/02/2006
Pays:
France
Genre:
Durée:
1h45 Min
Réalisateur(s):
Acteurs:

Toute la beauté du monde

par: Sebastien Keromen



Après Le Cœur des hommes, Marc Esposito retrouve Marc Lavoine, Zoé Félix et Jean-Pierre Darroussin dans des paysages de rêve, à Bali, pour une romance optimiste, et toute la beauté du monde

Toute la beauté du monde
France, 2006
Réalisateur
 : Marc Esposito
Acteurs : Marc Lavoine, Zoé Félix, Jean-Pierre Darroussin, Albane Duterc, Pierre-Oliver Mornas
Musique de : Béatrice Thiriet
Adapté du livre de Marc Esposito
Durée : 1h45

L’histoire
Tina a perdu son mari depuis 8 mois. Inconsolable, elle se laisse convaincre par ses frères de faire un voyage pour tenter d’oublier et de tourner la page. Franck connaît Bali comme sa poche, et va servir de guide à Tina. Franck est tombé amoureux de Tina la première fois qu’il l’a vue. Mais comment Tina pourrait-elle l’aimer ?


La critique


Voilà un titre ambitieux. Une fois qu’on a annoncé la couleur comme ça, faut délivrer la marchandise. Alors on veut : des beaux paysages, de la belle musique, des beaux acteurs, et une belle histoire. T’as ça en stock, monsieur Esposito ? Et vous savez quoi ? Oui, il a ça en stock. Sans être une comédie romantique (plutôt presque une tragédie romantique), Toute la beauté du monde va vous faire passer une heure trois quarts de toute beauté.
Ce qui frappe d’abord, longtemps et fortement, ce sont les paysages. Bali comme vous ne l’avez jamais vu (et comme vous ne le verrez sans doute jamais). Si l’image et le cadrage n’atteignent pas les sommets du Secret de Brokeback mountain ou de la Ligne rouge, certains paysages sont beaux à donner des frissons. Les autres sont juste superbes. Même les plans de Provence, dans le dernier tiers du film, respirent la beauté et le bonheur de vivre. Bien sûr, il faut obligatoirement profiter de ces paysages sur grand écran, sous peine de n’en avoir que les cartes postales sur votre télé…


Les acteurs sont formidables. Et beaux.
Zoé Félix, tout d’abord, dont le sourire ferait tomber amoureux tous les hommes (et peut-être même plus) dans un rayon de 100 mètres. Jouant de son charme et de son talent, elle compose une Tina à fleur de peau, soufflant le chaud et le froid, mais toujours parfaitement crédible et logique avec le personnage. Pour Marc Lavoine, c’est un peu plus dur. Parce qu’il a un phrasé assez spécial, qui peut sonner faux (comme par exemple Arletty, Brigitte Bardot ou Fanny Ardant), desservi au début du film par du texte pas très naturel. Heureusement on s’habitue très vite, mais espérons que personne n’a décroché tout de suite. Une fois habitué, on peut apprécier son personnage tout en optimisme, charme et abnégation. On peut ajouter que leur couple semble instantanément crédible, et leurs personnages faits l’un pour l’autre, ce qui est indispensable, tant certains films sont plombés par des couples qui ne fonctionnent pas.
Les acteurs sont formidables. Les seconds rôles aussi et surtout. C’est toujours un peu plus facile d’être un second rôle qu’un premier, mais ça n’enlève rien à la performance des seconds rôles ici. D’abord Jean-Pierre Darroussin, dont vraiment-y-a-t-il-encore-besoin-de-rappeler-à-quel-point-il-est-formidable ? Ici, comme toujours, il ne déçoit pas. Sa femme dans le film, Albane Duterc, petite nouvelle venue du théâtre, est l’incarnation ultime du naturel et de la gentillesse, et les deux forment un couple que l’on adorerait avoir à dîner. Pour finir, le frère de l’héroïne, joué par Pierre-Oliver Mornas, que je ne connaissais pas, que vous ne connaissez pas (sauf si vous êtes de sa famille ou de ses amis), mais qui est également épatant. Tous épatants, un vrai bonheur.
La musique tient quasiment un rôle à part entière. D’abord parce que certaines chansons tiennent vraiment un rôle dans le film (les personnages en parlent, se les font écouter…), mais aussi parce que peu (peut-être un peu trop peu) de moments du film se passent sans musique. Chansons tout à fait adaptées, musique originale enchanteresse, pour quelqu’un comme moi qui attache beaucoup d’importance à la bande son d’un film, c’est un délice. Bon, ben, il est où le CD ? Ce serait pas une bonne idée de le sortir à la vente ? Moi je dis ça comme ça… et parce que je l’achèterais bien !


Finissons par l’histoire, qui est peut-être le seul point qui ne plaira pas à tout le monde.
Si dans son ensemble elle est très bien écrite, elle adopte tout de même, et volontairement, un point de vue un peu naïf, un peu optimiste contre vents et marées. Des esprits cyniques ne manqueront pas de la trouver simpliste, et je les prierais dans ce cas d’aller lire une autre critique plus en accord avec leur sensibilité. Mais il n’en reste pas moins qu’on peut ne pas adhérer à cet espoir trop innocent du bonheur, et au personnage de Marc Lavoine, presque un peu autiste, à force de sourire béat et d’espérance en l’avenir. Si tant est qu’on ait accroché, le déroulement est un bonheur de rapports humains, de confrontations de personnalités, de reconstruction personnelle. Sans oublier des dialogues qui, à part quelques répliques trop écrites, font mouche souvent et rire parfois.
Si vous avez accroché à l’histoire, Toute la beauté du monde est un film qui vous rendra heureux. Heureux d’avoir vu de beaux paysages et de s’y être senti presque chez soi. Heureux d’avoir suivi une belle histoire. Heureux d’avoir partagé presque deux heures avec des personnages attachants. Heureux d’avoir plein de belle musique dans les oreilles. Heureux d’être heureux. Et tout ça pour le prix d’une place de cinéma (et à tarif réduit, ça marche aussi) !

A voir : pour un beau film, dans tous les sens du terme
Le score presque objectif : 8,5/10
Mon conseil perso (de -3 à +3) : +3, si vous vous sentez l’âme naïve et optimiste, courez-y !